Les crises socio-politiques au Mali, en République de Guinée et en Côte d’Ivoire, auxquelles sont greffées celles sanitaires et économiques, menacent, dans le court et moyen terme, la démocratie gage de la stabilité dans la sous-région, confrontée aussi à une insécurité grandissante causée par des groupes armés séparatistes et/ou djihadistes.
Selon certaines Organisations de la société civile Ouest africaine, cette situation a démontré toutes les limites sociales de notre Institution sous-régionale, la CEDEAO, qui est pilotée par des Présidents de la République qui cumulent en même temps les fonctions de Chef de l’Exécutif, en s’appuyant sur une « Commission exécutive » dont les membres sont nommés par eux-mêmes, et sur un Parlement consultatif, dont les membres sont issus de l’Assemblée nationale de
chaque pays membre.
Cette structuration de l’Institution sous régionale exclut ainsi, tout contrôle du peuple sur les décisions prises par les Présidents durant tout leurs mandats respectifs. Ce que reflète la situation institutionnelle qui existe dans chacun de ces pays membres, à l’exception du Cap Vert et de la Guinée Bissau, même si ceux ci sont encouragés par ses pairs à renoncer à son régime parlementaire, en
faveur des leurs.
En République de Guinée, Alpha Condé, 82 ans, a fait acte de candidature le 03 septembre 2020, pour briguer un troisième mandat, malgré une forte contestation populaire qui a coûté la vie à des centaines de civils tuées au cours des manifestations citoyennes réprimées par les forces de défense et de sécurité guinéennes. Cette
décision du Président guinéen vient confirmer les soupçons qui ont fait état de sa volonté de briguer un troisième mandat à travers un coup d’Etat constitutionnel qu’il a planifié et perpétré le 22 mars 2020 en violation de la constitution et des principes démocratiques en vigueur en République Guinée.
En agissant ainsi, Alpha Condé n’a pas tenu compte des mouvements de contestations grandissants de sa population qui, dans son écrasante majorité, rejette son projet de troisième mandat à cause des risques
incommensurables que cela fait courir au pays et à la sous-région Ouest-Africaine.
Réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), les Guinéens ont utilisé toutes les voies légales pour combattre ce projet à travers des manifestations et en appelant à la
résistance. A cette phase très critique de la situation en Guinée, marquée par la reprise des manifestions citoyennes du FNDC, contre le troisième mandat ce mardi 29 septembre 2020 à Conakry et la candidature contestée d’Alpha Condé aux élections présidentielles du 18 octobre; la mobilisation de la société civile sous régionale et de tous les démocrates est une nécessité absolue pour préserver la
démocratie, la paix et la stabilité dans ce pays. Car, le maintien d’Alpha Condé au pouvoir au delà de ses deux mandats est une menace potentielle et imminente pour la paix et la stabilité en Guinée et dans la sous région.
Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens Ouest-africains qui sont signataires de la présente déclaration
apportent leur soutien au peuple Guinéen, au FNDC qui est à l’avant-garde de ce mouvement de contestation. Ils exigent la
libération immédiate et sans conditions de tous les activistes illégalement détenus ainsi que la conduite d’enquêtes sur les tueries et violences.
Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens Ouest-Africains rendent un hommage mérité au Peuple de Guinée qui lutte vaillamment depuis plusieurs mois pour l’alternance et le
respect des principes démocratiques et de l’Etat de droit. Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens
Ouest-Africains signataires de la présente déclaration, condamnent énergiquement les graves violations des droits humains en Guinée et exprime sa vive indignation et sa préoccupation face à la multiplication des discours inacceptables de Monsieur Alpha Condé qui attise délibérément la haine ethnique et appelle ouvertement à la guerre dans son propre pays.
Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens Ouest-Africains appellent le Président de la République de Guinée à se soumettre aux exigences de l’Etat de droit dont l’un des piliers est
l’alternance démocratique. Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens Ouest-Africains interpellent: Les Nations Unies de
passer du principe de subsidiarité à l’action directe car ledit principe a montré ses limites dans le cadre de la gestion de la crise en Guinée par la CEDEAO, constituant ainsi un frein à l’implication et à la mobilisation de la communauté Internationale pour éviter le chaos
en République de Guinée.
Le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme à œuvrer pour l’envoi d’une commission d’enquête internationale en République de Guinée pour enquêter sur les graves violations des Droits de l’Homme enregistrées pendant les manifestations du FNDC. Les Organisations de la Société Civile et Mouvements Citoyens Ouest-Africains réaffirment leur disponibilité à accompagner le Peuple de Guinée dans sa légitime lutte pour l’instauration d’une culture démocratique en République de
Guinée. Vive l’Union Africaine des peuples !
Mardi, 29 septembre 2020.
Ont signé :
1- Mouvement Y’en A Marre ( Sénégal)
2- Balai Citoyen (Burkina Fasso)
3- Afrikajom Center
4- Tournons La Page (Niger)
5- Tournons La Page Cote D’Ivoire
6- Rencontre Africaine de Défense des Droits de l’Homme
7- Ligue Sénégalaise de Défense des Droits de l’Homme (Sénégal)
8- Tournons La Page (Guinée)
9- AfricTivistes
10- ONG3D (Sénégal)
11- Africans Ricing
12- Collectif des Organisations de la Société Civile pour les
Elections (COSCE) – Sénégal
13- Front Citoyen Togo DEBOUT
14- FNDC (Guinée)
15- Groupe de Recherche et d’Appui Conseil pour la Démocratie
Participative et la Bonne Gouvernance (GRADEC) – Sénégal
16- Mazine NDIAYE (Sénégal)
17- RADI ( Recherche – Action pour le Développement Intégré) – Sénégal
18- Forum Social Sénégalais
19- Le Centre Pour La Démocratie et le Développement (CDD) – Nigeria.