Votre site d’informations Billetdujour.com a l’honneur de vous livrer la troisième et dernière partie de la longue interview que le PDG du Groupe B.C.E.P, Elhadj Moussa Sidibé, ancien ministre du Gouvernement de Lansana Condé a bien voulu l’accorder.  Lisez !
Billetdujour.com : Le climat est très tendu ces derniers temps, on constate des arrestations des opposants ?
Elhadj Mansa Moussa Sidibé : Cela m’énerve.
Comment ? C’est moi qui ai dit au président Lansana Conté d’aller présenter ses excuses aux malinkés. Parce qu’il avait dit : wo fatara (Vous avez bien fait en sousous, ndlr). Quand il était revenu de Lomé lors du complot. Après mon intervention, personne n’a parlé, c’était silence de mort. Ce jour-là, il y avait plus de 100 personnes dans la salle. Certains sont encore vivants.
Par la suite, le président Conté a demandé qui a quelque chose à dire?  Comme personne n’a réagi, il a dit que c’est bon et la séance est levée. Moi, je croyais qu’arriver à mon bureau, on allait tout de suite venir me ligoter. Je rassemblais mes documents.
Qu’est-ce qui s’est passé par la suite ?
Absolument rien, contre moi. Il a par contre constitué une délégation pour aller présenter des excuses aux malinkés. La présidente, c’était une malinké, Mme Oularé. Ensuite, dans le bureau politique national du Parti de l’unité et du progrès, PUP. Il y avait plein de malinkés, il n’y avait pas eu de problèmes.
C’est qu’en 1993, lorsque la proclamation a été faite, Lansana a été élu président, on s’est levé. Nous avons fait la liste des cadres malinkés qui était fonctionnaires et qui ont voté pour Alpha Condé. Nous avons dit au président Conté, il faut les licencier, parce qu’ils ont utilisé les matériels de l’Etat. Ils ont fait perdre l’Etat, ils se sont occupés du RPG. Il est parti avec la liste dans une chemise bleue. Quand on a fini la réunion, j’ai pris ma voiture, je l’ai suivi, en tant qu’inspecteur général du travail, je viens pour vous voir. C’est vous qui avez dit la Guinée deux partis politiques. Il a dit, Oui, mais vous avez dit que voulez mille partis.
J’ai dit restons dans le cadre des deux partis. Et dans le cadre des deux partis, vous admettez avec moi que tous les Guinéens se répartissent les deux partis, ceux qui veulent aller dans votre parti à vous, iront. Et ceux qui veulent aller dans l’autre sont également libre.
Est-ce que vous aurez raison de sanctionner ceux qui n’ont pas été dans votre camp ? Il a appelé son neveu qui a fait venir la valise, il a pris la chemise, il a déchiré là-bas sous nos yeux, il n’a pas licencié les 300 cadres malinkés.
Avec la situation actuelle que faut-il faire ?
Actuellement, le problème est compliqué. Il est compliqué en ce sens qu’il y a des destructions. Avant, il n’y avait pas de destructions, personne ne venait casser une voiture pour dire qu’il y a ceci ou cela. Il n’y a pas eu de destructions, maintenant, il y a des destructions. En Haute Guinée, les biens des peuls ont été détruits. A ce que nous savons, il n’y a pas eu d’interpellation de ce côté ?
Ne soyons pas pressé à mon avis. Parce que quand tu es dans un processus, tu es obligé de respecter les conditions de ce processus, si tu ne respectes pas tu échoues. Il y a eu des casses à Kankan. Je ne sais pas s’il y a eu beaucoup de morts. Mais ici, il y a eu des morts et des biens détruits aussi.
Ensemble voyons tout ça et essayons d’apporter les solutions. Moi , je crois que les solutions viendront.
Avant la proclamation des résultats de la présidentielle du dimanche, le vendredi toutes les mosquées de Guinée dans les conditions normales ont demandé à Dieu la paix et un chef capable de nous diriger. Les chrétiens le dimanche, on fait la même chose. Alors s’il est là, écoutons Dieu, ne soyons pas pressés. Ecoutons, ce que Dieu va en penser. Parce que Dieu est pour nous tous.
Pour certains, pour apaiser la tension, il fallait faire comme ce que
Ouattara a fait en Côte d’Ivoire : tendre la main à l’opposition. Qu’en pensez-vous ?
Moi j’aurai, même pas fait comme Ouattara.
-Comment vous allez faire ?
J’aurai appliqué la loi et qu’est-ce que la loi dit. Je n’allais pas partir au troisième mandat. On dit que ce n’est pas le troisième mandat, mais c’est le troisième mandat, moi je ne serais pas parti.
Moi, j’ai demandé aux gens de l’opposition, attention, calmons-nous.
Réfléchissons sur ce qu’on va faire. Honnêtement, je n’ai pas apprécié la déclaration de Dalein, parce que c’était trop vite fait. Il fallait, sachant que la loi existe et qui ne serait pas appliquée de faire attention. J’ai dit à Dalein plusieurs fois, attention, les consensus que tu as avec Alpha ne marchent pas. Alpha n’aime pas les consensus. Il a dit qu’est-ce que je peux ? J’ai dit en tout, ça ne marche pas et ça n’a pas marché. Bref, aujourd’hui Alpha est proclamé président. Déjà les institutions internationales le félicitent.
Donc respectons nos engagements, seul Dieu juge, celui qui sait où est la vérité et il fera tomber la vérité.
Interview réalisée par Tamoné & Kalan