À l’occasion de la tenue à Conakry du XIIIe FIED (Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques), dont il a présidé la cérémonie d’ouverture ainsi que le dîner de gala, le Premier ministre de la République de Guinée, Amadou Oury Bah, a accordé une audience à nos confrères d’AfricaPresse.Paris (APP) pour faire le point sur la situation politique et économique du pays. Entretien exclusif. Ci-dessous un extrait.

À l’inverse d’autre pays d’Afrique de l’Ouest, ayant aussi connu aussi des putschs militaires, la Guinée garde d’excellentes relations avec la France et ne s’est pas lancée dans une campagne anti-française comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger… N’est-ce pas la preuve que la Guinée a trouvé sa voie et montre l’exemple en voulant entretenir de bonnes relations avec tous les pays qui comptent à ses yeux ?

Amadou Oury BAH – Notre histoire est tragique et tourmentée. Mais la transition actuelle, dès le début, était l’expression d’une volonté de tirer les leçons du passé pour changer positivement. Et cela nous amène, en tant que Guinéens, à assumer de manière décomplexée notre souveraineté, en nous disant que l’objectif essentiel, ce sont les intérêts du pays : le développement économique, une meilleure gouvernance, la recherche de la stabilité, une coopération avec les pays qui comptent – chacun là où il est le plus performant – sans exclusive.

C’est comme cela que nous coopérons avec beaucoup de confiance avec les pays européens, dont la France, mais aussi avec la Chine avec laquelle nous entretenons des relations économiques importantes. Je rentre de Riyad, où nous avons affiché notre volonté d’avoir un partenariat stratégique avec l’Arabie Saoudite, et je serai la semaine prochaine en Éthiopie pour finaliser avec l’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le Développement industriel) un nouveau cadre en s’inspirant du modèle éthiopien.

Comme avec les pays de l’Asie du Sud-Est, nous souhaitons coopérer de manière ouverte avec chacun là où il est le plus performant. Car notre philosophie fondamentale en matière coopération internationale, c’est de toujours nous rappeler que nous sommes responsables de notre propre destin.

APP – Est-ce à dire que « l’Afrique de Papa, c’est terminé », comme avait lancé le Président Doumbouya devant l’Assemblée générale de l’ONU l’an dernier ?

Amadou Oury BAH – C’est clair. On change d’époque, on change de paradigmes et de perspectives. Même si ce n’est pas facile, car tout le monde ne prend pas en compte ce processus très profond de changement, mais les gens finiront par se rendre compte qu’un nouveau cap se dessine pour la Guinée et rejaillira je l’espère sur les autres pays africains pour qu’il y ait plus de stabilité et de cohésion entre nous.

Il y a un processus sociologique majeur. Il faut être en phase avec son temps. L’Afrique des années des indépendances, avec tout ce que les sociétés, les situations étatiques, les institutions ont vécu – surtout par rapport à la Guinée – nous amène aujourd’hui à nous projeter dans une nouvelle dimension.

Le cycle des indépendances des années soixante change pour un autre cycle que nous voulons co-construire avec un partenariat diversifié et décomplexé pour la recherche du développement économique et du bonheur de nos compatriotes.
De ce point de vue, la Guinée pourrait être – comme par le passé – un pays pionnier par rapport aux autres pays du Continent.

APP