Dans son dernier rapport, la Fondation Mo Ibrahim a analysé la progression de la gouvernance en Afrique sur la période 2014-2023. Au total, 33 pays ont progressé et 21 ont régressé, alors que l’institution appelle à renforcer la disponibilité de données fiables pour améliorer les politiques publiques.
Plus de 77 % de la population africaine réside dans un pays où les domaines liés à la sécurité et à la démocratie se sont dégradés au cours de la dernière décennie, selon le « 2024 Ibrahim Index of African Governance », publié ce mercredi 23 octobre. Cette situation s’inscrit dans un contexte marqué par une multiplication des conflits, des coups d’État et des dérives autoritaires, notamment dans les régions du Sahel et de l’Afrique de l’Est.
Le rapport souligne que ces difficultés ont freiné les progrès en matière de gouvernance globale en Afrique, après une période de croissance soutenue. Entre 2014 et 2023, 21 pays représentant près de la moitié de la population africaine ont vu leur niveau de gouvernance reculer, avec des contre-performances particulièrement marquées aux Comores et en Tunisie.
« Pour près de la moitié de la population du continent, les performances globales en matière de gouvernance sont moins bonnes en 2023 qu’elles ne l’étaient en 2014. Le principal moteur de cette évolution est l’aggravation de la crise sécuritaire et le rétrécissement de l’environnement participatif sur la quasi-totalité du continent », souligne le rapport. Cependant, ce dernier précise que cette tendance ne se limite pas au continent africain.
« L’escalade des conflits et la méfiance croissante à l’égard des institutions démocratiques ne sont pas spécifiques à l’Afrique : nous les observons à travers le monde. Mais elles sont particulièrement préoccupantes en Afrique, car elles menacent les progrès que nous avons réalisés en matière de développement économique et social, ainsi que ceux qui restent à accomplir », ajoute le document.
En 2023, le continent affiche une moyenne de 49,3 sur 100 en matière de gouvernance. Bien que cette note témoigne d’un rapprochement progressif vers la barre des 50/100, le rapport note qu’il ne s’agit que d’une augmentation marginale d’un point de pourcentage par rapport à 2014.
Malgré cette stagnation globale, des progrès significatifs ont été observés dans plusieurs pays, tels que le Maroc, la Côte d’Ivoire, les Seychelles, l’Angola et le Bénin. En tout, 33 pays, représentant 52,1 % de la population africaine, ont enregistré une amélioration de leur gouvernance globale au cours de la dernière décennie. Ces progrès sont notamment attribués aux bonnes performances dans les sous-catégories « Infrastructures » et « Égalité des sexes ».
Il convient de souligner que les Seychelles sont désormais classées en tête du classement africain en matière de gouvernance globale selon l’indice Mo Ibrahim, devançant ainsi l’île Maurice. Avec la Sierra Leone, l’archipel est le seul à avoir progressé dans les 16 sous-catégories qui composent l’Indice Mo Ibrahim au cours des dix dernières années.