Le spectre de la guerre civile plane avec des assasinats ciblés et racistes.
La situation au Mali se dégrade, inexorablement. L’on glisse, peu à peu, sur le terrain de l’hystérie collective et des exécutions publiques et sommaires. Quelques heures après l’attaque de l’école de gendarmerie et de l’aéroport international Modibo Keita, on est tombé dans la sideration d’une confrontation ouverte entre les différentes factions d’une mosaïque de communautés, aussi diverses que complexes.
Les attaques violentes et inouïes de #Bamako qui ont endeuillé tous les maliens et ébranlé la junte au pouvoir, semblent être le prétexte ideal pour des esprits retors et des extrémistes, de tout poil, de réveiller les vieux démons et de jouer sur les instincts grégaires. Le pouvoir militaire qui a échoué lamentablement dans sa guerre frontale contre les groupes rebelles et les terrorristes dont il a dit vouloir faire une bouchée, du reste, tente de sauver la face en jouant sur la fibre communautaire et par une instrumentalisation à outrance des antagonismes identitaires.
Si le chef d’état major des armées a mis en garde contre les « amalgames » et les règlements de compte entre citoyens sous l’emprise des passions folles, dans les rues, c’est la loi du talion qui a cours contre de potentiels ennemis de la nation, jugés responsables de tous les malheurs qui arrivent.
Ainsi, le climat social devient lourd à cause de la chasse à l’homme menée sans discernement ni aucune lucidité. Bakaye Ag Ayad caporal de la garde nationale, touareg de la tribu idnan, qui circulait dans un quartier de Bamako a été encerclé, hier mardi 18 septembre, par une meute qui, après l’avoir frappé à sang, l’a brûlé vif. Deux autres jeunes, ont été lynchés et brûlés vifs devant le monument de l’Afrique à Faladié, parce qu’appartenant à la communauté peulh très exposée, en ce moment.
Toujours à faladié quartier où est située l’école de gendarmerie, des FAMA et Wagner au lieu de se battre pour contenir l’agression terroriste, ont fait du porte à porte pour interpeller, à tout-va, sur la base de délits de faciès. L’une des personnes interpellées, est un muezzin et aumônier de l’armée malienne qu’on peut voir sur une vidéo habillé en bleu, subir avec ses compagnons d’infortune des humiliations.
Un citoyen, d’obédience rasta, ci-devant nommé, Djo Balla, a appelé à contrôler le quartier sirakoros, où résident les « Sourakas » entendez par là les touaregs et arabes qui appartiennent à la rébellion et des peulhs aussi qui feraient partie des djihadistes. Il a explicitement exhorté à s’en prendre à ces citoyens de seconde zone .
La junte à laquelle les crimes semblent profiter en détournant l’attention de ses revers et multiples dérives, au mieux, subit la justice populaire, au pire, nourrit les pogroms prémédités et exécutés à ciel ouvert, sous son regard complaisant, avec une indifférence coupable de sa part.
Naturellement, en l’absence totale de l’Etat, démissionnaire et connivent, les citoyens menacés, surtout, les peulhs du Mali, jurent par tous les saints de se rendre justice et à leur tour menacent de mener des représailles conséquentes. Par le passé déjà, ils s’étaient organisés et mobilisés pour faire face à pareilles exactions et clament leur droit à la légitime défense. Ils assurent être Maliens au même titre que ceux qui voudraient les exclure de la communauté nationale et les exterminer. Armes, gourdins, poignards, frondes en main, ils promettent de se défendre contre leurs agresseurs, en particulier dans Bamako où ils sont traqués, qui qu’ils soient, d’où qu’ils viennent. Un vocal d’un citoyen peulh qui prétend s’adresser aux populations de Bamako au nom de sa communauté, rappelle à ces derniers qu’après les familles Niare et Toure, il faut compter les peulhs parmi les premiers autochtones de Bamako.
Source: Actualités Brûlantes du Sahel