Aux dires des acteurs de la Coalition des ONGs de Protection et de promotion des droits de l’enfant, luttant contre la traite, le gouvernement guinéen doit présenter son Rapport à Genève/Suisse le 29 avril 2025 prochain, au petit matin à 7heures et demi. Déjà les Organisations non gouvernementales ont présenté leurs observations lors de la pré-session de l’Examen Périodique Universel 2025. Ce mardi 22 avril 2025, le contenu desdites recommandations ont été rendues publiques aux journalistes par ricochet le grand public, à la maison de la presse, située à la Minière, commune de Dixinn.
« Conakry, avril 2025 – À l’approche du 4ème cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU) de la Guinée, prévu le 29 avril à Genève, les organisations de la société civile guinéenne (OSC) haussent le ton. Dans une déclaration conjointe percutante, elles dressent un bilan critique de la situation des droits humains dans le pays et proposent une série de recommandations urgentes pour sortir d’un cycle d’impunité et de répression.
Malgré quelques avancées saluées – notamment le procès historique du 28 septembre 2009 ou encore l’adoption de lois progressistes sur le contenu local et la protection des victimes – les OSC dénoncent une détérioration globale inquiétante des libertés fondamentales, des conditions carcérales, et des droits sociaux.
Depuis 2021, les libertés publiques en Guinée sont gravement menacées. Les manifestations pacifiques sont systématiquement interdites, et les répressions violentes ont fait au moins 44 morts en moins de deux ans. La liberté de la presse est également attaquée, avec des fermetures de médias, des arrestations arbitraires de journalistes et plusieurs disparitions forcées sans suite judiciaire.
Les OSC recommandent :
La levée de l’interdiction générale de manifester;
Des enquêtes indépendantes sur les violences policières;
Le rétablissement des libertés de la presse et d’expression;
Une loi pour protéger les défenseurs des droits humains;
Un secteur minier opaque et destructeur.
La Guinée, riche en ressources minières, continue d’exploiter ses richesses au détriment des communautés locales. Les OSC dénoncent des expropriations sans compensation juste, l’absence de consultation des populations et une dégradation environnementale alarmante.
Elles réclament :
Des consultations inclusives avant tout projet minier;
Une transparence totale des contrats miniers;
La mise en œuvre du référentiel sur l’indemnisation et la réinstallation des communautés;
Une violence systémique contre les femmes.
Plus de 80% des femmes sont victimes de violences basées sur le genre, et seulement 1% des cas de viols sont rapportés. Mariages précoces, Mitulation génitale féminine et impunité judiciaire rendent la situation dramatique.
Les OSC demandent :
Une loi globale contre les violences faites aux femmes;
Des soins gratuits pour les survivantes;
Un système judiciaire dédié au suivi des Violances basées sur le genre;
Justice, réparation et conditions carcérales déplorables.
Si le procès du 28 septembre marque une avancée, les victimes attendent toujours réparation. Par ailleurs, le système pénitentiaire reste indigne : surpopulation, conditions inhumaines et soins médicaux quasi inexistants.
Recommandations :
La mise en place d’un Fonds d’indemnisation;
Des réformes pour garantir un accès réel à la justice;
L’application des Règles Nelson Mandela dans les prisons;
Une jeunesse oubliée et des services de base défaillants.
Les enfants guinéens continuent de souffrir de l’exploitation, du manque d’infrastructures scolaires, et d’un système de santé déficient, particulièrement en milieu rural.
Solutions proposées:
Scolarisation des enfants en situation d’exploitation;
Construction d’écoles et recrutement d’enseignants qualifiés;
Enregistrement gratuit des naissances;
Une urgence environnementale et sociale ignorée.
Les Organisations de la société civile appellent aussi à une gouvernance plus responsable des ressources naturelles, à la lutte contre la corruption, et à l’adoption de politiques agricoles et climatiques durables.
Un appel à un sursaut politique
« Nous ne voulons pas de promesses sans lendemain. Nous voulons des actions concrètes pour bâtir une Guinée plus juste, plus équitable et plus humaine pour toutes et tous », martèlent les Organisations de la société civile, qui interpellent la communauté internationale sur la nécessité de suivre de près l’évolution de la situation en Guinée.
Ce 4ème cycle de l’EPU doit marquer un tournant. Pour les défenseurs des droits humains, il ne peut plus être question d’un simple exercice diplomatique, mais d’un véritable levier de changement.
Richard Tamoné pour Billetdujour.com