La conférence des évêques de la Côte d’Ivoire en est l’initiatrice. Voici ci-dessous, le compte rendu de nos confrères de Catholikia:
#côtedivoire / Pastorale de la santé
𝐋’É𝐠𝐥𝐢𝐬𝐞 𝐂𝐚𝐭𝐡𝐨𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐬’𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐝𝐢𝐠𝐧𝐢𝐭é 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐥𝐚𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱
Un pas important vient d’être franchi dans la prise en charge des personnes souffrant de maladies mentales errant dans les rues et dans la lutte contre leur stigmatisation. Le lundi 10 février 2025, au siège de la Conférence des Évêques Catholiques de Côte d’Ivoire à Cocody Riviera, la Commission Épiscopale Pastorale Sociale et le service du développement Humain Intégral (CEPaS) a officiellement présenté son engagement en faveur de ces personnes vulnérables.
Face à la presse, l’Église catholique a exprimé sa volonté de mettre les projecteurs sur les conditions des malades psychiques, de lutter contre les préjugés dont ils sont victimes et d’œuvrer à leur réinsertion sociale. Ce projet bénéficie de l’appui technique et institutionnel du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle. Saluant l’initiative, le professeur Koua Médard, directeur coordonnateur du Programme national de santé mentale, a souligné son importance : « L’Église catholique se positionne comme un allié essentiel de la politique sanitaire en Côte d’Ivoire. Cet engagement humanitaire renforce l’action publique en faveur d’une prise en charge multisectorielle des maladies mentales. » a-t-il déclaré.
Bien que la situation ne soit pas alarmante, elle demeure une préoccupation majeure. « Il est urgent de changer notre regard sur ces personnes souvent rejetées. En Côte d’Ivoire, la maladie mentale est encore perçue comme un sort plutôt qu’une maladie. Beaucoup pensent que sa solution est uniquement spirituelle. L’implication de l’Église est donc importante pour briser ces préjugés. » a soutenu le médecin psychiatre. Dans le cadre de la campagne « Zéro malade mental errant dans les rues », le professeur Koua a assuré la mobilisation de tous les experts en la matière et l’intégration des malades mentaux dans les mesures d’accompagnement destinées aux indigents.
Père Arnaud Ameledji : « L’Église refuse le terme de fou »
Portant le message des évêques, le Père Dr Ameledji Arnaud, Secrétaire National Exécutif de la Pastorale de la Santé, a insisté sur l’importance d’apporter aux malades mentaux les soins appropriés pour restaurer leur dignité. « Il est question d’humanité et du regard que nous devons poser sur nos frères et sœurs qui souffrent dans les rues. Cet appel s’inscrit dans une démarche synodale. » a-t-il expliqué. L’Église exhorte donc à « surpasser l’indifférence, car ces personnes sont nos frères et sœurs », a affirmé le Père Ameledji, insistant sur le fait que « L’Église refuse le terme de fou. »
Forte de son expérience d’exorciste, le Père Éric Norbert Abekan, Secrétaire Exécutif National de la Commission Justice, Paix et Environnement a pour sa part, ajouté que « tous les cas ne sont pas similaires. Prier est important, mais il faut d’abord commencer par l’écoute. ». Une approche pastorale essentielle qui rappelle que l’Église est au cœur de la société et s’intéresse à tout ce qui touche l’homme.
Un plan structuré pour une action efficace
Say Daniel, responsable du suivi-évaluation à Caritas Côte d’Ivoire, a présenté une stratégie articulée autour de trois axes : Mobilisation des familles et des acteurs institutionnels, réinsertion socio-économique des malades puis prévention et promotion de la santé mentale.
Ce programme prévoit notamment la formation de bénévoles dans les paroisses pour assurer l’identification des malades et le renforcement des capacités opérationnelles des centres de prise en charge. Loin d’être uniquement curative, cette initiative se veut également préventive. Elle va sensibiliser la société et transformer son regard sur les personnes atteintes de troubles mentaux. La CEPaS et ses trois sous- commissions plaident d’ailleurs pour la subvention des médicaments essentiels à leur prise en charge.
À l’approche du Carême 2025, les chrétiens catholiques sont invités à soutenir cette cause, illustrant ainsi la solidarité et l’engagement de l’Église envers les plus vulnérables.
—Inno B.—
Catholikia