C’est ce 15 mai qu’entrent en vigueur de nouvelles conditions d’utilisation de WhatsApp. Alors que sa politique de confidentialité suscite les critiques, notamment en Europe ou en Afrique du Sud, les utilisateurs qui refuseront ces nouvelles règles subiront une version dégradée de la messagerie.

de nouvelles conditions d’utilisation de WhatsApp. Alors que sa politique de confidentialité suscite les critiques, notamment en Europe ou en Afrique du Sud, les utilisateurs qui refuseront ces nouvelles règles subiront une version dégradée de la messagerie.

Ce qui interpelle le plus des utilisateurs de WhatsApp c’est le partage des données avec Facebook. L’annonce dans ce sens a fait l’effet d’une bombe en janvier. Parmi les deux milliards d’utilisateurs que revendique WhatsApp dans le monde, nombreux ont été ceux qui, ne voulant pas accepter la règle sur le partage d’informations avec Facebook, sa maison mère, ont choisi d’aller vers les messageries concurrentes, Signal ou Telegram.

C’est déjà partagé sans que l’on vous l’ait dit

Pourtant, il y a belle lurette que WhatsApp partage des données avec le réseau social. Plus précisément, depuis la mise à jour de 2016. C’est à cette époque que Facebook, qui avait racheté l’application en 2014, a commencé à partager le numéro de téléphone ou les adresses IP, mais aussi d’autres éléments de connexion. Mais si, jusqu’à présent, les utilisateurs pouvaient refuser ce transfert de données, ils ne pourront plus le faire à partir de maintenant. Cette option purement et simplement disparaîtra.

Mais pourquoi cette mise à jour ?

WhatsApp assure que ce changement permettra aux utilisateurs de communiquer avec des entreprises dans le cadre des services commerciaux et que celles-ci auront à leur disposition l’hébergement chez Facebook pour faire transiter et stocker les conversations avec leurs clients. Le groupe précise au passage que les conversations resteront chiffrées : le réseau social ne pourra donc pas lire les messages WhatsApp. La confidentialité des échanges avec amis et famille resterait intacte. En revanche, les informations et les messages envoyés explicitement à des entreprises dans le cadre de conversations commerciales pourront être exploités en interne par ces sociétés. Ces données pourront aussi être traitées par leurs services clients.

Et si je refuse ?

Bien sûr, il est possible de ne pas accepter cette nouvelle politique de confidentialité. Toutefois, en cas de refus l’application deviendra avec le temps obsolète. Il ne sera plus possible d’accéder à sa liste de discussion. On pourra seulement répondre aux messages entrants. Et au bout de quelques semaines, même ce service réduit ne sera plus accessible. Pas de notifications, pas d’appels, pas de messages. Votre appli deviendra inutilisable. Avec cela votre compte WhatsApp ne sera pas supprimé, mais restera inutilisable. Il vous sera toujours possible de revenir sur votre décision… à condition que vous acceptiez de nouvelles règles de jeu.

Hambourg dans le flou

Ces nouvelles conditions d’utilisation restent floues pour bon nombre de régulateurs. À commencer par les autorités allemandes, selon lesquelles les explications de WhatsApp sont incompréhensibles. L’Autorité de protection des données de Hambourg a pour cela ordonné le 11 mai à Facebook de suspendre durant trois mois l’utilisation des données que mettrait à sa disposition la messagerie. Selon le régulateur « cette décision vise à préserver les droits et libertés des millions d’utilisateurs qui donnent leur consentement aux conditions d’utilisation. » WhatsApp rétorque que cette ordonnance résulte de « l’incompréhension fondamentale » des nouvelles règles. La demande de suspension reste néanmoins valable pour trois mois. En attendant, l’autorité de Hambourg a soumis l’affaire au Comité européen de la protection des données, seul organe compétent au sein de l’Union européenne pour faire respecter les règles qui concernent les Vingt-Sept en la matière.

Suivez toute l’actualité internationale en téléchargeant l’application RFI

Johannesburg ira jusqu’au procès

Même préoccupation éthique en Afrique du Sud, dont le régulateur de l’information envisagerait carrément une action en justice contre le partage de données entre WhatsApp et Facebook. En mars, l’autorité sud-africaine avait jugé que la nouvelle politique de la maison mère et de sa filiale violait les lois du pays en matière de protection des informations personnelles. Une missive avait été envoyée à WhatsApp pour que la messagerie applique en Afrique du Sud la même règle que celle offerte à l’UE. WhatsApp a annoncé, en effet, que les nouvelles conditions ne seront utilisées en Europe que pour développer les fonctionnalités des comptes professionnels WhatsApp Business. Faute d’accord, les avocats sud-africains peaufinent leur dossier de litige.

Et si l’on se quittait ?

Il faut dire que des alternatives existent. Edward Snowden, le lanceur d’alerte sur les programmes de surveillance de masse américains et britanniques, a invité les déçus de WhatsApp à se tourner vers Signal. Cette messagerie chiffre, comme son concurrent, les conversations, mais ne collecte pas les noms des utilisateurs avec qui vous échangez. Votre liste de contacts, elle, n’est connue que de vous. Dans la très populaire appli Telegram les messages ne sont pas codés, mais pouvez toujours activer l’option « secret chat » pour avoir le même résultat. D’autres acteurs n’attendent que vous pour offrir leurs services : l’appli de messagerie instantanée chiffrée de bout en bout développée par la société suisse Threema ou encore la française Olvid, disponible sur Android et iOS.

Rfi