Les séries de présentation du rapport d’évaluation des partis politiques organisées par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ont pris fin ce jeudi 31 octobre 2024, à Conakry, avec des acteurs de la société civile et des associations de presse. Cette troisième journée a été précédée par celles des politiques et des corps diplomatiques accrédités en Guinée.

Situant le contexte, le chef de cabinet du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), François Gono Condé, a rappelé que l’objectif de cette évaluation n’est pas de sanctionner les partis politiques, mais de mettre en lumière les défaillances, de discuter de ces défaillances avec eux et de prendre ensemble des décisions pour les corriger. « Si nous aspirons à avoir un État géré avec rigueur, responsabilité et transparence, cela doit commencer par les partis politiques. S’il y a des failles dans la gestion des partis politiques, cela compromet la gestion de notre pays. C’est pourquoi nous avons décidé de faire l’état des lieux des partis politiques », a-t-il expliqué.

« Je le disais hier aux partis politiques présents, poursuit-il, ils (les partis politiques, NDLR) sont pour nous comme des enfants. Le ministère de tutelle, lorsqu’il se retrouve face aux partis politiques, est comme un parent face à ses enfants. Chaque fois qu’il les réprimande, ce n’est pas pour leur faire du mal, mais pour corriger quelque chose. L’objectif n’est pas de sanctionner les partis politiques, mais de mettre en lumière les défaillances, de discuter de ces défaillances avec eux et de prendre ensemble des décisions pour les corriger », a dit le chef de cabinet.

Conformément à la loi, a-t-il ajouté, « nous sommes un pays régi par des principes. Nous sommes le premier État au monde né d’un processus électoral en 1958, qui a conduit à la naissance de la Guinée. Si nous sommes pionniers de l’indépendance en Afrique de l’Ouest francophone, nous le sommes aussi sur le plan politique. En 2024, il est désagréable de constater des lacunes sur le plan politique. Il n’est pas interdit de tomber, mais il faut se relever lorsqu’on tombe. Nous avons décidé de prendre conscience des erreurs et de leurs causes. C’est ce qui nous a conduits à visiter les partis politiques pour vérifier leur conformité avec la loi qui les régit. »

Nous avons examiné leur manière de tenir les comptes. « Lorsqu’on crée un parti politique, il ne faut pas penser que c’est une entité personnelle où l’on prend l’argent de sa poche et on gère comme on veut. Comment gérez-vous les fonds nécessaires pour faire fonctionner votre parti ? C’est très important de le savoir. Comment tenez-vous votre comptabilité ? Tenez-vous des sessions régulières ou bien est-ce un parti dirigé de manière individuelle ? S’il n’y a pas de démocratie à l’intérieur d’un parti politique, il est utopique de s’attendre à la démocratie lorsque ce parti sera au pouvoir. Si un parti n’a jamais tenu de congrès et que son président reste en poste pendant 20 ou 30 ans, ce n’est pas lorsqu’il deviendra président de la République qu’il cédera le pouvoir après deux mandats. Tout cela se cultive au sein du parti politique. C’est pourquoi j’ai dit que le parti politique est le maillon important de la chaîne de la refondation », a dit François Gono Condé.

Interrogé à la sortie de cette rencontre, Moussa Iboun Conté, représentant du Conseil national des organisations de la société civile, a salué la démarche des autorités de la transition. « Je salue d’abord la démarche méthodologique, elle est scientifique et elle n’est dirigée contre personne. Il faut reconnaître que le travail a été bien fait. Cela devrait permettre aux partis politiques qui ont été évalués de se remettre en cause en qualifiant leur travail. Parce que ceux qui prétendent diriger notre pays, il faut qu’ils soient des références. Donc, il faut qu’ils soient en règle vis-à-vis du cadre juridique et constitutionnel de notre pays », a soutenu M. Conté.

A rappeler que cette évaluation des partis politiques a conduit à la dissolution de 53 ppartis par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) après une mission d’évaluation réalisée entre juin et septembre 20241. Les principaux motifs de dissolution incluent le non-respect des conditions de constitution d’un parti politique et l’absence de participation aux élections. De nombreux partis dissous n’avaient ni adresses physiques, ni contacts électroniques valides, et n’avaient pas nommé de responsables.

Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com