Le Pape François est arrivé ce mardi en Indonésie. La première étape d’une tournée en Asie-Pacifique, dont les rendez-vous officiels auront lieu ces mercredi et jeudi, entre une entrevue avec le président sortant et une rencontre interreligieuse.
Le pape François, 87 ans, est arrivé ce mardi à Jakarta pour une visite de trois jours en Indonésie, pays à forte majorité musulmane, qui sera centrée sur le dialogue interreligieux, première étape d’une tournée-marathon aux confins de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie.
Parti de Rome, l’avion de Jorge Bergoglio a atterri à 11 h 16 locales (4 h 16 GMT) à l’aéroport Soekarno-Hatta après un vol de 13 heures, selon des journalistes de l’AFP à bord.
« Je pense que c’est le plus long (voyage) que j’aie jamais fait »
« Merci pour votre compagnie et pour votre travail », a déclaré le pape aux quelque 70 journalistes présents dans l’avion, peu après avoir atterri. « Je pense que c’est le plus long (voyage) que j’aie jamais fait. Merci », a-t-il ajouté. Après Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1989, il est le troisième pape à se rendre dans l’archipel aux 17 500 îles.
Après avoir été accueilli par des responsables religieux sur le tarmac, le pape, en fauteuil roulant, a pris place dans une inusuelle berline blanche de marque Toyota qui l’a conduit vers la nonciature apostolique du Saint-Siège à Jakarta. François qui n’avait aucun rendez-vous officiel mardi, y a rencontré un groupe d’orphelins, migrants et sans domicile fixe, a indiqué le Vatican.
« Visite très historique »
Ce mercredi matin, ce sera le coup d’envoi de deux journées chargées. Le souverain pontife sera d’abord reçu au palais présidentiel à l’invitation du président sortant Joko Widodo. « Il s’agit d’une visite très historique », a déclaré mardi le président, surnommé dans son pays Jokowi, ajoutant que « l’Indonésie et le Vatican ont un engagement similaire en faveur de la paix et de la fraternité ».
Dans l’immense archipel qui abrite la plus importante population musulmane au monde (242 millions, soit 87 % des habitants), pour quelque huit millions de catholiques (moins de 3 %), cette visite s’articulera surtout autour du dialogue islamo-chrétien, avec une rencontre interreligieuse jeudi en présence des représentants des six confessions officielles : islam, protestantisme, catholicisme, bouddhisme, hindouisme et confucianisme.
« Dissensions au sein de l’Église »
Cette rencontre est prévue dans la plus grande mosquée d’Asie du Sud-Est, Istiqlal, voisine de la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption. Les autorités ont fait construire en 2020 un « tunnel de l’amitié » pour relier les deux édifices, symbole de fraternité religieuse.
Cette visite « est très importante pour transmettre un message et montrer au monde que l’harmonie religieuse en Indonésie est garantie et a été mise en œuvre », a souligné lundi le porte-parole du ministère des Affaires religieuses, Sunanto, qui comme BEAUCOUP d’Indonésiens ne porte qu’un nom.
Pour autant, « il existe des dissensions au sein même de l’Église catholique. Certains leaders pensent que le bon dialogue interreligieux, c’est très bien, mais on n’ira pas plus loin que la coexistence pacifique », explique à l’AFP Michel Chambon, théologien et anthropologue, chercheur à l’Université nationale de Singapour.
Des observateurs pointent du doigt une discrimination croissante envers les minorités religieuses, notamment envers les chrétiens dans certaines régions, et des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de prendre des mesures.
François s’est rendu à plusieurs reprises dans des pays à majorité musulmane et a signé en 2019 à Abu Dhabi un document sur la fraternité humaine avec le grand imam d’Al-Azhar.
Plusieurs discours et une messe dans un stade
Jakarta est placée sous haute surveillance, avec le déploiement d’effectifs de sécurité comprenant quelque 4 000 personnes, dont des tireurs d’élite, des soldats, des policiers et l’équipe de protection du pape. Dans cette mégapole polluée et menacée par les inondations, le pape, qui a fait de la défense de l’environnement un leitmotiv de son pontificat, pourrait lancer un nouveau cri d’alarme face au réchauffement climatique. Il
présidera aussi une messe dans un stade de 80 000 places et prononcera plusieurs discours.
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor oriental et Singapour
Vendredi, le pape argentin poursuivra son déplacement en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Timor oriental, avant de le conclure le 13 septembre à Singapour. Ce périple de 12 jours et 32 000 km, le plus lointain depuis son élection en 2013, s’apparente à un défi physique pour le jésuite argentin, qui a connu ces dernières années des problèmes de santé mais apparaît souvent revigoré par les voyages et le contact avec les fidèles.
Ce voyage, le 45e du pape argentin à l’étranger, était initialement prévu en 2020 mais avait dû être reporté en raison de la pandémie de Covid-19. Depuis, le chef des 1,3 milliard de catholiques, qui fêtera ses 88 ans en décembre, a subi une lourde opération de l’abdomen en 2023 et souffert d’infections respiratoires. Il ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant ou à l’aide d’une canne.
Malgré les contraintes physiques d’un tel voyage, le dispositif médical n’a pas été modifié : François voyagera avec son médecin et deux infirmiers, a indiqué le Vatican.
Source: letelegramme.fr