En prélude à l’organisation de la septième édition du Salon international du livre de jeunesse de Conakry, s’est tenu mercredi 8 novembre, le lancement du colloque international sur les défis du bilinguisme dans les livres de jeunesse en Afrique francophone. A l’Institut national de recherche et d’action pédagogique (INRAP) sis à Donka, la cérémonie a été présidée au nom du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation par Morlaye Yattara, Inspecteur général de l’éducation. Ce colloque est une occasion de faire découvrir à la jeunesse les avantages de la lecture et l’importance des langues nationales pour leur développement personnel, et de les aider à accéder aux livres de jeunesse. C’est une soixantaine de participants dont 17 experts venus des pays francophones d’Afrique et d’ailleurs  prennent part à l’événement qui est prévu du 8 au 9 novembre 2023.

 

Introduisant les discours, Malick Bah, le Directeur général de l’Institut national de recherche et d’action pédagogique (INRAP)  est revenu sur la nécessité de produire des supports de lecture de qualité pour les apprenants. « Parmi les critères de qualité pour un apprentissage réussi figure en bonne place la mise à disposition des supports de lecture. Conscient de cette réalité, l’INRAP a produit des fiches pédagogiques d’utilisation des livres de jeunesse pour permettre aux enseignants de pouvoir développer chez les élèves des compétences indispensables que l’on peut  tirer de l’exploitation des livres de jeunesse. Des compétences portant sur le savoir, observer l’image de la couverture d’un livre de jeunesse, le savoir classer les images selon l’ordre des actions développées dans le livre, le savoir inventé un récit par quelques phrases écrites pour chaque image,  le savoir écrire son propre récit, le savoir découvrir le texte, le  savoir indiquer les lieux indiqués dans le texte… Par rapport aux livres de jeunesse des expressions françaises,  les cadres de l’INRAP ont acquis des compétences nécessaires en matière de construction de modules de formation  de formateur et radiation de fiche pédagogique des livres de jeunesse. La première réflexion que nous menons aujourd’hui, c’est comment concevoir, produire et promouvoir des livres de lecture en langues locales ou en version bilingue à l’adresse des jeunes lecteurs débutants », a-t-il précisé.

Notre ministère vient de se doter d’un cadre d’orientation circulaire COC qui nous permettra de réviser l’ensemble des curricula du préscolaire en terminale. Dans ce COC, il est clairement mentionné que les langues ont un rôle primordial à jouer en ce qui concerne l’amélioration des apprentissages dans toutes les disciplines scolaires. Et donc, le perfectionnement du système éducatif guinéen en favorisant un enseignement adapté aux réalités socio-culturelles du pays. Ainsi les manuels scolaires et livres de jeunesse en langue nationale permettront aux apprenants à apprendre mieux la science,  la lecture, et  les traditions de leur pays qu’ils transmettront de génération en génération », a noté Malick Bah.

Pour sa part,  Mohamed Bintou Kéïta, représentant du Comité scientifique à ce colloque, par ailleurs DG de l’IRLA, a dit que son institution est le gardien du patrimoine linguistique guinéen. «  L’institut de recherche que je dirige est un instrument technique de mise en œuvre de la politique linguistique de notre pays et a pour principal mission de contribuer à la promotion des langues guinéennes afin qu’elles deviennent des moyens de développement durable et partagé par toutes les populations guinéennes. L’IRLA est un partenaire privilégié des Éditions Ganndal. Le présent  colloque  se tiendra comme vous le savez du 8 au 9 novembre en marge du salon international du livre des jeunesses de Conakry qui est prévu  du 8 au 11 novembre également. Les invités viennent de partout, de la France,  de l’Afrique et d’ailleurs, notamment  de Madagascar avec une cinquantaine de participants de tous les profits ciblés attendus », a souligné M. Keïta.

Initiateur de ladite rencontre, Aliou Sow, directeur général des éditions Ganndal et président de l’ASSEGUI a, dans son discours rappelé l’importance des langues nationales dans l’éducation socio-éducative des enfants. « Il ne faut pas que les gens continuent de croire que nous devons rejeter nos langues. Nous leur montrons que par contre, il faut que les familles et toute la communauté éducative se mobilisent pour faire la promotion de nos langues. Parce que quand les enfants commencent à apprendre à lire et à écrire dans les langues maternelles, c’est-à-dire les langues dans lesquelles ils s’expriment tous les jours, qu’ils comprennent le plus aisément. C’est ça qui va leur donner une fondation solide pour pouvoir affronter l’enseignement dans les langues européennes, comme le Français dans notre pays. Nous avons pu faire venir comme vous avez vu plusieurs pays africains où les éditeurs qui ont des expériences de bilinguisme dans les livres de jeunesse. Vous avez vu le Madagascar, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Bénin et tant d’autres qui sont dans la salle et qui sont venus donc apporter leur expérience, pour travailler avec nous, les éditeurs guinéens qui produisent des livres de jeunesse bilingue et aussi montrer une autre facette de ce schéma de prise en compte de nos langues pour les élèves non-voyants. Parce que vous verrez dans les livres exposés ici les livres en langue nationale mais sous version braille, que les enfants non-voyants puissent aussi lire comme ceux qui sont voyants, çac’est important », a noté M. Sow.

Au nom du Ministre Guillaume Hawing, l’inspecteur général du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation, Morlaye Yattara a signifié que les objectifs de cette rencontre de haut de niveau qui mobilise les amoureux de la lecture et de l’apprentissage. « Ce colloque international de Conakry est une occasion de faire découvrir à la jeunesse les avantages de la lecture et l’importance des langues nationales, pour leur développement personnel et également de les aider à accéder aux livres de jeunesse. Ces livres de lecture bilingue destinés aux enfants scolarisés ouvriront de nouvelles perspectives d’apprentissage du français et d’ouverture sur le monde, pour atteindre le niveau minimal de compétence en lecture à la fin du primaire. Il a été toujours établi que la valeur d’une nation dépend de la qualité de l’éducation de ces filles et fils. Or sans livre et sans lecture il n’y a point d’éducation de qualité et une sagesse nous enseigne aussi que la lecture est la nourriture de l’esprit. Donc sans une offre adéquate de matériel de lecture attrayant et de qualité, il serait difficile d’inciter les filles et les garçons à la lecture et de leur donner la possibilité de pratiquer la lecture », a-t-il expliqué.

Mouctar Kalan Diallo pour Billetdujour.com