Le président de l’Alliance pour le Changement et le Progrès (ACP), Dr Ben Youssouf Keïta a récemment accordé une interview à notre rédaction. Au cours de cet entretien, plusieurs sujets ont été abordés, notamment la position de son parti sur l’échiquier politique guinéen, sa relation avec le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, et la position de l’ACP vis-à-vis du CNRD.
Le Dr Ben Youssouf Keïta est un ancien Président de la Commission Santé de l’Assemblée nationale lors de la 8e Législature, et il occupe actuellement la présidence de l’ACP. Son parcours est fascinant et mérite d’être exploré davantage. Lisez
Billetdujour.com : Parlez-nous brièvement de vous ?
Dr Ben Youssouf Keïta : Je suis né à Kouroussa et j’ai grandi dans cette ville avant de poursuivre mes études à Kissidougou. C’est au Lycée 2 août de Conakry que j’ai obtenu mon baccalauréat avec mention. Par la suite, j’ai bénéficié d’une bourse pour étudier à Cuba, où j’ai suivi des études universitaires en médecine. Après mon retour en Guinée en tant que chirurgien, j’ai été affecté à Mamou pendant quatre ans. J’ai ensuite été sollicité par des compagnies minières, notamment AREDOR, où j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir directeur de l’hôpital. Lorsque cette société a atteint son apogée, je suis revenu à Conakry.
J’ai également travaillé à l’hôpital Saint Antoine à Paris avant de rentrer définitivement en Guinée pour m’engager en politique. En tant que député à l’Assemblée nationale sous l’étiquette de l’UFDG, j’ai présidé la Commission Santé, Éducation, Jeunesse, Art, Culture, Sport et Patrimoine historique de 2014 à 2020. En 2022, j’ai créé le parti ACP avec la bénédiction de mes collaborateurs de l’UFDG.
Aujourd’hui, je me bats pour devenir un acteur majeur de la vie politique nationale. Ma motivation à me lancer en politique découle probablement de mon expérience à Aredor, où j’ai côtoyé une société cosmopolite bénéficiant de nombreux avantages tels que des salaires élevés et une nourriture abondante. Ma force réside dans ma proximité avec les villages qui vivent dans la misère et la précarité absolue.
En tant que médecin, j’ai adopté une approche égalitaire envers les travailleurs de la société et la population environnante. J’ai prodigué des soins à tous, même gratuitement, y compris lors d’interventions chirurgicales. Mon engagement a suscité l’attention des gens autour de moi. De plus, mon polyglottisme, avec des compétences en malinké, soussou, poular et kissi, ainsi qu’en anglais, espagnol et portugais, m’ont permis d’avoir une portée internationale.
Quant à la création du parti APC, vous expliquez que cela découle de votre expérience au sein de l’UFDG. Vous avez observé le choix d’El Hadj Cellou Dalein, votre leader pendant 13 ans, de quitter le PUP pour rejoindre l’UFDG. Après 15 ans de loyaux services et d’apprentissage, vous avez saisi l’opportunité de créer votre propre parti. Votre objectif est de contribuer davantage à l’enracinement de la démocratie dans le pays, sans animosité envers d’autres partis, mais plutôt avec la volonté de servir la nation où le besoin se
fait dentiste.
Pourquoi avez-vous quitté l’UFDG ?
Dr Ben Youssouf Keïta : J’ai quitté l’UFDG en décembre 2021 pour fonder l’Alliance pour le Changement et le Progrès (ACP) le 21 janvier 2022. Mon départ traduit ma volonté de prendre mon destin en main et de relever un challenge : présider aux destinées de notre Nation, conformément à mon projet de société d’obédience sociale-démocrate, ma philosophie. Après 15 ans à l’UFDG, où j’ai forgé mon expérience politique et syndicale en étant respectivement député à l’Assemblée nationale et secrétaire général du syndicat de la société minière AREDOR, puis 5 ans à la tête de l’ONG ARAPMA, j’ai estimé être suffisamment outillé pour voler de mes propres ailes et relever le défi de la conquête du pouvoir que j’ambitionne. L’exemple de celui qui fut mon mentor politique m’a inspiré.
Docteur, vous êtes de quel bord politique ? Centristes ou opposition dure ?
Vous savez, nous avons contribué, qu’on le croie ou non, au changement que nous vivons actuellement. À l’arrivée du CNRD au pouvoir, nous l’avons applaudi en connaissance de cause. Nous sommes logiques avec nous-mêmes. Tout ce que nous faisons, c’est de continuer à les soutenir afin qu’ils réussissent leur mission en respectant leurs engagements. Ils sont venus restaurer un certain ordre, lutter contre certaines injustices et inégalités, et booster le développement de la Guinée.
Le 5 septembre, nous avons applaudi leur arrivée. Comme nous les avons applaudis, nous devons assumer cette responsabilité. C’est pour cette raison que, pour ne pas avoir tort, nous les encadrons, les accompagnons, les appuyons et leur montrons le chemin s’ils s’en écartent. Vous comprenez ? S’ils quittent la route, nous leur montrerons comment y revenir en faisant des critiques objectives et en proposant des solutions.
Nous nous inscrivons dans l’objectif d’aider le CNRD à réussir sa mission. Cela signifie que nous sommes aux côtés de ceux qui accompagnent le CNRD, pas de manière paternaliste, mais pour aider les militaires à réussir la transition. Comme vous le savez, seule l’œuvre de Dieu est parfaite. L’œuvre humaine est toujours imparfaite. Quand nous constatons des imperfections, nous les critiquons, les dénonçons avec respect et responsabilité, et nous proposons des solutions. Voilà notre position avec le CNRD.
Si on comprend bien, vous êtes parmi ceux qui soutiennent le CNRD ?
Exactement . Nous les soutenons sur la bonne voie dans l’intérêt supérieur de la nation.
Comment sont vos rapports avec la classe politique Guinéenne ?
Bonne dans l’ensemble. D’abord, avec le Président Cellou, nous conjuguons le bon verbe. Le président de l’UFDG est un très bon ami et, avec les autres leaders politiques, nous avons la même ambition : servir la Guinée. Mais comme vous le savez, les méthodes peuvent être différentes (et quand les compétitions arriveront, on fera des compétitions ouvertes et saines et le meilleur gagnera…).
Chaque leader veut être le premier responsable de ce pays, le président de la République.
Si Dieu vous donne la chance de dirriger le pays, vous devez vous faire entourer des bonnes personnes pour que vous puissiez atteindre l’objectif qui est de trouver un meilleur cadre de vie synonyme de développement, le bon vivre.
Parce que seul le pouvoir de Dieu est étensible. Oui, tous les autres passent, donc c’est Dieu qui donne le pouvoir, un seul fauteuil. Cette logique nécessite aussi l’accompagnement de tous et toutes pour la réussite de la gouvernance dans l’intérêt supérieur de la population Guinéenne.
Quelles sont les difficultés que votre parti, l’APC, rencontre actuellement ?
Nous faisons face à des défis similaires à ceux des autres partis. Nous n’avons jamais occupé de poste ministériel ou de gouverneur, et notre seule expérience réside dans le domaine syndical. Cependant, notre affiliation à un grand parti nous a permis de connaître toute la Guinée et d’appréhender certains aspects de la vie politique. Malgré nos ressources financières limitées, nous soutenons le parti grâce à nos modestes salaires. Nous sommes convaincus que de nombreux Guinéens nous font confiance, et parmi eux, certains financeront notre siège. Cependant, nous faisons face à deux difficultés majeures : d’une part, nous n’avons qu’un récépissé et pas encore l’agrément officiel, ce qui est nécessaire pour participer aux élections.
Quelles sont vos perspectives pour les années à venir ?
Cette année, nous visons à obtenir l’agrément officiel du parti. Nous sommes déjà implantés dans de nombreuses régions de Guinée, à l’exception de Pita, Dalaba et Yomou. Notre parti est solidement établi sur tout le territoire, et en moins de deux ans, nous avons réussi cet exploit.
Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com