En dépit des multiples efforts consentis dans la lutte contre l’excision en République de Guinée, le mal persiste et plonge plusieurs personnes dans une situation de détresse. Les chiffres parlent : le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées est de : 39 % des enfants et jeunes filles de 0 à 14 ans et 95 % des femmes de 15 à 49 ans. L’autre mal est le viol.C’est pour dire dire presque la totalité de la population féminine est exposée aux violences basées sur le genre en Guinée. Celles qui sont épargnées ne vivent souvent pas dans le pays.

Le dernier cas remonte le 14 août 2022, une fillette de 15 ans du nom de Aminata Dédé
Bangoura , la première fille de Madame Mariama Sidibé qui a été donnée en mariage forcé à l’imam de du quartier El Hadj Oumar Camara quand elle avait 15 ans. N’ayant pas l’âge pour un mariage, Dédé a enduré beaucoup de souffrance, traumatise puis violée par ce dernier avant même le mariage. Le rapport médical en fait foi

Interrogée, Mme Bountouraby Fofana voisine de la famille Bangoura à Ratoma est revenue sur cette triste réalité.« Ce qui s’est passé, nous sommes tous témoins. Nous avons suivi le traumatise de la fille Aminata, mais nous on ne pouvait rien, sinon notre imam devrait avoir peur de Dieu pour prendre cette gamine comme femme. C’est regrettable mais, c’est ça la Guinée. Un pays ou le droit de nos enfants et nous mêmes sont bafoués et pietinés par le soit disant coutume. Je suis abattue et très révoltée.
Aujourd’hui, en Guinée malheureusement, ce sont ces pratiques ancestrales de nos communautés qui restent conservatrices et plus fortes que nos lois.

Le pire, elles sont faites par des tantes et grand-mères sans consentement des parents. Et, cette atteinte grave à l’intégrité de la femme ne peut faire l’objet de poursuite car le droit objectif cohabite avec des règlements communautaires », a-t-elle dénoncé.

Dans ce pays, les jeunes filles ne sont pas à l’abri du viol, ajoute-t-elle.« Ce qui constitue encore un tabou que les familles victimes n’osent denoncer la mutilation génitale féminine ou aborder pour des raisons de « dignité de la famille ». En Guinée, la seule chose qui peut épargner une fille de cette pratique est de vivre en dehors du territoire national.

A noter qu’actuellement en Guinée, la majorité des mutilations sexuelles sont pratiquées par des exciseuses traditionnelles sur des jeunes filles entre 5 et 9 ans. La pratique tend à se médicaliser puisque 35 % des Mutilations sexuelles féminines sont pratiquées par le personnel de santé.
L’excision touche en majorité la communauté musulmane (97 %) et les personnes sans religion (85 %).

Amirou Diallo pour Billetdujour.com