En prélude de la célébration de la Journée internationale de la corruption,  ce vendredi 9 décembre , nous vous proposons un extrait  du texte de Harriett BALDWIN (Royaume-Uni) – PROJET DE RAPPORT GÉNÉRAL. Pour cette année, la célébration est placée sous le thème : Unir le monde contre la corruption : la Convention des Nations Unies contre la corruption a 20 ans.
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La corruption fragilise des institutions nationales essentielles pour gouverner les États, met en péril la stabilité nationale et accentue les inégalités dans le monde. Elle opère à la faveur des réseaux terroristes et criminels en permettant d’en financer les opérations et en affaiblissant l’autorité des États auxquels ils s’opposent. Elle tisse également des liens entre élites politiques et groupes criminels organisés − dont certains peuvent être proches de groupes terroristes actifs sur les marchés de la drogue, des armes ou encore de la traite des êtres humains. La corruption affaiblit les sociétés en freinant tout potentiel économique. Il s’agit, presque par définition, d’une allocation biaisée des ressources privées et publiques. Il reste toutefois difficile d’en mesurer le coût. En effet, comment chiffrer des investissements jamais réalisés en raison d’une corruption omniprésente, qui fait augmenter les primes de risques et anéantit tout retour sur investissement ? Qui plus est,la corruption rend la régulation du marché incohérente et fastidieuse pour l’État. Elle en étrangle les finances en rendant quasiment impossible le calcul et la perception équitables d’impôts. Elle récompense insidieusement des personnes qui, bien que dénuées de talent, ont les bonnes relations et pénalise les acteurs de la société plus compétents, productifs et intègres, qui se retrouvent privés d’opportunités en raison de canaux d’influence biaisés par la vénalité. Les systèmes financiers nationaux, inondés par ces revenus illégalement générés, s’en trouvent fragilisés. L’érosion des opportunités économiques devient un phénomène qui s’enracine profondément et fait tache d’huile.
La corruption met également à mal la gouvernance démocratique, l’intégrité électorale et la participation de la société civile à la vie politique. S’il est particulièrement problématique dans les pays peu démocratiques, comme l’Afghanistan, ce fléau menace aussi les démocraties plus fortes. Par exemple, Freedom House classe la corruption, tout comme les mouvements politiques antilibéraux toujours plus puissants, la subversion électorale et la rupture de l’État de droit, parmi les principales causes du recul de la démocratie dans le monde. Dès que la corruption est institutionnalisée, elle devient un moyen, pour les initiés des partis au pouvoir et des élites, de consolider leur mainmise sur l’État et sur le processus électoral lui même. La captation de l’État survient lorsque des élites, détenteurs ou non du pouvoir, disposant des relations adéquates se servent de la corruption pour modeler les politiques et les lois nationales à leur avantage. Cela permet aux personnes corrompues de maintenir leur emprise et de s’enrichir illégalement auprès de l’État, tout en échappant aux conséquences juridiques de ces malversations.
La Russie illustre parfaitement ce phénomène. Ses dirigeants, pour beaucoup issus des milieux du renseignement, se sont appropriés des biens publics et privés, qu’ils ont utilisés pour s’enrichir personnellement, maintenir leur influence sur le pouvoir et promouvoir leurs intérêts personnels à travers le monde. En Russie, la corruption a considérablement entravé l’émergence d’un secteur privé prospère et d’une société civile indépendante et dynamique. Il s’agit aussi d’un problème pour lequel il n’existe pas de solution militaire. En effet, si la guerre est généralement perçue comme un catalyseur de corruption, la corruption, elle, peut servir à la fois d’instrument et de catalyseur de guerre. En un mot, ignorer la corruption fait courir au désastre.
Synthèse de Billetdujour.com