Ladite localité a vu le jour au moment où les us et mœurs étaient à leurs apogées en pays Baga. Pour avoir cet espace, a-t-on appris, il fallait obtenir l’approbation du collège des sages de la communauté, cela pour éviter d’enfreindre les préceptes des dieux. Nonobstant ces dispositifs, Sion Tônkô, connu sous le nom de Mouctar a pris l’initiative de mettre en valeur cette partie du village de Dasèmè. Après eux, leurs héritiers, notamment le patriarche Fidel Sama ont entretenu cet ancien village où la terre est vraiment nourricière. Dassassa était un paradis sur terre : Bananes, haricots, mangues de tout genre, colas, oranges, citrons, cocos, maniocs, patates douces, ignames, piments, concombres, aubergines,… Il y avait tout, même le vin de raphia. Dans leur tendre enfance (Tamoné-Tôgnô-Sama…), c’est là que ces derniers commençaient à goutter le vin réservé à l’époque aux vieilles personnes. Si jadis, Dassassa était un paradis pour certains, aujourd’hui bien malheureusement, la plupart de cette troisième génération qui devait à son tour mettre en valeur cette terre est dominée par une ‘’oisiveté’’. La drogue, le sexe, le vol, … restent le quotidien. « Nous sommes fatigués. Je ne peux rien dire de Dassassa. Quand nous étions actifs, les gens me trouvaient là. Je montais des sillons de patates, de butes de maniocs ou de taros. Il faisait bon vivre, mais depuis que je suis fatigué et que je suis assis, je ne sais plus comment le village se présente », a déclaré le vieux Fidel Sama.
Sur la même lancée, il a fait remarquer que récemment lorsqu’il a demandé à un de ses neveux, que ce dernier l’aurait signifié que les sentiers qui menaient vers ledit village ont tendance à disparaître.
A ses dires, il aimait tellement Dassassa qu’il y passait toute la journée, surtout en période de mangues. « Je ramassais les mangues et je les préparais. Et, comme, je cultivais la patate, je pouvais aussi bouillir et je les mangeais là. Parfois, je remonte au village avec certaines bouilles pour la famille (rire). J’aimais vraiment l’endroit », confie-t-il.
Je pouvais rester longtemps et je ne pensais à rien. « Quand je reste-là, je voyais toute personne qui passait dans la zone. Par exemple vers le champ de Tonglotcha, mais aussi du côté de Diglop. Non, pour dire vrai, je me plaisais-là », insiste le patriarche.
Puis d’indiquer qu’il y a un endroit au niveau dudit village, lorsque qu’intrus est animé d’une mauvaise intention, ont pouvait y rester et l’observer sans qu’il ne se rende compte. « Si tu es à cet endroit, si quelqu’un vole, on pouvait le voir ».
Le nonagénaire de rappeler qu’auparavant qu’il y avait de gros arbres, comme des fromagers. « Mais quand Asékou Sayon ‘’islamiste’’ est arrivé, ils ont coupé lesdits arbres pour ne rien.» Le vieux Santon note de passage que ce dernier avait estimé que c’était sa force : « C’est loin de là. Il a trouvé que le Baga était lassé de certaines pratiques de sa coutume. Pour acquérir tout instrument médicinal, cultural, occulte… Il fallait suivre des étapes d’instruction. A l’image de l’armée moderne. Ce n’était pas donné à tout le monde », a-t-il fait savoir.
Le fouet pour évaluer l’endurance…
C’est le rituel d’Abol (dieu) seulement qu’on ne frappait pas, mais il fallait apporter une bonne quantité de vin pour le collège des sages. Contrairement aux rites du dieu d’Amantcho, tu auras par exemple à choisir, le nombre de coups de fouets. « Des jeunes gens se rivalisaient d’ardeur. Par exemple moi, je pouvais demander qu’on me frappe 10 coups et Eugène de Kamtchoblet demande qu’on le corrige à 11 coups. Le seul coup de fouet de plus, faisait de ce dernier un homme courageux plus que moi. Certains demandaient jusqu’à 20 : Amb’r, Ali Yôngoya…étaient de ceux-là. C’est dans la forêt sacrée, où ça se passait et après, ils remontent au village. Des cérémonies de réjouissance étaient organisées pour eux. Tu verras des plaies sur leurs dos, mais elles se cicatrisent vite. Ceux qui demandaient de petits nombre de coups : deux à trois, leurs plaies se cicatrisaient difficilement . Pourquoi ? Parce que le collège des sages les reprochait d’être fainéants, qu’ils manquent de courage». a-t-il expliqué. Il n’était donc pas exclu que ces derniers passent toute la saison hivernale à la recherche des remèdes pour guérir leurs plaies. « Pendant que les autres sont en train de bêcher », dit-il.
Le sage Baga de souligner que la couche féminine, elle avait aussi des rituels. « L’initiation d’Atèk’n, à Kataco par exemple, mais seulement, ces rites étaient uniquement réservés aux femmes qui ont procrée. Les autres, même si, elles ont avancé en âge, elles n’avaient pas le droit de participer », a-t-il précisé.
K. Konoumorô