Non, Ismaël Wagué. Le Mali n’est pas l’Ukraine, et vous n’êtes pas Poutine.

Il faut avoir un profond mépris pour l’histoire, la mémoire des peuples et le sens des mots pour oser affirmer, sans rougir, que le combat du Mali serait celui de la dénazification. Cette tentative ridicule de transposition d’un narratif guerrier étranger à notre contexte malien n’est pas seulement une erreur stratégique : c’est une injure à l’intelligence collective.

1. Une imitation sans fondement historique ni moral

La dénazification, dans le sens employé par Vladimir Poutine, est un prétexte géopolitique utilisé pour justifier une agression armée contre un État souverain. Elle renvoie à une instrumentalisation abusive de l’histoire européenne du XXe siècle. Le Mali, lui, n’a jamais été dominé par une idéologie nazie ni par une structure fasciste imposant la supériorité d’une race ou l’anéantissement d’un peuple.

2. Une confusion grave entre ennemis imaginaires et responsabilités réelles

Le danger du Mali ne vient pas d’un ennemi idéologique fantasmé, mais d’un effondrement des institutions, d’une gouvernance par le fait accompli, d’un autoritarisme galopant et d’une rupture continue avec la légalité constitutionnelle. Parler de dénazification, c’est fuir les vrais combats : ceux de la justice, de la démocratie, de la transparence, de la paix durable et de la souveraineté populaire.

3. Une rhétorique d’occupation dissimulée sous un vernis révolutionnaire

Le recours à des concepts importés, martelés pour travestir une mainmise militaire, est une technique bien connue des régimes qui cherchent à se légitimer par la peur et la confusion. En invoquant le lexique de la guerre, M. Wagué tente de créer un climat d’exception permanente, afin de prolonger indéfiniment une transition déjà dévoyée.

4. Une irresponsabilité politique qui confine à la provocation

Comparer des partis politiques, des journalistes ou des activistes maliens à des “nazis” revient à franchir une ligne rouge, celle de la criminalisation de la pensée libre et de la contestation légitime. Cela prépare l’opinion à des répressions violentes, justifiées à l’avance par une terminologie guerrière empruntée sans discernement.

5. Le Mali mérite mieux que la propagande et les caricatures

Ce que le Mali attend, ce n’est pas une guerre de mots calquée sur les obsessions du Kremlin, mais une réforme sincère de son système politique, une armée républicaine au service du droit, une justice indépendante, et un retour à l’ordre constitutionnel. Ce que le Mali combat aujourd’hui, ce n’est pas un nazisme imaginaire, c’est l’arbitraire réel, la pauvreté entretenue, la confiscation des libertés et la peur comme outil de gouvernement.

Conclusion :

Quand l’armée se met à singer les dictatures étrangères en travestissant la vérité malienne, ce n’est pas le peuple qui se radicalise, ce sont les putschistes qui s’égarent.

Et l’Histoire, toujours, finit par les rappeler à l’ordre.

Sur X, Mamadou Israël Konaté