L’ancien bâtonnier du barreau guinéen, Me Mohamed Traoré fonde ses arguments suite à l’adoption par l’Union africaine de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Qui, à l’en croire, condamne de façon formelle, la prise du pouvoir par les moyens anticonstitutionnels : « parmi ces moyens, figure le coup d’Etat », a précisé Me Traoré.
Revenant ainsi sur la situation qui a, amené ce débat à la place publique : la prise du pouvoir par l’armée malienne. L’avocat a indiqué que les hommes en treilles au pays l’artiste Salif Kéïta aurait poussé le président de la République Ibrahima Boubacar Kéïta à la démission. « Il s’agit d’une démission forcée », assure-t-il.
Mais cela n’enlève pas, a-t-il poursuit, à cette situation de coup d’Etat. « Lorsqu’on est démocrate, on ne peut encourager un coup d’Etat. Il  faudrait que le pouvoir se transmettre par les mécanismes démocratiques, sur des principes universellement reconnus de transmission du pouvoir. C’est pourquoi, on doit condamner un coup d’Etat, parce que c’est un recul ».
Avant de revenir sur l’échec des mécanismes continentaux. « On doit quand même se poser la question de savoir : pourquoi les coups d’Etat sont récurrents au Mali et ailleurs en Afrique ? Je pense qu’il y a une sorte d’échec de la part de l’Union africaine par rapport à cela.
Parce qu’il y a quelques années, l’Union africaine avait adopté la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui condamne de la façon formelle la prise du pouvoir par les moyens anticonstitutionnels. Et parmi ces moyens, figure le coup d’Etat. Donc qu’est-ce qui peut amener encore quelques années après l’adoption de cette Charte des coups d’Etat. Cela veut dire qu’en réalité, cette Charte n’a pas porté fruit », a-t-il fait remarquer.
Lequel, laisse entendre que condamner les coups d’Etat, que c’est une condamnation de principe. « Mais, je pense qu’il faut aller au-delà de la condamnation pour comprendre pourquoi encore une fois en 2020, il y a encore des coups d’Etat en Afrique ? », s’interroge l’homme de la blouse noire.
Pour lui, les citoyens doivent pouvoir trouver la réponse à cette question. « Je préfère laisser aux Maliens le soin de dire pourquoi un président de la République qui a été élu et réélu pour un deuxième mandat et qui a deux ans de son dernier mandat est renversé. Et que les Maliens applaudissent son renversement ? ».
Faut-il craindre un effet domino dans la sous-région ouest africaine, notamment en République de Côte d’Ivoire ou en Guinée? « Je pense qu’en Guinée, il ne faut pas s’attendre à ce que la situation au Mali puisse inspirer de quelque manière que ce soit l’armée guinéenne », a-t-il répondu.
Dans la même veine, il a souligné qu’un de ses amis lui aurait dit que
les coups d’Etat sont dans l’ADN de l’armée malienne. « En Guinée, c’est différent », a-t-il tranché. Il rappelle tout de même que le
pays d’Alpha Condé a aussi connu deux coups d’Etat militaire : « à la seule différence qu’en Guinée, on fait des coups d’Etat contre des cadavres. Donc pour ces raisons, je ne crois pas qu’il puisse y avoir un quelconque effet par rapport à la situation de la Guinée. Il faut peut-être craindre, le cas de la Côte d’Ivoire, où, quoi qu’on dise, c’est un pays encore fragile. Cela est consécutive à la grave crise postélectorale qu’on a connu à la suite de l’élection de monsieur Alhassane Ouattara ».
Alain Katom pour Billetdujour.com