A la suite de la nomination effective des membres du Gouvernement de transition, nous avons échangé avec le président du parti, Union des démocrates et citoyens de Guinée (UDCG), Mamadou Lamine Diallo. Au cours cet entretien qu’il a bien voulu accorder à notre Rédaction, le président de l’UDCG, sans langue de bois, a livré sa lecture sur la formation du Gouvernement, la stratégie du Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD,… Lisez !

Billetdujour.com : Le Gouvernement de la transition enfin en place qu’en pensez-vous ?

Mmadou Lamaine Diallo : Comme tout le peuple de Guinée, la composition de ce Gouvernement est une chose salutaire pour moi en tant que Guinéen. Je suis au tant heureux de voir des jeunes de toutes les régions et de tous les genres associés dans  la gestion de cette transition qui se donne pour ambition de refonder notre Etat, de rebâtir notre nation réconciliée et unie dorénavant avec des institutions républicaines fortes dont l’intégrité ne peut plus souffrir d’aliénation. Les cadres invités à servir cette cause ont tous des compétences individuelles dans des domaines spécifiques à eux. En tant qu’homme politique, j’avoue que je suis très sceptique sur les compétences collectives de l’équipe de Monsieur Béavogui à satisfaire les attentes du peuple et définitivement celles des cadres de l’administration publique que moi je connais bien miséreux et négligés dans la majorité. Surtout avec le CNRD, qui pour moi entretient une situation floue pour laquelle j’ai des doutes sur sa loyauté au peuple de Guinée. Pour dire vrai, je ne crois pas au Fair-play démocratique dont on aura besoin à la restitution du pouvoir aux politiques, si on ne retrousse pas nos manches au cas où. Je pense que le CNRD est contrôlé et que le Premier Ministre donc n’aura aucun pouvoir sur le Gouvernement mais attendons de voir la feuille de route et les actions prioritaires de la transition qui vont mieux nous édifier sur la mission réelle et les ambitions du CNRD et son Gouvernement.

Bill De Sam à la culture qu’en dis-tu ?

Monsieur Alpha Soumah (Bill De Sam), Ministre de la Culture du Tourisme et de l’Artisanat est un plaisir pour moi de l’avoir comme collaborateur. Je ne le connais pas véritablement pour évaluer ses compétences mais je sais qu’il est passé stagiaire dans ce département et en tant qu’artiste musicien et entrepreneur culturel, il a bien une idée de ce qui l’attend. Bill De Sam est plein d’ambitions pour la Guinée comme moi. Je crois que s’il écoute bien et met en valeur les propositions des cadres du département sur la base de la compétence de chacun dans son secteur, il peut bien s’en sortir à la réforme structurelle et légale. Connaissant les besoins de mon département longtemps négligé par les différents régimes après Sékou Touré, les secteurs comme le patrimoine national, le livre et la lecture publique, les arts et le cinéma d’inspiration nationale, je ne tiendrai pas trop de rigueur à un ministre de transition à faire du miracle.
Alors qu’est-ce qui vous marque dans tout ce qui est fait d’abord et que recommandez-vous ?

Moi, ce que je salue dans cette transition , c’est la volonté manifeste du Colonel Doumbouyah à propulser la jeunesse de l’avant afin qu’elle saisisse l’opportunité de se prendre en charge pour mener les destinées de ce pays à bon port. Et j’espère que les jeunes promus dans ce Gouvernement se rangeront dans cet esprit sans vouloir réinventer la roue mais en gardant solidement les pieds sur terre avec le souvenir lointain des origines de notre nation et toutes les péripéties vécues afin d’éviter les erreurs de nos ainés dans tous les domaines et surtout de ne plus leur donner la chance tous qu’ils sont de nous replonger dans les abimes de notre sombre passé. Cette transition doit accoucher des institutions démocratiques fortes encadrées par la constitution de 2010 retravaillée et légitimée par voie référendaire et à leurs têtes des jeunes guinéens responsables, proches du peuple et au service du peuple qui s’attèleront au développement et à l’émergence de la République de Guinée. Je recommande au CNRD et au Gouvernement de la transition d’impliquer les politiques sans exclusion aucune au CNT en revoyant le quota de 15 par rapport aux autres Forces vives de la nation afin qu’un débat structuré à la refondation de l’Etat et de la nation selon la volonté du peuple sans contrainte ou une quelconque influence en un temps raisonnable soit réalisable. Et j’attire l’attention des nouvelles autorités sur le fait que les jeunes partis politiques ne doivent en aucun cas se faire exclure du CNT et même s’il faut que le non recyclage y soit appliqué comme au Gouvernement. Nous n’avons ni peur, ni le complexe de mettre à nu toutes les faiblesses de nos ainés qui ont tous contribué à ce fiasco honteux à l’endroit du peuple de Guinée pionnier des indépendances africaines et des  libertés de par le monde. Malheureusement, nous sentons vraisemblablement les démons et les diables d’hier qui ne cessent d’afficher leurs spectres malsains au tour du CNRD. Cette jeunesse a déjà trop perdu et cela tout le temps au point qu’elle a développé le flair de la mal gouvernance dans les situations incongrues qui peuvent l’irriter. Le moment est plus qu’opportun afin de réconcilier l’Etat(les dirigeants) avec le peuple et le peuple avec lui-même en promouvant la vérité, la justice, la réparation, le pardon et la réconciliation nationale comme au Rwanda et en Afrique du Sud qui ont connu les mêmes maux dont une partie du peuple se réclame victime en Guinée.

Interview réalisée par Mouctar Kalan Diallo pour Billetdujour.com