Avec cet ancien commis de l’Etat, PDG du Groupe B.C.E.P, nous sommes revenus sur les sujets brûlants de l’actualité sociopolitique du pays. L’opérateur économique n’a pas emprunté quatre chemins pour dire cru, ce que bon nombre de vieux de la vieille, disent dans leurs salons avec méfiance. Lisez ci-dessous la première partie de cette longue interview !
Billetdujour.com : En tant qu’opérateur économique, quelles sont vos
impressions sur la crise que traverse le pays ?
Elhadj Mansa Moussa Sidibé : Je vous remercie du fait que vous venez me voir pour que nous parlions de ce que nous appelons crise en Guinée. Nous traversons une période extrêmement difficile, ce qui fait que, nous considérons cette période difficile, comme une période de crise. C’est une période difficile, parce qu’il y a des principes, mais que nous ne voulons pas respecter. C’est pourquoi, nous allons dans un processus de crise. Il s’agit de quoi ? Il s’agit de ne pas reconnaître la vérité.
Dans un pays, où on ne reconnait pas la vérité. On ne dit pas la vérité, où les gens n’acceptent pas la vérité, ce pays ne bougera pas. Ce pays, sera toujours en position de crise. Il y a crise, parce qu’on ne respecte pas la vérité, on ne dit pas la vérité. Il y a crise, parce qu’on a tous peur de dire la vérité.
Justement, bon nombre de Guinéens déplorent l’omerta de ses dignitaires sur cette crise que traverse le pays ?
Moi, je n’ai pas peur de dire la vérité, mais tous ceux qui m’entourent y compris ma famille, personne ne veut que je dise la vérité.
Et pourquoi ?
Parce que, je ne serais pas en sécurité en disant la vérité. Le fait que les gens qui refusent la vérité, mettent en danger de vie même de ceux qui disent la vérité, c’est ce qui fait que les gens ont peur de dire la vérité, voilà la réalité. Mais, il faut aussi admettre que dire que ceux qui disent qu’Alpha n’a rien fait, ils n’ont pas raison.
Alpha a fait quelques choses, mais est-ce qu’ils savent ce qu’il a fait ? Est-ce qu’ils savent comment, il a fait ? Est-ce qu’ils savent, ce qu’il n’a pas fait ? Il y a crise, parce que tout simplement : un, on ne sait pas ce qu’Alpha a fait. Deux, Alpha ne respecte pas ce que la loi a prévu. Je vais vous dire, avant 1958, nous avions sur les fauteuils du colon blanc, des projets des barrages de Souapiti et Amaria. C’était préparé pour servir à trois causes : un, pour la Guinée, elle-même ; deux, pour la région sous-région et trois : pour la France en guise de réserve. Malheureusement, lorsque nous avons eu l’indépendance, ils ont peut-être brûlé ou parti avec ces projets. Lorsque, nous avons eu l’indépendance, le premier président feu Ahmed Sékou Touré, a dit, dans tous les cas, nous ne pouvons continuer, notre processus d’indépendance, si nous n’avons pas l’énergie. Il a donc crée un ministère de l’Energie. Il a eu beaucoup de peines pour trouver le ministre qu’il faut tout de suite. Ainsi N’Fanmara Kéïta a été nommé, ce dernier et Sékou se sont battus pour réussir, mais l’impérialisme n’a pas voulu leur accorder cette facilité, pour développer ce projet. Quand Sékou est mort, Lansana Conté est venu. Le président Conté aussi a dit que de toutes les façons, il nous faut de l’énergie, puisse la population s’augmentait. Il faut trouver l’énergie, il a dit, allons dans Garafiri. Lui aussi, avec ce projet, personne ne veut aider. La Banque africaine de développement, BAD a dit, je vais aider, parce que je n’ai pas de choix, j’appartiens aux pays de l’Afrique. Eux, elle a promis d’aider, mais elle a dit, qu’elle ne pouvait pas financer tout. C’est pourquoi, tous les enfants qui étaient à l’école, chaque Guinéen a contribué pour la construction de Garafiri. On a pu faire Garafiri, mais Garafiri, c’était 76 à 90 mégawatts. On est resté là, lorsqu’Alpha a pris le pouvoir, il a engagé d’abord Kaléta avec 240 mégawatts. On ne sait pas comment, il a réalisé, mais personne n’a payé. Il est allé avec Souapiti, Amaria pour 450 mégawatts, jusque-là personne n’a rien payé. On a appris, qu’il est en train de faire ça, ce sont des éléments qu’il a réalisé.
On ne peut pas contester, un. Deuxième élément qu’il a réalisé. Lorsque Sékou Touré est mort, les militaires ont pris le pouvoir, ils ont dit tout le monde de rentrer. On a dit attention, si tout le monde rentre, comment on va faire ? Les données de la révolution sont différentes de cette ouverture. Il faut prévoir des textes, il faut créer un plan, on a crée le PIRNA : programme intérimaire du redressement national, mais ce PIRNA devrait être écrit par des professionnels, ce n’est pas les militaires. Nous qui avions évolué dans la révolution, nous ne connaissons que la forme, ce n’est pas facile. On a fait venir des experts, ces experts-là étaient obligés de dormir à Dakar, pour venir faire le travail ici, parce qu’il n’y avait pas d’hôtels. Et, Novotel était en construction. Aujourd’hui, quelque soit la forme, on a tout ici pour que n’importe qui, qui vient. Ces logements, ce n’est pas pour nous, c’est pour les autres qui viennent. Ça, il a réussi. Les gens disent, ce n’est pas lui, ce sont des gens qui ont construit. Peu importe, de ce qu’il a fait, mais c’est la méthode qu’on met en place dans le processus du développement. Il a réussi à mettre ce processus, ça, c’est un élément extrêmement important.
Troisième élément qu’il a réussi, en 52 ans, après la mort de Sékou et de Lansana, il y avait des préfectures qui n’avaient plus de bureaux. Je connais des préfectures, où, j’étais parrain, quand j’étais ministre, où, il était difficile de trouver même des bureaux pour les gouvernants. Parce que, c’était en ruine. Alpha a dit voilà, ce qu’on va faire, on va organiser des cérémonies dans chacune des préfectures. Quand on le fait, nous n’avons pas de financement de réaliser ce manque dans les régions. Mais à force d’organiser des fêtes tournantes à l’occasion de la célébration du 02 Octobre, on pourra faire quelque chose. On a commencé par Boké, les gens, on dit, parce qu’il est né là-bas, c’est pourquoi, il a commencé par là-bas, peu importe. Boké n’a pas réussi comme Mamou, Kankan, Faranah, N’Zérékoré mais c’est bon, pour ceux qui connaissent Mamou. Moi, je connais Mamou, on s’embarquait par train pour s’y rendre, puis prendre le véhicule pour aller à Labé. Ça, eu un changement terrible, ça, c’est Alpha qui l’a voulu. Quatrième élément, qu’il a réussi, il faut le reconnaitre, feu Ahmed Sékou Touré a réussi le plan triennal, quinquennal, septennal. Feu Lansana a réussi le PRINA, mais le financement de ces plans n’ont pas atteint le niveau que celui qu’Alpha a eu dans le PNDS : Programme national de développement économique et social. Ce programme a obtenu à Paris par des bailleurs de fonds, la possibilité d’un financement de 21 milliards de dollars. Ces montants nous aurez permis tout de suite d’amorcer notre décollage, si on était bien organisé pour suivre ce programme.
Sur le plan énergétique, des hôtels, quand on voit tout ça, on ne peut pas dire, qu’il n’a rien fait. Ensuite, il y a un élément important auquel qu’il ne faut pas occulter. C’est que 40 ans, quand même, il a lutté pour la démocratie. On a des preuves de sa lutte. Regardez très bien, certaines qui passent, il y a une vidéo par exemple où Alpha disait, pourquoi, nous faisons la guerre. Que la guerre, ce n’est parce que nous voulons de l’or et du diamant pour nos femmes, nous faisons la guerre, parce que les chefs d’Etat qui s’installent ne veulent pas quitter le pouvoir. Il est allé jusque-là.
Lorsqu’en 1993, les gens l’ont dit en Haute Guinée, c’est toi qui a gagné, allons-y, il a dit non. Je ne suis pas venu gouverner les corps, je veux gouverner les hommes. Il a dit tout ça. Donc tout ça réuni, on pense qu’il a fait quelque chose. N’oubliez pas, qu’au-delà de ce que j’ai dit toute à l’heure, il n’y a qu’Alpha qui a pu réaliser le programme financier de la Banque mondiale. Les gouvernements guinéens précédents ne l’ont jamais réussi.
Certains estiment qu’il a finalisé ce que d’autres gouvernements ont entamé ?
Il y a eu beaucoup de cas de cela, mais quand tu prends la ville de Mamou, qu’est-ce qui avait été entamé par les gouvernements précédents, pour qu’on dise qu’il a achevé ? Ce que je sais, c’est que les régimes passés sont allés jusqu’à l’achèvement des différents programmes, mais ils n’ont pas abouti, pour des raisons indépendantes peut-être des chefs d’Etat qui étaient là. Mais Alpha a bousculé, pour y arriver. Comme Kassory l’a dit, il a fait beaucoup de choses, mais tout n’est pas rose. Mais personne n’a osé dire ce qui n’est pas rose. C’est ça la problématique.
Interview réalisée par Tamoné & Kalan