Hadja Mafory Bangoura nait vers 1910 à Wonkifong, près du littoral à l’ouest de l’actuelle Guinée qui fait alors partie de l’Afrique-Occidentale française. Elle est issue du peuple soussou, vivant traditionnellement de l’agriculture, et grandit au sein d’une famille pratiquant la pêche.
Mafory s’installe à Conakry où elle se marie et met au monde trois enfants. Pour subvenir à leurs besoins, elle qui vient d’un milieu modeste, elle pêche et travaille comme couturière.
La grève générale de 1953
Depuis 1901, la Guinée fait partie de l’Afrique-Occidentale française (AOF), comprenant huit colonies françaises en Afrique et réunissant la Mauritanie, le Sénégal, l’actuel Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, l’actuel Burkina Faso, le Togo et l’actuel Bénin. Comme beaucoup, Mafory Bangoura soutient l’indépendance de la Guinée.
En 1953, le militant et homme politique Ahmed Sékou Touré lance un mouvement de grève à grande échelle dans plusieurs colonies françaises afin de faire pression sur le gouvernement français pour qu’il vote le Code du Travail Outre-mer. En Guinée, la grève dure 72 jours et Mafory y participe activement, haranguant la foule, mobilisant les femmes et aidant à propager le mouvement.
Le Rassemblement démocratique africain
Après le succès de la grève et la signature d’un accord, Mafory Bangoura prend la présidence du comité des femmes du Rassemblement démocratique africain (RDA), une fédération de partis politiques anticolonialistes de l’ensemble des colonies de l’AOF. En 1954, lors d’un rassemblement du RDA, Mafory pousse les femmes à faire pression sur leurs maris pour qu’ils rejoignent le parti, à faire la grève du sexe voire à les quitter s’ils s’y refusent. Entièrement dévouée à la cause de l’indépendance de la Guinée, elle invite également ses camarades à vendre leurs bijoux et objets de valeur pour financer le parti. Les heurts entre les autorités coloniales et les militant·es pour l’indépendance se multiplient et Mafory crée une milice populaire de femmes et s’emploie à les former au maniement des armes. A la tête de la Croix-Rouge de Conakry, elle recueille et soigne chez elle ceux qui sont blessés lors des manifestations.
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