Ce dimanche, l’ancien président de la Cour d’Assises, Doura Chérif  est décédé à Conakry des suites de maladie. L’information est de la fille du défunt. 

Connu à travers le procès des gangs en 1995, Doura Chérif avait reussi  à faire des révélations sur la bande de Matthias qui avait semé la terreur dans la capitale Guinéenne Conakry.

A la retraite anticipée, il est redevenu avocat, Me Doura Cherif dans une interview qu’il accordée à nos confrères  d’africaguinee.com,  n’a pas manqué de souligner les avantages perdus  ces  dix années de règne du président Condé.

Le procès des gangs de 1995 a eu un grand retentissement en Guinée. Comment avez vous vécu l’après-procès?

Ça c’est une autre question encore plus complexe. Pour la petite histoire, ce procès je n’avais pas voulu qu’il soit médiatisé, mais cette médiatisation a peut-être amené les populations à découvrir les Hommes pas moi seul mais tous les membres de la cour à l’époque. Il s’agit du ministère public qui était tenu par mon frère Alphonse Aboly, les interprètes ont été connus, les avocats comme Me Boubacar SowSamuel Mc Carthy, le doyen Bangoura Kassory ont été connus. Il y a eu beaucoup d’admiration mais il y a eu aussi beaucoup d’ennemis, beaucoup de jalousie, je ne sais même pas comment qualifier tout ça.

Après le procès, j’étais obligé de quitter le système judiciaire, on m’avait fait quitter, parce que je crois que la haine des hommes s’était un peu cristallisée sur moi  à certains niveaux. Evidemment pas le peuple, le peuple lui a particulièrement apprécié le déroulement du procès, a  admiré et a respecté les magistrats qui ont  conduit le procès et qui ont rendu ces décisions. De l’autre côté il y a eu des cadres qui ont été vraiment jaloux, c’est le cas de certains ministres, des directeurs de ceci ou cela. Ce qui est tout à fait normal aussi, la vie des Hommes va ainsi. Donc, après le procès, j’étais au Canada à  une mission, lorsque j’ai  appris que je ne suis plus président de la Cour d’Appel. Je suis rentré au pays, j’ai passé le service à celui qui devait me remplacer  et je suis resté chez moi. Un jour c’est le président Lansana Conté qui m’appelle pour parler de tout cela, on s’est donné des explications. Un beau jour j’apprends que je suis nommé conseiller juridique à la présidence de la République, plus tard conseiller spécial chargé des relations avec les institutions républicaines. Je suis resté à la présidence pendant longtemps.

C’est à la deuxième prise du pouvoir par l’armée, c’est-dire le groupe de Dadis, on a estimé qu’il  fallait  que je retourne à la justice.Voilà comment je suis revenu dans les mêmes fonctions de premier président de la Cour d’Appel où j’ai tenu également le procès des narcotrafiquants. Après les élections de 2010, le départ du CNDD, ce sont de nouvelles autorités qui  viennent au pouvoir et un beau matin aussi un décret m’enlève de la cour d’appel (éclats de rire). Finalement on me met à la retraite.

Donc après le procès  qui a marqué l’histoire de la Guinée, au lieu que vous soyez grandis, c’est plutôt votre carrière qui a pris un coup. Vous l’estimez ainsi?

Evidemment je crois qu’on a touché à ma carrière, dans la mesure où des ministres n’ont pas supporté l’aura du juge. Pour être sincère c’est cela. Mais je suis parti tranquillement en pensant que ce débat n’était pas élevé, j’ai rendu le tablier j’ai quitté.

Synthèse de: Amirou  Kanté