Oui, ce n’est plus un scandale pour le Guinéen, non, on va dire pour les décideurs du pays et notamment le gouvernement, mais aussi les collectivités locales, communément appelées communes.

Il s’est habitué aux déchets solides, à tel point qu’ils ont désormais tissé un pacte d’amitié de ne plus se séparer. Ce, avec tout ce que cela engendre pour l’un des partenaires. Conséquences : les centres de santé ne désemplissent pas, et avec tout ce que cela affecte à la bourse familiale, qui, faut-il le souligner, est déjà plombée dans la majorité des cas par la précarité qui ne dit pas son nom.

Mais au juste, posons-nous la question de savoir comment les autres nations parviennent-elles à rendre tant soit peu leur capitale ou tout au moins leurs centres urbains plus ou moins attrayants. Qu’est-ce qui manque à nos administrateurs afin qu’ils puissent, à leur tour, corriger cet état de fait ?

Cette problématique nous rappelle d’ailleurs un entretien qu’un spécialiste du domaine nous avait laissé entendre. Selon lui, le Rwanda, qui est cité en exemple de la salubrité en Afrique, avait, dans les années 90, entrepris un voyage d’études en Guinée. Ce qu’ils ont pu glaner avec des cadres guinéens, ils l’ont implémenté chez eux au Rwanda et ça a marché 5 sur 5. Comme pour dire, ce ne sont pas les textes qui manquent, mais le niveau d’incurie, voire l’inertie, le clientélisme est tel qu’on ne parvient toujours pas à avoir une politique durable de gestion des déchets solides.

Figurez-vous, et ça ne doit étonner personne, que les ordures avec nous, c’est pour longtemps, parce que trois décennies ont passé devant nos yeux. Les hommes changent, par contre, le disque rouillé que les premiers responsables avaient mis, c’est le même refrain qui fait danser le public. Du coup, les ordures ne scandalisent plus, elles ne poussent à la réflexion ni dans le public de la société civile, ni dans le public des décideurs.

Des initiatives sont souvent prises, notamment le programme mensuel de nettoyage de la ville de Conakry initié par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Cependant, tout ceci, dit-on, est court-circuité pour des sorties d’argent. Vous l’aurez sûrement constaté, la cadence de ramassage des ordures n’est pas régulière. À en croire certains, tout cela relève de manigances, avec des sorties de billets de banque signalées. Les ordures sont laissées à l’abandon, de sorte que les véhicules dédiés au ramassage sont débordés. Il faudrait donc utiliser des engins de la marque Caterpillar pour débarrasser les coins de la ville empestés par des ordures de tout genre. Ah, pauvre Guinée, quand changeras-tu de statut social ?

A-Mantcho pour Billetdujour.com