Professeur d’éducation physique et actuellement cheffe de département à la Fédération guinéenne de football féminin, Mme Milimono Safiatou Kassory Bangoura, partage son parcours et sa vision de la réussite. Elle croit fermement que la réussite se forge au fil des années d’efforts et de sacrifices.
Le football féminin connaît un essor prometteur à Conakry et dans les villes de l’intérieur. Le championnat est en cours, avec une forte participation des équipes de la zone ouest A. Malheureusement, la Sierra Leone et le Liberia ne joueront pas la finale.
Mme Milimono insiste sur l’importance de sensibiliser les parents à l’implication des filles dans le football. Elle rappelle que les femmes peuvent également briller localement et accéder aux grands clubs européens, à l’instar de joueurs masculins tels que Serhou Guirassy, Moriba Guilavogui, Kylian Mbappé et Olmo. Tout cela nécessite un engagement soutenu.
Après le sport, on peut se lancer dans l’entrepreneuriat.Elle s’est inspirée de ses grandes sœurs et sa mère. Cette dernière, médecin de profession, a créé son entreprise dans l’agriculture et l’élevage à Coyah. Pourquoi pas elle ? Les parents sont souvent nos premières sources d’inspiration.
Fidèle à cette assertion, la responsable du football féminin guinéen confie être membre de la Fédération pour l’émancipation et l’autonomisation des femmes et des jeunes qui évolue dans la culture du manioc.
Quant à la SCODAA (Société Coopérative Ouvrière de Développement Agro-Alimentaire et Artisanale de Guinée) ou elle est aussi membre, notre interlocutrice fait savoir que la SCODAA est un projet centré sur le manioc. Et que, cette initiative, fondée sur l’économie sociale, vise à améliorer les conditions de vie des populations à la base. Le projet prévoit l’exploitation de plus de 5000 hectares sur l’ensemble du territoire national, avec une production annuelle de plus de 3000 tonnes de manioc. Ce manioc sera transformé en amidon, en farine de manioc, et commercialisé sous forme de produits semi-finis, destinés à l’alimentation humaine et animale.
La filière du manioc impactera financièrement 300 groupements, chacun composé de 30 personnes. Ces groupements produiront 10 hectares chacun, avec des rendements attendus de plus de 75 000 tonnes à transformer chaque année, par préfecture. Des unités de transformation du manioc en amidon, d’une capacité de 15 000 tonnes par an, seront installées dans chaque préfecture.
En outre, l’amidon sera également produit à partir de l’igname, de la pomme de terre et de la patate douce. Il est intéressant de noter que la production de pommes de terre en Guinée est étroitement liée à Mamou et à Labé. Enfin, la filière maïs, qui impactera financièrement 9000 personnes réparties dans 300 groupements de 30 personnes, pourrait permettre à la Guinée de réduire sa dépendance à l’importation de farine de blé, en proposant des alternatives locales.
Il est encourageant de voir que le projet SCODDA se développe malgré les obstacles. Les difficultés financières et les actes de sabotage sont des défis courants dans de tels projets, mais il semble que l’engagement des membres et le soutien des autorités contribuent à surmonter ces obstacles.
La garantie que SCODDA est différente réside dans sa gestion transparente et équitable, a-t-elle précisé.
Contrairement à d’autres initiatives, les investissements effectués par les membres leur appartiennent réellement. Par exemple, si vous possédez 10 hectares, chaque hectare vous donne droit à 250 tonnes de production. Lorsque vous vendez cette production, l’argent vous revient directement dans vos propres comptes. Il n’est pas détourné au profit d’individus spécifiques, comme ma soeur Mme Traoré Hadja Naye Diao N’Diaye ou madame Millimono. Cette approche vise à mettre fin aux détournements et à garantir que les bénéfices sont partagés équitablement entre les membres. L’objectif est que tous les membres puissent profiter des mêmes avantages. C’est une approche solide pour assurer la confiance et la pérennité du projet SCODDA.
Soulignant comment , elle parvient à concilier foyer et vie professionnelle, elle affirme que c’est une question d’organisation. Lorsque l’on planifie ses activités, le reste devient plus facile. Auparavant, je n’avais ni femme de ménage ni belle-fille. Mais parce que je tiens ma réussite à cœur, je m’organise. Par exemple, très tôt le matin, à 5 heures, je m’occupe des tâches ménagères et de la cuisine. Ensuite, je me prépare (…). À 7 heures, je pars travailler.
Actuellement, lorsque je suis très occupée, je partage certaines tâches avec ma belle-fille. On ne peut pas tout confier à la domestique. Je conseille à toutes les femmes de se lever tôt et de s’organiser pour réussir dans leur vie.
De la fierté qu’elle a aujourd’hui….
Je parlerais de mes chers parents qui m’ont inculqué une excellente éducation et mon cher époux qui me soutient dans ce que je fais. C’est une grande fierté. Si j’ai atteint ce niveau de vie, c’est simplement en suivant leurs traces. De plus, certaines femmes m’ont inspirée, notamment madame Diaby Makhissa Camara, la sœur de ma mère, et Madame Bangoura, Hadja Bintou Bamba, qui sont des femmes très courageuses.
Mon autre fierté est mon voyage aux États-Unis avec cinq jeunes filles guinéennes de différentes régions et ethnies, en collaboration avec FHI 360 et l’Ambassade des États-Unis en Guinée. Ce rêve est devenu réalité. Avec ces dernières, nous avons appris la gestion dans le domaine sportif (…). Lors de ce voyage, nous avons organisé des rencontres pour partager nos expériences. Chacune d’entre nous, dans sa zone d’origine doit expliquer comment gérer le sport et comment elle a commencé. Ce forum a beaucoup contribué à notre enrichissement. De plus, nous avons compris que la plupart des Américains ont des origines étrangères. Grâce au sport, ils sont devenus prospères. Nous pouvons emprunter le même chemin. De plus, nous avons constaté que le football nous éloigne des vices, du stress.
Parlons des jeunes filles qui se laissent dominer par l’oisiveté….
La femme, son premier métier est son mari. Au lieu de se laisser dominer par la facilité, il est préférable d’apprendre un métier et d’être utile à son entourage et à la société. Il existe de nombreux métiers qu’elles pourraient exercer, tels que la coiffure, la couture, la teinture ou même le ménage. Après cela, elles peuvent s’entraîner.
Elles doivent toujours se rappeler que certains sont devenus quelqu’un à partir de rien du tout. Nos mamans, tantes et sœurs doivent les encourager à rester motivées dans leur quête d’un avenir radieux. Comme on le dit, quand une femme veut quelque chose, elle réussit. Elles devraient être prêtes à se rendre sur le terrain après avoir accompli leurs tâches ménagères.
Personnellement, lorsque je tiens à quelque chose, je ne renonce pas avant d’atteindre mon objectif. Malgré les difficultés rencontrées pour trouver des sponsors afin de réaliser mon projet, je n’ai pas abandonné. Traiter avec les dames peut être encore plus complexe, mais persévérer est essentiel.
Interview réalisée par Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com