La Guinée devant l’Egypte en battant l’Ethiopie par 2-0
Egypte-Malawi 2-0 ; Guinée-Ethiopie 2-0
Le Syli de Kaba Diawara cherche à convaincre sans rassurer, ou il rassure en angoissant les Guinéens. Contre l’Ethiopie, il a donné l’impression de pouvoir marquer facilement 5 ou 6 buts et d’encaisser autant, et quand on sait que les Guinéens sont tous des professionnels et les Ethiopiens sont tous des locaux, on se retient de jubiler d’être en tête dans cette poule de coqs pas trop en point malgré Sala avec l’Egypte et Naby Kéita avec la Guinée. On se demande si ce n’est pas le groupe le plus faible. Voilà l’aperçu général. Le reste, on n’empêche pas ceux qui se contentent du peu pour se monter le bourrichon.
Maintenant que les choses sont dites, on se demande si Kaba Diawara a son classement définitif ou s’il tâtonne encore à la recherche de son onze-type. Certains ne donneraient pas le numéro 10 à Moriba, qui n’est pas un créateur de jeu au même rang que Morlaye Sylla. Si ce dernier est mis en confiance et à sa place, il a beaucoup de choses à montrer ; Thierno Barry est un virevoltant ailier gauche qui nous rappelle les années 68-70, quand Mamadouba Camara Maxime était lui-même, c’est-à-dire le meilleur ailier gauche du continent. Ces deux joueurs ont montré en 20 minutes ce que d’autres n’ont pas montré en 70 minutes ; François Kamano, le revenant, a pris de l’envergure et de sérénité, il ne manque que la précision pour faire assez souvent mouche. Le capitaine Naby Kéita s’est départit de sa fâcheuse habitude de s’étaler au sol comme Neymar, qui se roulait sur le gazon pour un rien. Un coup de coude avait failli faire reprendre son habitude à Naby, mais il s’est rendu compte qu’un capitaine qui est trop souvent à terre donne mauvais exemple, comme Tony Silva qui pleurait à la moindre émotion, et qui a cessé de pleurer. Naby s’était couché et s’était relevé vite, son coach lui a sauvé la face en le remplaçant. Quant à Issiaga Sylla, c’est le joueur guinéen le plus constant de la décennie, même si dernièrement contre l’Ethiopie il a semblé d’un cran en dessous de lui-même. Quant à Mohamed Bayo, un gars qui a peu de goût pour la discipline et la rigueur de l’internat, n’est-il pas sorti pour aller en boîte ? S’il se consacrait uniquement à son foot, il a des choses que les Guinéens cherchent à leur montrer. On n’a pas eu le temps d’observer la défense et le gardien, les Ethiopiens ne les ayant que rarement mis à l’épreuve, mais ce n’est que partie remise puisque la rencontre du lundi ne sera pas une partie de plaisir, à moins de faire des retouches nécessaires.
Le péché du Syli National a toujours été de fignoler pour la frime devant l’adversaire. C’est ce qui l’a battu à plate couture au début et à la fin de 1976, l’année la plus noire du football guinéen. Perdre la coupe des Nations à Addis Abeba devant le Maroc pour la frime, en Janvier.
 Pathé Diallo racontait qu’après que la Guinée a marqué le but contre le Maroc, l’ambassadeur Seydou Kéita (ambassadeur itinérant de la Guinée en Europe occidentale) est descendu sur la main-courant pour haranguer Petit Sory (capitaine) de densifier la défense. Comme le Syli avait le vent en poupe et dominait le Maroc des pieds et de la tête, Petit Sory avait répondu qu’il y a un but qui flotte. Une balle perdue par Chérif Souleymane (libéro) devant la défense Baba avait fait payer cher et cash à la Guinée à la 85ème minute. Les faits se répètent aussi en football avec Rigobert Song en 2008 devant l’Egyptien Aboutrika.
Ensuite, le second péché est en fin de l’année fatidique de 1976 : Après avoir gagné le Mouloudia d’Alger par 3-0 à Conakry, les Guinéens ont accepté de laisser jouer Ben Cheik malgré deux cartons jaunes qui équivalaient à un rouge. Jusqu’à ce jour-là aucune équipe africaine n’avait encaissé 3 buts du Hafia et les remonter.
Anecdote : On dit que le Canon de Yaoundé et le TP Englebert se sont rencontrés lors d’un de leur déplacement. Le TP Englebert venait à Conakry, il avait gagné 3-2 contre le Hafia à Lubumbashi, à l’aller. Les gars du Canon de Yaoundé les avaient chambrés disant qu’ils allaient à Conakry pour se faire étriller. Englebert était venu à Conakry, mais avait récusé l’arbitre gambien, arguant qu’il n’avait pas le niveau pour arbitrer ce match. Englebert n’a pas joué, mais il y a des explications qui ne sont réservées qu’aux plus de soixante-dix ans, mais on disait que la chanson à résonnance maraboutique de Kandia « Ballon ten » avait quelque chose à y voir.
Forts donc de cette légende d’être un foudre de guerre, le Hafia avait bravé le diable pour autoriser Ben Cheick de jouer. Les 3 buts d’avance furent remontés à la surprise générale. Il restait cependant une mince lueur d’espoir, celle de voir Bernard Sylla faire un ou deux arrêts dans les pénaltys, que dalle !
Le même diable cherche à habiter le Syli. Kaba Diawara le sait et n’est pas totalement rassuré. Les Guinéens se sont baladés aisément en première mi-temps, entrant dans la défense éthiopienne comme dans du beurre, donnant l’impression de jouer facile devant l’adversaire résigné en victime expiatoire, mais ses poulains manquaient cruellement de réalisme. Sur les 5 ou 6 occasions nettes, une seule de concrétisée par François Kamano. A force de manquer de réalisme, les Ethiopiens sont sortis de leur retranchement en deuxième période pour faire jeu égal avec le Syli, ils auraient marqué 2 buts contre les Guinéens que personne n’allait crier au scandale. Une telle opportunité ne lui sera pas donnée contre d’autres équipes, d’où il faut avoir le triomphe modeste.
Moïse Sidibé