Depuis l’aube de l’humanité jusqu’à nos jours, l’une des préoccupations majeures de l’homme a toujours été son alimentation, car elle est essentielle à sa survie. L’histoire nous enseigne que les premiers hommes survivaient grâce à la cueillette, à la chasse et à la pêche. Nos ancêtres ont travaillé non seulement pour vivre, mais aussi pour nous léguer un patrimoine. Aujourd’hui, nous faisons de même pour les générations futures. Le travail, ainsi, est intrinsèquement lié à la vie de l’homme, car travailler est nécessaire pour vivre.
Cependant, toute activité, qu’elle soit physique ou intellectuelle, expose les travailleurs à divers risques, dont les accidents. Cela souligne l’importance capitale de la sécurité sociale, qui a pour but de protéger les travailleurs contre les conséquences économiques et sociales de ces risques.
Avec la transition de la société agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle, la mécanisation a provoqué de nombreux accidents de travail, souvent graves ou mortels. En réponse à ces défis, les autorités allemandes ont instauré le premier système moderne de sécurité sociale, connu sous le nom de système assurantiel ou bismarckien, qui visait à assurer une protection aux travailleurs salariés en cas d’accident du travail.
Depuis cette époque, la sécurité sociale n’a cessé de démontrer son importance. Elle s’est imposée dans la plupart des sociétés et couvre aujourd’hui divers risques, tels que les accidents du travail, les maladies professionnelles, le chômage, la maternité, et l’assurance maladie. Chaque pays, en fonction de ses réalités, a adopté un modèle de sécurité sociale (bismarckien, beveridgien ou mixte) pour garantir à sa population une protection contre les aléas économiques et sociaux liés aux risques sociaux.
En Guinée, c’est en 1959 que la Caisse de Compensation et de Prestations Familiales, devenue la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), a reçu pour mission de gérer les accidents du travail pour les travailleurs du secteur privé et assimilés, soumis à son régime. L’article 63, alinéa 1 du Code de Sécurité Sociale de la République de Guinée stipule : « Est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident survenu à un travailleur par le fait ou à l’occasion du travail, qu’il y ait ou non faute de sa part. »
En 2014, avec la création de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), les fonctionnaires ont également bénéficié d’une protection contre les accidents du travail.
Pour pouvoir prétendre aux prestations offertes par la CNSS ou la CNPS en cas d’accident du travail, le travailleur doit être affilié à l’une de ces institutions. Son employeur doit verser des cotisations mensuelles, à hauteur de 4 % du salaire soumis à cotisation, pour couvrir les risques professionnels.
Les prestations servies en cas d’accident du travail incluent :
– **Les frais médicaux et pharmaceutiques** : Ils couvrent l’hospitalisation, la chirurgie, les prothèses, l’achat de médicaments, la rééducation et les honoraires du médecin.
– **Les indemnités journalières** : Elles sont versées pour compenser partiellement la perte de revenu en cas d’arrêt temporaire de travail.
– **La rente** : Elle est octroyée en cas d’incapacité permanente, totale ou partielle, de travail.
Il est important de noter que le droit de prise en charge en cas d’accident du travail est acquis dès l’affiliation à un régime de sécurité sociale. De plus, il existe une présomption d’imputabilité de l’accident au travail.
Pour encadrer la prévention des risques professionnels en Guinée, l’article 231.2 du Code du Travail impose aux employeurs ayant au moins 25 salariés de mettre en place un Comité Santé et Sécurité au Travail (CSST). Ce comité est chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre des mesures de prévention et de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs.
Cependant, une enquête menée en 2018-2019 par l’Institut National de la Statistique révèle que 95,6 % des travailleurs guinéens sont employés dans le secteur informel. Cela signifie que moins de 5 % des travailleurs sont protégés par un organisme de sécurité sociale.
À la lumière de ces résultats, il est crucial d’établir un régime de sécurité sociale pour le secteur informel, qui permettrait à cette large frange de la population de bénéficier d’une protection en cas d’accident du travail, de maladie professionnelle, de maladie ou pour la retraite. À défaut de couvrir l’ensemble du secteur informel, il est nécessaire d’accorder une attention particulière au secteur du transport (automobile et moto), où les accidents graves sont fréquents. Un régime d’assurance sociale pour les chauffeurs et taxi-motards permettrait non seulement de couvrir leurs frais médicaux, mais aussi de leur garantir des indemnités journalières en cas d’accident.
Il est évident que le chantier de la sécurité sociale en Guinée est vaste. Cependant, compte tenu des bénéfices qu’elle peut apporter aux populations, il est impératif que toutes les conditions politiques et économiques nécessaires soient réunies pour garantir à chaque Guinéen le droit à une sécurité sociale adéquate.
Le chemin vers une couverture sociale universelle pour tous les Guinéens est long, mais avec le temps et la volonté politique de nos dirigeants, nous y parviendrons !
𝗕𝗵𝗼𝘆𝗲 𝗚𝗢𝗨𝗠𝗕𝗔, 𝗦𝗽𝗲́𝗰𝗶𝗮𝗹𝗶𝘀𝘁𝗲 𝗲𝗻 𝗦é𝗰𝘂𝗿𝗶𝘁é 𝗦𝗼𝗰𝗶𝗮𝗹𝗲