Contrairement aux autres jeunes leaders qui trainent pour s’imposer sur l’échiquier politique national, Amadou Mouctar Diallo, le président du Front uni pour le développement économique de la Guinée, FUDEG a déjà trouvé une place dans la société guinéenne. Cet entretien qu’il a bien voulu accorder à un de nos reporter montre une fois de plus la force du président du FUDEG d’appréhender les questions qui touchent la nation.  Lisez !

Quelle lecture faites-vous de la feuille de route présentée par le Premier ministre ?

Nous avons suivi la feuille de route qui se décline sur 5 axes, qui sont : La rectification constitutionnelle, le cadre macro-économique et financier, le cadre légal et la gouvernance, l’action sociale (emploi et employabilité), les infrastructures et l’assainissement.

Sur la rectification constitutionnelle, des grandes orientations ont été données. Ce sont : la mise en place du CNT, la rédaction de la constitution, la mise en place de l’organe chargé de la gestion des élections, l’établissement du fichier électoral et les différentes élections,… Tout cela est bon. Mais au niveau du FUDEG, nous voudrions que cette feuille de route sous-entendue par un plan d’action assortie d’un chronogramme précis pour qu’on puisse se projeter.  Parce que, nous estimons c’est à partir de ce moment qu’il serait possible d’apprécier le travail du CNRD dans le temps.

Vous savez, une transition a un début et une fin.  Il faut que les acteurs politiques que nous sommes puissent savoir le début et la fin du processus puis apprécier les différentes activités qu’on nous propose.

Selon vous qu’est-ce qui doit être les priorités du CNRD ?

La priorité des priorités, doit être tous les grands chantiers qui concernent le retour à l’ordre constitutionnel. Mais, tout ne doit pas se résumer aux élections.  N’oubliez pas qu’actuellement, nous avons plus de 50% des Guinéens qui vivent en dessous du seuil national de la pauvreté. 

Je rappelle, lorsque le Pr Alpha Condé arrivait au pouvoir, bien que la Guinée eût un taux d’inflation de 20%, mais il n y’avait que 30% de Guinéens qui étaient en dessous du seuil national de la pauvreté. C’est-à-dire moins de 1,1 Euro indexé au franc soit environ 13 mille francs guinéens.  Mais aujourd’hui avec la gouvernance caractérisée la gestion cavalière apocalyptiques du président Alpha Condé, nous avons près 6 millions de Guinéens qui n’ont pas deux repas par jours. Et, même en se sachant malade, ils ne peuvent pas se soigner. Est-ce que nous allons demander d’ajourner les mauvaises conditions en attendant qu’un président démocratiquement élu arrive au pouvoir pour améliorer le sort de ces Guinéens.  Je ne suis pas d’accord.

A mon avis, tous les chantiers concernant l’amélioration des conditions de vie des Guinéens peuvent se faire parallèlement à ce qui va être fait pour le processus au retour à l’ordre constitutionnel.

Votre parti, FUDEG est nouveau sur l’échiquier politique national.  Peut-on avoir une idée sur vos ambitions ?

Nous avons une âme politique qui est celui d’améliorer la gouvernance en mettant fin à l’impunité, la corruption, la gabegie financière, la délinquance économique mais aussi la lutte contre le rationnellement des crédits.

Ils sont nombreux parmi les économistes Guinéens qui interprètent mal cette situation que nous vivons. Ces derniers estiment que si nous sommes en difficulté pour faire émerger une nation économiquement forte, c’est parce qu’il y a la mal gouvernance.  Ils résument tout à la question de la mal gouvernance. C’est là qu’on n’est pas d’accord. Même si on estime qu’on ne pourra pas écarter la mal gouvernance d’une des causes de notre retard économique mais il y a le rationnellement du crédit. C’est le fait que le système bancaire guinéen ne favorise pas une inclusion financière pour permettre à des Guinéens d’accéder à des prêts avec des taux d’intérêts bas. 

Dans tous les pays du monde, vous verrez ceux qui ont réussi à émerger leurs nations pour les mettre au rang des pays économiquement forts, ce sont des Etats où la banque centrale a abaissé considérablement le taux directeur et les taux d’intérêt pratiqués par les banques dans l’octroi des crédits sont les plus bas. Ça veut dire qu’on ne peut pas aider une nation à se développer si on ne favorise pas la circulation de l’argent à travers des crédits à des taux d’intérêt bas.   Nous exhortons au CNRD de crée une banque nationale de développement où l’Etat sera le seul actionnaire et distribué des crédits à des taux d’intérêt nul sous forme de subvention.

Je signale que l’agriculteur américain reçoit 37 mille dollars de subvention par an. Tandis que l’Afrique de façon générale, les agriculteurs ne reçoivent pas de subvention. Un pays comme la Tanzanie, un agriculteur ne reçoit que 45 dollars. Ça veut dire l’agriculteur américain reçoit 820 fois de subvention que cet agriculteur Tanzanien.   

Alors qu’en termes de comparaison par exemple, un agriculteur américain produit en 1 heure 450 fois ce que le Sénégalais produit en une année.  Or, il n’a pas 450 fois des coûts de productions initiaux.

Si nous voulons que notre pays inverse la tendance, qu’il ne dépend plus du marché extérieur pour l’essentiel de ses produits de consommation, on doit soutenir les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs locaux.

Entretien réalisé par Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com