Dans cet entretien que Maurice Koivogui, membre du bureau national du Parti CPUG (Changement, Progrès, Unité pour la Guinée) et secrétaire général de la Coalition Sauvons la Guinée(COSAG),  a bien   voulu nous accorder, nous sommes revenus  sur des sujets qui dominent la transition en Guinée.  Sans langue de bois, M. Koivogui a dit plus haut ce que certains leaders  politiques disent plus bas.  Lisez !

Billetdujour.com :  Bonjour M. Koivogui, quelle analyse faites-vous des premiers mois de gestion du CNRD ?

Maurice Koivogui :  Merci pour l’opportunité qui vous m’accorder. Je pense que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) est une chance pour la Guinée. Nous étions en train de vivre une situation qui avait finalement agacé tout le peuple.  Les gens avaient vraiment assez de ce que se passait dans l’ancien régime et cela se ressentait à travers les réactions des uns et les autres.

Personnellement, je dirais que le CNRD est venu sauver la République de Guinée. Quand on sait comment le climat politique était tendu où des personnes, pour leurs opinions sont allées en prison et qui ne savaient pas quel jour ils seront jugés. C’est extrêmement grave dans un pays qui prétend être un Etat de droit. Vous n’êtes sans savoir que tout citoyen a droit à une justice. Ça ne voudrait pas dire que tous ceux qui sont en prison sont innocents.  Mais lorsque vous arrêtés quelqu’un, il a droit à un avocat, un procès juste et équitable. C’est pourquoi, le CNRD était en quelque sorte comme tout ce que les Guinéens sollicitaient. Oui, ça nous a évité beaucoup de choses. D’ailleurs, ce que j’ai apprécié de plus dès leur prise du pouvoir, c’est de mettre tous les Guinéens ensemble, faire en sorte qu’on comprenne que nous avons tous du potentiel et que nous devons mettre cela au service de la nation. Cette première démarche qui a été de rencontrer toutes les composantes de la nation est une première en Guinée.

Nous avons vu la première transition sous l’ère Dadis où on a centré toutes les concertations sous les politiques. Mais cette fois-ci comme le colonel Mamadi Doumbouya disait, qu’on va éviter les erreurs du passé et que la Guinée appartient à tout le monde, plus personne ne doit être exclu dans le processus de développement du pays.  Ça, c’est vraiment un acte patriotisme. Et, il a démontré toutes les composantes de la nation sont venues au palais. Chacun a dit ce qu’il pense et, je crois que le CNRD a tenu en compte et il est en train d’avance. C’est ce qui va nous permettre d’avoir des bases et aider le prochain président de la République qui sera élu à l’issue des élections que nous souhaitons libres, transparentes et équitables d’avoir la tâche facile.

C’est qui se passe aujourd’hui même au niveau de la Fonction publique où beaucoup de personnes qui devraient aller à la retraite passaient donner l’argent pour qu’on puisse rééchelonner leurs périodes de fonction.  Alors qu’il y a d’autres jeunes, des compétences qui n’arrivent à trouver de l’emploi. Toute cette magouille a été démasquée, c’est salutaire.  Quand on est patriote, il faut apprécier ce qui est bon.

Dans le cadre de l’appel à l’unité, le président Mamadi Doumbouya a fait une ouverture pour le retour des deux ex-présidents Sékouba et Dadis. Quelle est votre réaction ?

Je crois que cette volonté de permettre aux  anciens présidents   de rentrer dans le pays, est très importante.  Au sein du CPUG dont Dr Ibrahima Sacko est le président, cette nouvelle démarche a été saluée . Parce que le Général Sékouba Konaté et le Colonel Moussa Dadis Camara sont avant tout des Guinéens. Tout ce qu’on dit aujourd’hui par rapport aux douloureux évènements du 28 septembre, lorsque Dadis qui apparaît aux yeux de beaucoup personnes comme le principal commanditaire de ces massacres, comme c’est lui qui était  le chef de l’Etat et s’il décide de rentrer dans son pays et il l’a toujours exprimé le souhait, je ne vois pas pourquoi, on peut l’empêcher.   S’il vient, il pourra donner afin sa part de vérité.

Au niveau de la désignation des représentants des partis politiques au sein du CNT, le consensus n’a pas été trouvé.  Quelle est votre  appréciation ?

Le CPUG a participé aux rencontres de plusieurs coalitions. Juridiquement, je sais que les coalitions ne tiennent pas. Lorsque vous êtes agrés, vous devez exercer librement vos activités. Nous, le CPUG, nous existons légalement , les documents en font foi. Nous sommes installés pratiquement dans tout le pays.  Je ne vois pas de problème pour que le CPUG soit représenté au CNT.  Mais à ma grande surprise, au sein des coalitions, on nous imposer des critères que le MATD n’a pas dit. Dans le communiqué du Ministère de l’Administration du territoire et de la décentration (MATD), il n’est pas dit qu’il ne peut faire acte de candidature que les partis qui ont participé à des élections.

L’incohérence, c’est quand vous vous retrouvez au niveau des coalitions où on vous soumet des critères ‘’qui doit aller’’.  La, au lieu de désigner les compétences, on fait le copinage. J’ai vu aux d rencontres que j’ai participées à l’hôtel Riviera, on nous a informé que le ministre devrait rencontrer la classe politique. Mais, à mon fort d’étonnement , on nous dit Dr Ousmane Doré du MND (Mouvement national pour le développement) , médiateur. Pensez-vous  qu’on puisse être juge et partie ? Non. La médiation rime avec la neutralité. Lorsque le MND, lui-même cherche au moins à intégrer les 15 places accordées à la classe politique, qu’est ce que le leader de ce parti peut jouer en termes de médiation ? C’est pourquoi nous nous avons récusé cette médiation.

Ensuite, avions adhéré à l’inter-coalition, la Convergence pour la Renaissance de la Démocratie ( CORED-Guinée). Malheureusement, ça été pratiquement la même chose. On a pensé que ceux qu’ont participé aux élections qui doivent avoir tout.  Ils oublient que nous sommes des partis politiques légalement installés.

Face à ces manquements, nous demandons au Ministère de l’Administration du territoire et de la décentration (MATD) d’appliquer le contenu de son communiqué, de regarder les dossiers et de choisir les bons cadres pour aider la Guinée à se doter des textes de lois qui répondront aux aspirations du peuple. C’est l’essentiel.  Si on rentre dans ce jeu de coalitions et inter-coalitions, on ne s’en sortira pas.

A quoi peut-on attendre du CPUG au compte des prochaines échéances électorales ?

Nous sommes une nouvelle classe politique et notre président, Dr Ibrahima Sacko est jeune, il y a la nécessité de rajeunir la classe politique. Cela est très important. Les Guinéens ont besoin d’une nouvelle classe politique qui peut aider le pays à s’en sortir. Oui, faire en sorte que tous Guinéens se retrouvent parce que ce n’est qu’ensemble, on pourra développer notre pays.  Le CPUG veut que les Guinéens se regardent comme des frères et que ça soit la compétence qu’on mette devant.

Votre appel aux populations guinéennes ?

De continuer à apporter son soutien au CNRD qui est en train de poser des actes louables.  Je suis conscient que l’homme n’est pas parfait, alors, pour la réussite de la transition, c’est très important pour chaque Guinéen lorsque la démarche du CNRD fait défaut par endroit, qu’il (le Guinéen) puisse s’exprimer pour que ça marche.

Nous n’oublions pas qu’Il y a eu des Guinéens qui ont été arbitrairement arrêtés et emprisonnés.   Le CNRD est venu rétablir la justice dans le pays. C’est un acte vraiment très fort.  Et ensuite faire en sorte que tous les Guinéens puissent participer à la refondation de l’Etat. Ça montre la volonté du CNRD de n’exclure personne.

Interview réalisée par Mouctar Kalan Diallo &  Richard Tamoné