Dans cette interview qu’El hadj Mansa Moussa Sidibé, PDG du Groupe BCEIP, et Vice-président délégué du patronat a bien voulu nous accorder, nous sommes revenus avec lui sur les actes posés par les autorités actuelles pendant ces premiers mois de transition, mais également l’initiative du chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya de fédérer les acteurs socio-économiques afin de pouvoir accompagner le développement du pays.
Lisez ci-dessous le décryptage :
Billetdujour.com : Nous sommes presque au quatrième mois depuis que le colonel Mamadi Doumbouya est à la tête de la Guinée. Quelle est votre lecture par rapport au cheminement que prenne la transition ?
El hadj Mansa Moussa Sidibé : Merci, ça fait quatre mois que nous sommes sortis du régime passé pour un régime de transition. Je pense que du 5 septembre à aujourd’hui, c’est déjà un parcours important. C’est important pour la qualité de ce qui se fait, des sujets abordés, de la qualité du choix des hommes. N’oubliez pas que nous avions déjà abordé un entretien où je vous ai dit que les qualités des choix effectués pour constituer le Gouvernement a été une excellente qualité.
Vous savez, il est extrêmement difficile de choisir des hommes pour diriger une communauté, un pays. C’est très difficile, parce que vous avez des hommes de toutes qualités, de toute nature, de toute spécialité, de comportements, de compétences, d’ethnies. Et là-dedans, si vous voulez choisir les hommes qu’il vous faut pour faire un redressement, parce que nous sommes dans le contexte d’un redressement, parce que nous avons vécu dans une situation un peu malheureuse. Mais, des jeunes sont venus pour dire non, il faut qu’on redresse cela, qu’on modifie notre système d’administration. Il faut qu’on prenne nos responsabilités pour éviter certaines choses, pour ça, le choix est difficile, mais ils sont en train de réussir. Vous avez suivi, il y a un séminaire Gouvernemental, au cours duquel séminaire les membres ont la responsabilité d’écouter comment ils doivent faire, ce qu’ils doivent faire et pendant combien de temps, ils doivent le faire.
Justement, dans ce redressement national, vous, vous êtes du patronat et le chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumabouya a invité les trois patronats à fusionner. Comment avez-vous trouvé l’initiative ?
Effectivement, dans cette allure de redressement, le chef de l’Etat a estimé que pour assumer de responsabilité correcte, il faut qu’on soit dans une situation de mutuelle compréhension. Et jusque-là, nous étions divisés. Il m’est très important que vous acceptiez que je vous dise que dans un groupe social du développement économique, il y a trois catégories de structures qui doivent être mise en place. Vous avez nécessairement une structure d’Etat, qu’on appelle Chambre consulaire qui relève de l’Etat. L’Etat dit, pour ce qui concerne le commerce, l’industrie, les mines, l’artisanat, l’agriculture, il faut qu’il y ait des Chambres qui s’organisent qui m’aide moi Etat à organiser tous ceux qui font ces activités pour que ça marche bien.
Deuxièmement, il faut que les patrons des entreprises s’entendent et créent des conditions de défense de leurs propres intérêts par rapport non seulement à cette Chambre consulaire qui est une structure d’Etat, mais qui est gérée par ces mêmes patrons.
Troisième élément, ces entreprises qui se créent, utilisent nécessairement les enfants du pays et d’ailleurs. Ces travailleurs ausdi qui sont payés doivent être s’organisés pour défendre leur intérêt, alors l’Etat défend les intérêts de l’Etat pour nous tous, les Chambres consulaires sont là pour l’Etat mais soutenues et dirigées par nous-même, pour nous aider à mettre le développement qu’il faut. C’est-à-dire que les Chambres consulaires sont par définition les établissements publics d’Etat, ayant pour rôle de représenter les acteurs du secteur privé des différents domaines économiques d’exercer pour leur compte, les activités d’appui pour le développement de la nation.
Alors, lorsque nous avons quitté la révolution, on est venu dans l’activité économique libérale, on a créé un seul patronat, le CNP, (Conseil national du patronat), c’était le seul qui existait dans ce pays, ce sont des mésententes entre les parties qui ont fait que certains ont transformé cela en plusieurs patronats. Il est vrai que ceci est conforme aux questions du droit, parce que les conventions de 1959 précisent que les employeurs peuvent créer librement et au choix leurs Organisations, tout comme les travailleurs. Mais ils ont quand même exigé qu’une représentativité soit créée pour qu’on n’ait à faire avec tout le monde. Donc ces derniers temps trois patronats ont existé, on pouvait maintenir un seul. C’est ainsi que le président de la République afin de pouvoir l’aider à développer la Guinée a dit qu’il ne peut écouter Paul et Pierre en même temps, il veut un en notre nom, avec qui, il peut discuter au profit de tout le monde. A cet effet, nous avons dit qu’il a raison. Mais comment on va faire, pour s’entendre ? Il faut savoir qu’il y a déjà trois patronats qui existent, le CNP-Guinée, la CPEG, le PAG, depuis longtemps les trois n’ont pas réussi à s’entendre, puisque les trois n’ont pas réussi, naturellement beaucoup de structures se sont détachées. C’est ainsi que les mines ont dit, nous allons nous organiser, ils ont créé une Chambre des mines, il y a aussi celles des industrielles, des commençants, des comptables, magistrats et ainsi de suite.
Face à cette division qui n’arrange personne, moi j’ai proposé de maintenir la plateforme que nous avons mise en place avec la Banque mondiale. C’est-à-dire que c’est une plateforme de concertation, c’est comme une surface où tous ceux qui sont concernés peuvent se retrouver. Tous, ils se retrouvent là et discutent entièrement et mandatent la faitière qu’on va mettre en place, c’est ce qu’exige le président de la République. C’est cette faitière qui pourrait sortir de l’ensemble des structures patronales ou socioprofessionnelles qui se sont retrouvées. Ils en sortent une faitière qui va traduire au Gouvernement aux autres partenaires et à l’extérieur ce que les entreprises, les employeurs, les dirigeants d’entreprises de Guinée veulent et comment ils le veulent et qu’est-ce qu’ils font pour le gérer. Nécessairement, cette plateforme doit exister et elle doit fonctionner.
Et pourquoi M. Sidibé, elle doit fonctionner ?
Parce que si elle ne fonctionne pas, la faitière ne marche pas correctement et c’est là le problème. Lorsque nous avons créé la plateforme avec la Banque mondiale et la SFI c’était que nous mettions en place quelque chose qui permet de faire fonctionner l’ensemble, en attendant que les patronats s’organisent mieux pour prendre en charge la plateforme, malheureusement, on ne s’est pas compris. Ceux qui étaient là-dans n’ont pas bien fait et les patronats également n’ont pas très bien compris. Comme d’habitude, il n’y avait pas un chef qui demandait à fédérer tout ça et donc c’est parti. Maintenant, l’exigence du chef de l’Etat guinéen, c’est de se retrouver ensemble et la retrouvaille signifie qu’ont créé une surface où tout le monde est là, et c’est tout le monde qui parle, mais qui a la mission de transmission, qui a la mission de représentativité, qui a la délégation de transmission par rapport à l’Etat, aux étrangers, aux autres partenaires, c’est cette faitière que nous mettrons en place par rapport à la plateforme. Et exiger que la plateforme si c’est 6 mois ou chaque année qu’elle se retrouve pour donner des mandats par rapport à l’année. Voilà ce que nous souhaitons et même temps l’Etat peut prendre des décisions. Par exemple, l’Etat peut dire aujourd’hui, je change le SMIG, alors quand il dit, qu’il change le SMIG, c’est ce que l’Etat veut faire, immédiatement cette plateforme doit-être là, pour dire, l’Etat dit qu’il veut changer le SMIG. Oui secteurs industriel, minier, agricole, les formateurs, les artistes, qu’est-ce que vous en pensez ? On en fait une synthèse, c’est cette synthèse que la faitière prend pour aller voir le Gouvernement, pour dire vous vous voulez revoir le SMIG, nous nous sommes retrouvés et nous sommes d’accord avec vous ou nous ne sommes pas d’accord avec vous, ou nous, nous vous proposons ceci. Voilà comment ça doit être fait, c’est ça que le chef de l’Etat veut et c’est comme ça que ça devrait marcher.
Une belle initiative. Mais en dépit de tout, il y a un groupe qui s’est désolidarisé de la fusion des trois patronats ?
Il n’y a pas eu encore la réunion. Ceux qui créent le problème avec les mines, les industries, il y a une incompréhension, eux, ils ont pensé tout de suite que les trois patronats, ce sont érigés en un patronat unique pour prendre les décisions, non.
Les trois patronats n’avaient pas de choix, ce sont eux déjà qui sont là, les trois se sont retrouvés déjà pour fusionner, ça c’est une excellente chose. Et chacun d’eux devrait tirer leçon de cela. Parce que c’est le fait que les trois n’étaient pas ensemble, ils se sont défaits, ils sont partis ailleurs. Il fallait que ces trois comprennent l’idée du chef de l’Etat et qu’ils se mettent ensemble, quand cela est fait, le reste sera facile. C’est pourquoi, le chef de l’Etat à travers son ministre de Commerce et de l’Industrie, il a été très clair. Il a dit vous ne pouvez pas vous unir tout de suite, vous-même pour dire ce que nous voulons mais pour le moment, vous avez la base. Constituez-vous en base et prenez contact avec les autres. Voilà, la vérité, ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, c’est d’abord de demander aux uns et autres entendons-nous. Transmission d’abord de la décision du chef de l’Etat et c’est ce que nous sommes en train de faire. Nous avons pris contact avec les banquiers, les assureurs, le mardi prochain, nous allons prendre également contact avec les industriels ensuite avec les miniers, nous allons aussi réunir les socioprofessionnels, les différents ordres nationaux, quand on aura fini tout ça, on trouve un lieu, où on dira, venez à telle date, pour qu’on mette en place notre faitière.
Entretien réalisé par R. Tamoné et Moubaillo Diallo