Trump ou Biden ? Le suspense restait total, jeudi matin 5 novembre, sur l’issue de l’élection présidentielle américaine, alors que les résultats définitifs dans plusieurs Etats, dont certains sont susceptibles de basculer d’un côté ou de l’autre, étaient encore inconnus.

L’ancien vice-président démocrate, Joe Biden, devance le président républicain, Donald Trump, au nombre des grands électeurs. Un candidat doit atteindre la barre des 270 grands électeurs pour être élu.

Ce que l’on sait

Les deux candidats affichent leur optimisme

Joe Biden s’est montré confiant, lors d’un discours dans la nuit de mardi à mercredi, dans son fief de Wilmington, dans le Delaware. « Gardez la foi, nous allons gagner ! », a lancé l’ex-bras droit de Barack Obama sous les klaxons enthousiastes de ses partisans, réunis en « drive-in ». « Nous pensons que nous sommes en bonne voie de gagner cette élection », a-t-il ajouté, en appelant ses partisans à la patience.

Mercredi, Donald Trump a, lui, revendiqué la victoire, alors que le décompte n’était pas achevé dans plusieurs Etats-clés (les swing states). « Honnêtement, nous avons gagné l’élection », a-t-il déclaré lors d’une brève allocution à la Maison Blanche.

… et gardent tous deux des chances de l’emporter

Le président des Etats-Unis a conservé la Floride, faisant mentir de nombreux sondages, ainsi que le Texas, bastion conservateur qui avait, un temps, semblé menacé, et l’Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence.

Joe Biden pourrait toutefois l’emporter. Selon l’agence Associated Press, qui fait référence en la matière, le démocrate a remporté l’Etat crucial de l’Arizona (onze grands électeurs), acquis à Donald Trump en 2016. Il a également emporté le Wisconsin (dix grands électeurs) et le Michigan (seize grands électeurs). Joe Biden peut encore espérer arracher la Géorgie (seize grands électeurs) au Grand Old Party (GOP). Reste la Pennsylvanie, qui permettrait au gagnant d’engranger vingt grands électeurs.

Recul des démocrates à la Chambre des représentants

En plus de désigner le futur locataire de la Maison Blanche, les électeurs se prononçaient également pour le renouvellement du Congrès. Les sièges des 435 élus de la Chambre des représentants étaient soumis au vote. Les experts s’attendaient à ce que les démocrates conservent, voire renforcent, leur majorité à la Chambre. Or, s’ils en ont effectivement gardé le contrôle, ils ont cédé cinq sièges au camp républicain. Au Sénat, les républicains semblent, pour l’heure, en mesure de conserver leur courte majorité.

Le Congrès divisé entre Sénat républicain et Chambre démocrate

Un taux de participation record

Jamais autant d’Américains n’avaient participé à l’élection présidentielle depuis que les femmes ont obtenu le droit de vote, en 1920 : 160 millions d’électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9 %, contre 59,2 % en 2016, selon le site United States Elections Project, plus encore qu’en 2008 quand Barack Obama avait été élu.

Trump, qui en dénonce quotidiennement le fonctionnement. Bien que le vote par correspondance soit déjà en place depuis de nombreuses années, le président américain dénigre un système favorisant, selon lui, la fraude de grande ampleur.

  • Ce que l’on ignore

Quand connaîtra-t-on le nom du prochain président ?

L’attente s’annonce longue. Tous les bureaux de vote ont fermé. Mais comme chaque Etat dispose d’un calendrier spécifique concernant le dépouillement des votes par correspondance, le dépouillement complet pourrait prendre un certain temps.

En Pennsylvanie – Etat-clé, républicain en 2016 –, le dépouillement pourrait se poursuivre jeudi. Dans le Nevada, un autre Etat-pivot, qui avait vu Hillary Clinton l’emporter en 2016, si près de 80 % des votes ont été pris en compte, les bulletins envoyés par correspondance sont acceptés jusqu’au 10 novembre, tant qu’ils ont été postés jusqu’au jour de l’élection. Et en Caroline du Nord, remporté par le président sortant en 2016, le dépouillement pourrait durer encore plus longtemps, car l’Etat accepte de dépouiller les bulletins reçus par correspondance jusqu’au 12 novembre.

Pourquoi le résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis ne sera peut-être pas connu dès ce mercredi ?

Donald Trump acceptera-t-il une éventuelle défaite ?

Depuis des mois, le candidat républicain prépare le terrain : s’il perd l’élection, c’est forcément parce qu’elle aura été truquée. La tendance à l’exagération – et à la mauvaise foi – du locataire de la Maison Blanche n’est plus à prouver, et il a déjà, par le passé, régulièrement affirmé que les élections dans lesquelles il était engagé étaient « truquées ».

Lors d’une prise de parole dans la nuit de mardi à mercredi, Donald Trump a d’ailleurs accusé les démocrates de tenter de « voler » sa « grande victoire »« Jamais nous ne les laisserons faire », a-t-il ajouté. Evoquant une « fraude » – sans livrer aucun élément concret –, le président américain a également assuré vouloir saisir la Cour suprême, sans préciser pour quel motif.

Joignant la parole aux actes, son équipe de campagne a ainsi appelé à un nouveau comptage des voix dans l’Etat du Wisconsin, arraché d’une courte tête par Joe Biden, et demandé une suspension des dépouillements en Pennsylvanie. Le directeur de campagne du président sortant, Bill Stepien, justifie ces actions par un besoin de « plus de transparence ».

Quelle majorité au Sénat ?

Le sort du Sénat – jusqu’à aujourd’hui à faible majorité républicaine (53 sièges contre 47) – reste indécis. Les sièges de 33 sénateurs étaient soumis au vote. Dans la journée de mercredi, les démocrates ont vu leurs chances de remporter la majorité se réduire grandement : ils ont arraché deux sièges au GOP (dans le Colorado et dans l’Arizona), mais en ont perdu un en retour (dans l’Alabama), tout en maintenant les sièges d’élus qui semblaient menacés. Or les démocrates doivent s’emparer de quatre sièges pour reprendre la majorité, ou de trois si Joe Biden remporte la présidentielle, puisque la vice-présidente élue Kamala Harris pourrait alors, selon la Constitution, voter pour départager un vote 50-50.

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