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Du 24 avril au 1er mai 2024, la ville de Bouaké a vibré au rythme des mots et des stratégies lors de la 8ème édition du Championnat africain de Scrabble francophone (CHAMPAS). L’équipe guinéenne, après six ans d’absence sur la scène internationale, a effectué un retour remarqué, portée par la détermination et l’esprit de compétition qui caractérisent les joueurs de cette nation.

Sous la direction du nouveau bureau de la Fédération Guinéenne de Scrabble, présidé par Mohamed Lamine Kaloko, la Guinée a non seulement participé mais aussi laissé son empreinte sur ce rendez-vous continental. Avec une préparation minutieuse et une sélection rigoureuse, l’équipe nationale, composée de dix joueurs, s’est lancée dans l’arène, prête à relever les défis. Dans cet entretien, le président de la Fédération Guinéenne de Scrabble Francophone (FGS) revient sur le parcours de l’équipe, les perspectives de la Fédération et l’appel lancé aux autorités. Bonne lecture !

Billetdujour.com : Pouvez-vous nous parler brièvement de cette participation ?

Mohamed Lamine Kaloko : Effectivement, nous avons participé au CHAMPAS 2024 après six ans d’absence. C’est pourquoi nous avons intégré cette participation de la Guinée à la 8ème édition du CHAMPAS dans notre Plan d’Action 2024-2025. Le préalable a été d’organiser le championnat national en mars 2024 afin de constituer une équipe nationale de dix joueurs. Par la suite, huit athlètes ont été retenus pour le CHAMPAS qui s’est déroulé en Côte d’Ivoire. Treize pays, dont la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso, le Niger, le Cameroun et le Congo, ont participé à cette édition. Je rappelle que notre pays s’est qualifié en décembre 2023, grâce à notre participation à des compétitions en ligne qui ont permis d’améliorer le score de la Guinée et de valider sa qualification. Nous avons suivi toutes les étapes fixées par la Confédération africaine de Scrabble francophone pour les conditions de participation. Sur 17, ce sont 13 pays qui ont validé leurs tickets, dont la Guinée.

Billetdujour.com : Que peut-on retenir de la performance de l’équipe guinéenne de Scrabble ?

La dernière participation de la Guinée au CHAMPAS remonte à 2018. Ce n’est qu’en 2024 que nous avons pris les dispositions nécessaires pour relever les défis, car la Guinée ne pouvait pas continuer d’être absente des grands rendez-vous. Avec les moyens à notre disposition, nous avons organisé le départ pour Bouaké. Toute la logistique a été préparée par le nouveau bureau de la FGS, dont je suis le président. En plus des compétiteurs, nous avons donné l’opportunité à deux compatriotes de suivre une formation en arbitrage international. Nous avons maintenant deux Guinéens certifiés comme arbitres internationaux en Scrabble, ce qui est une fierté pour nous. De plus, nous avons souhaité que la presse mette en avant nos actions. À cet effet, nous avons été accompagnés par deux membres de la presse de la RTG et du Quotidien national Horoya, que je félicite au passage.

Billetdujour.com : Après cette compétition, quel est le sentiment qui vous anime ?

C’est une grande fierté. Représenter son pays est une immense joie, surtout après six ans d’absence et surtout lorsque l’hymne national est chanté en votre honneur. Être classé parmi les trois premières nations, derrière la Côte d’Ivoire et le Cameroun, est un accomplissement significatif. Pour nous, l’objectif a été atteint à mi-parcours. L’objectif final sera de remporter cette compétition. Nous ambitionnons de l’organiser en Guinée dès que nous serons mieux organisés et plus performants. Comme vous le savez, les Guinéens aiment relever les défis. Les années à venir seront meilleures pour cette discipline. Je peux vous assurer que l’espoir de remporter des trophées est devenu plus grand. Nous avons des joueurs qui ont réussi à battre des champions d’Afrique et du monde lors du CHAMPAS 2024. Au nom de tous les membres de la Fédération nationale de Scrabble, je les remercie pour leur sacrifice. Qu’ils se souviennent toujours que c’est l’équipe qui gagne. Lorsque nous quittons le pays pour défendre les couleurs de la nation, on ne peut qu’être fiers. C’est ce sentiment de fierté qui nous est extrêmement cher.

Billetdujour.com : Quel est l’état actuel de la santé de l’équipe guinéenne de Scrabble ?

Depuis mon élection à la présidence de la Fédération Guinéenne de Scrabble (FGS), j’ai entrepris un état des lieux complet. J’ai commencé par recenser tous les clubs de Scrabble en Guinée, identifiant douze clubs à Conakry et trois dans d’autres régions (Kamsar, Fria et N’zérékoré). Ces clubs nous ont permis de comptabiliser près de 200 athlètes, amateurs et professionnels. Cependant, ces joueurs manquent de moyens pour concourir à l’international. Nous avons donc organisé un championnat national pour détecter les meilleurs talents.

En termes de logistique, les clubs disposent de leurs propres plateaux, mais il est reconnu que cette discipline nécessite également d’autres outils. En compétition, nous utilisons deux formules : la formule Classique, qui se joue avec un tirage aléatoire, et la formule Duplicate, qui assure à chaque joueur les mêmes chances en leur permettant de tirer les mêmes lettres et de jouer pour le maximum de points. Nous envisageons de renforcer les clubs de Conakry et de l’intérieur du pays en les équipant de plateaux et de logiciels adaptés. Le Scrabble a considérablement évolué ; nos joueurs doivent donc se perfectionner en Duplicate, mais ils manquent de ressources. La FGS s’efforce actuellement de fournir à chaque joueur les outils nécessaires pour exceller et, pourquoi pas, devenir parmi les meilleurs compétiteurs au monde.

Quelles sont les perspectives ?

Il est important de noter que, selon le calendrier des compétitions de Scrabble, après la Coupe d’Afrique qui s’est tenue en Côte d’Ivoire, la Coupe du monde est prévue en France en juillet, en parallèle des Jeux Olympiques à Paris. Nous aspirons à participer à cet événement mondial majeur. Nous prions pour obtenir les moyens nécessaires et le soutien des autorités pour représenter dignement notre pays. Les débuts sont difficiles, mais avec l’appui des autorités, nous aurons plus de satisfaction et l’espoir d’obtenir de bons résultats. Les entraînements se poursuivent et nous veillons à maintenir les joueurs en condition de compétition.

Outre l’aspect ludique, le Scrabble a une dimension pédagogique. Nous souhaitons promouvoir cette discipline dans les écoles pour former les futurs champions de Guinée. Cela aidera nos apprenants à enrichir leur culture générale et à améliorer leur maîtrise du français. Actuellement, nos Scrabbleurs ont moins de trente ans, mais lors de la dernière compétition, nous avons rencontré de jeunes champions de 20 et 21 ans. Pourquoi pas en Guinée ? Nous voulons former les jeunes pour, dans deux ou trois ans, compter parmi les meilleurs joueurs africains, voire mondiaux.

Nos ambitions sont grandes et nous lançons un appel aux autorités pour continuer à nous soutenir et donner plus de visibilité à notre pays.

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Interview realisée par Amadou Mouctar  Diallo