Apparemment le ‘’fief’’ historique du chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, ne compte pas désamorcer sa colère face aux coupures intempestives de courant électrique dans la deuxième capitale de la Guinée (Kankan). Malgré des blessés et des arrestations de certains leaders du mouvement dénomméKankan-Les manifestations : « Electrifions la Haute Guinée », dans les échauffourées entre manifestants et les forces de l’ordre, les jeunes comptent toujours se faire entendre chaque lundi.
Méprisés par le pouvoir central, ces jeunes ont bravé toutes les interdictions pour exprimer leur ras-le-bol en cantonnant des slogans hostiles au régime en place et à l’EDG (Electricité de Guinée). Sur les pancartes, on pouvait lire « EDG zéro », « On veut du courant », « Nous voulons des barrages hydroélectriques en Guinée », « Pas de courant, pas de troisième mandat » etc.
Pour beaucoup d’observateurs, cette grogne populaire à Kankan tombe à un mauvais moment et à un mauvais endroit pour la réputation notamment du président Alpha Condé, qui reste encore flou sur sont projet de troisième mandat.
« Chaque parti politique décidera de son candidat le moment venu, et je suivrai la décision de mon parti. Il appartient au peuple de décider de son destin et personne ne l’empêchera. C’est la volonté du peuple qui restera », déclarait le numéro 1 guinéen lors d’une de ses sorties médiatiques malgré de multiples contestations des membres du front national pour la défense de la constitution (FNDC).
Pendant qu’Alpha Condé mène des manœuvres politiques pour draguer les deux régions qui ne sont pas acquises à sa cause (le Fouta Diallon et la Guinée forestière) par rapport à son projet de troisième mandat, de l’autre côté sa propre base continue de le lâcher en pleine mer sans sauvetage, ni boussole et ni aucun repère.
Récemment à Kankan, son bras droit à la présidence, considéré comme l’intouchable du régime a été hué et humilié par des jeunes en colère chez le Sotikèmo dans sa ville natale, Dr Mohamed Diané, Ministre d’Etat chargé de la Défense Nationale et des Affaires Présidentielles et le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Bourema Condé. Peut-on dire que le pouvoir d’Alpha Condé ne représente plus rien désormais même dans son propre fief traditionnel ?
Cette manifestation des partisans du président Condé a-t-elle un effet sur son agenda politique à quatre mois des élections présidentielles ? En tout cas, c’est un gros caillou dans la chaussure du chef de l’Etat. On se rappelle bien que ce sont ces types de contestation qui ont occasionné le départ de plusieurs chefs d’Etats africains.
On peut citer par exemple l’ancien président Tunisien Zien El Abi-dine Ben Ali est chassé par une révolte populaire déclenchée par l’immolation par le feu d’un marchand excédé par la pauvreté et les humiliations policières ; l’ancien président du Burkina Blaise Compaoré chassé par la foule suite à son entêtement de se maintenir au pouvoir ; l’ancien président du Soudan El Bechir chassé du pouvoir suite à la hausse du prix du pain etc… Peut-on dire que le président Alpha Condé est assis sur une chaise éjectable ?
Malgré des milliards de dollars investis dans le secteur de l’énergie par le gouvernement guinéen, le secteur a toujours du mal à faire sortir sa tête de l’eau. A quoi ces fonds colossaux ont-ils servi réellement ?
Lors d’une conférence de presse qu’il avait animée dans son département, l’ancien ministre de l’énergie et de l’hydraulique, Dr Cheick Taliby Sylla, avait affirmé haut et fort : « après la construction du barrage hydroélectrique de Kaleta, il n’y aura plus de coupure de courant à Conakry »
Considéré comme le plus contesté du gouvernement d’Alpha Condé ou le grand ‘’menteur’’ parmi les ministres, Cheick Talibé Sylla a bien failli sa mission. En plein crise de délestage de courant électrique, il déclare que « la Guinée serait désormais le quatrième pays exportateur d’énergie dans l’espace CEDEAO, après le Nigeria, la Côte-d’Ivoire et le Ghana. » Quelle contre vérité ?
De nos jours, de nombreuses familles sont endeuillées suite au court-circuit causé par le courant électrique. Des maisons et leurs contenus partent en fumée. A quand la fin de cette décente aux enfers pour les guinéens ?
Pendant ce temps, les habitants de la savane guinéenne continue d’être plongée dans le noir.
Moussa Traoré Journaliste et Analyste Politique