Plus grand joueur argentin de tous les temps, Diego Maradona est décédé mercredi d’un arrêt cardiaque, selon la presse argentine. Il laisse l’image d’un génie malicieux rongé par la drogue et la gloire.
« J’ai deux rêves : disputer la Coupe du monde et la gagner », espérait le jeune Diego Maradona, interrogé par la télévision argentine alors qu’il n’avait que douze ans. Disparu à Buenos Aires alors qu’il venait de fêter son soixantième anniversaire et était entraîneur du Gimnasia la Plata, il les réalisera en 1986, au Mexique, lors d’un Mondial de haute volée. Avec l’Argentine, il sera décisif à dix reprises (cinq buts, cinq passes) en sept rencontres. Mais c’est surtout son match contre l’Angleterre, en quarts de finale, qui forgera sa légende.
Dans ce duel rendu bouillant par l’affrontement des deux pays aux Malouines, le malicieux Peluso marquera d’abord de la main (geste qu’il a qualifié de «Main de Dieu») avant de dribbler victorieusement toute l’équipe adverse. Ce but a été consacré comme le plus beau du XXe siècle par la FIFA en 2002. Tout simplement. Malgré un Mondial 1982 raté et une Coupe du monde 1990 perdue en finale et marquée par les sifflets italiens à son encontre, Diego Maradona (34 réalisations en 91 sélections) a aussi été élu meilleur joueur de l’histoire des Coupes du monde par le Times, devant Pelé et Beckenbauer.
Une icône à Naples
Idole argentine, Diego Maradona l’est également à Naples, qui l’avait transféré pour un montant record à l’époque (7,5 millions de dollars). Accueilli par 75 000 personnes au San Paolo lors de l’été 1984, il va vite s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs du monde. Entre 1987 et 1990, il est au sommet de son art. Il remporte le doublé Coupe-Championnat 1987, est sacré meilleur buteur de la Serie A 1988, gagne la Coupe de l’UEFA 1989 (avec une note de 10/10 de la Gazzetta en finale contre Stuttgart) puis encore un Scudetto en 1990.
Au Napoli, il trouvera plus d’amour qu’au Barça (1982-1984), où il a joué deux saisons et passé des moments contrastés : 38 buts en 58 matches et un titre de meilleur joueur de Liga, mais également onze mois sans compétition (hépatite, fracture d’une cheville, suspension). Il restera évidemment dans le coeur des fans du Séville FC (1992-1993), où il a été décisif vingt fois en trente matches de Liga et Copa del Rey. Mais c’est du côté de Boca Juniors et d’Argentinos Juniors qu’il faudra aussi se tourner pour revenir sur le génie qu’il était très (trop ?) tôt. Sous le maillot xeneize, il a explosé à l’âge de 21 ans en remportant le titre de champion. Une confirmation, déjà, pour celui qui avait été appelé en équipe d’Argentine à 16 ans seulement et avait débuté à 15 ans et 11 mois par un petit pont sur sa première action avec les pros d’Argentinos Juniors. Un club formateur qui l’a vu inscrire 115 buts en 166 rencontres. Tout cela lui a permis d’être sacré meilleur réalisateur du championnat argentin cinq fois de suite. Record inégalé.
Des frasques extra-sportives
Cette grande carrière a été jonchée de frasques sur les terrains et en dehors. Car, à l’inverse de l’autre idole argentine Lionel Messi, Diego Maradona était tout sauf « lisse ». En mars 1991, il a été contrôlé positif à la cocaïne après un match joué avec Naples contre Bari. Suspendu quinze mois, il est rentré en Argentine où il a écopé de 14 mois de prison avec sursis pour possession de drogue lors d’un contrôle de police quelques semaines plus tard. A 34 ans, il a encore été contrôlé positif, à plusieurs types d’éphédrine cette fois-ci, à l’occasion d’un Argentine-Nigeria du Mondial 1994.
Sa dépendance aux drogues a sûrement eu une influence sur son comportement violent au quotidien. Excédé par le marquage du Brésilien Batista, il lui a adressé un coup de pied dans le ventre et pris un rouge qui a tristement terminé son Mondial 1982.
Deux ans plus tard, avec le Barça, il déclenchera une bagarre générale suite à des gestes fous sur Sola et Goikoetxea. En fin de carrière, Maradona ne sera toujours pas calmé. Lassé par des journalistes en février 94, il les menace avec une carabine à air comprimé, ce qui lui vaudra deux ans de prison avec sursis.
Passée aux côtés d’hommes politiques sud-américains parfois controversés (Castro, Morales, Chavez…), sa retraite ne redorera pas son image. Poursuivi par le Fisc italien et les tests de paternité, il passera plus de temps en cure de désintoxication et d’amaigrissement ainsi que sur les plateaux de télévision qu’au bord des terrains où sa carrière d’entraîneur ne sera pas à la hauteur de celle du joueur (moins de deux cents matches au total avec notamment la sélection argentine, Al Wasl ou Gimnasia la Plata).
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