Le chef de cabinet du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), François Gono Condé, a rappelé que l’objectif de cette évaluation des partis politiques n’est pas de les sanctionner  mais de mettre en lumière les défaillances, de discuter de ces défaillances avec eux et de prendre ensemble des décisions pour les corriger.

« Si nous aspirons à avoir un État géré avec rigueur, responsabilité et transparence, cela doit commencer par les partis politiques. Les partis politiques sont pour nous comme des enfants. Le ministère de tutelle, lorsqu’il se retrouve face aux partis politiques, est comme un parent face à ses enfants. Chaque fois qu’il les réprimande, ce n’est pas pour leur faire du mal, mais pour corriger quelque chose. Si nous sommes pionniers de l’indépendance en Afrique de l’Ouest francophone, nous le sommes aussi sur le plan politique. En 2024, il est désagréable de constater des lacunes sur le plan politique. Il n’est pas interdit de tomber, mais il faut se relever lorsqu’on tombe. Nous avons décidé de prendre conscience des erreurs et de leurs causes. C’est ce qui nous a conduits à visiter les partis politiques pour vérifier leur conformité avec la loi qui les régit. Nous avons examiné leur manière de tenir les comptes. Lorsqu’on crée un parti politique, il ne faut pas penser que c’est une entité personnelle où l’on prend l’argent de sa poche et on gère comme on veut.

Comment gérez-vous les fonds nécessaires pour faire fonctionner votre parti ? C’est très important de le savoir. Comment tenez-vous votre comptabilité ? Tenez-vous des sessions régulières ou bien est-ce un parti dirigé de manière individuelle ? S’il n’y a pas de démocratie à l’intérieur d’un parti politique, il est utopique de s’attendre à la démocratie lorsque ce parti sera au pouvoir. Si un parti n’a jamais tenu de congrès et que son président reste en poste pendant 20 ou 30 ans, ce n’est pas lorsqu’il deviendra président de la République qu’il cédera le pouvoir après deux mandats. Tout cela se cultive au sein du parti politique. C’est pourquoi j’ai dit que le parti politique est le maillon important de la chaîne de la refondation.

La création des partis politiques est devenue une chose très facile dans notre pays, alors que cela devrait être la plus difficile. Lorsque vous créez une organisation de la société civile, on ne vous impose pas d’être implanté sur tout le territoire. Lorsque vous créez une entreprise, c’est la même chose. Mais avec un parti politique, vous êtes obligés d’exister sur tout le territoire national et d’impliquer tout le monde, toutes les composantes de la nation. On ne peut pas créer un parti politique et le gérer uniquement avec ses proches. Et après, prétendre gouverner la Guinée. Ceux qui ne sont pas avec nous dans ce parti vont forcément lever le doigt pour dire que ce n’est pas un parti politique, mais un regroupement familial. Il ne s’agit pas de carottes et de bâtons, mais de montrer ce qui est encouragé et ce qui est réprouvé», a rappelé le chef de cabinet du MATD.

À rappeler qu’il a fait cette déclaration au cours de la présentation du rapport d’évaluation des partis politiques aux acteurs de la société civile et à la presse. C’était le jeudi 31 octobre 2024, à Conakry.

Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com