Manifestement, le garde des Seaux Guinéen a du mal à fumer le même calumet que ses pairs de la magistrature. Et pour cause, la suspension du procureur de la République, près du tribunal de première instance de Labé, Israël Kpogomou vient d’alimenter encore la pomme de discorde entre le ministre en charge de la Justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright et l’Association des Magistrats de Guinée.
Un acte que le président de l’Association des Magistrats de Guinée, Mohamed Diawara a déploré: « En principe, le garde des Sceaux devrait attendre qu’il soit auditionné par l’inspection générale et cela il faut préciser que le rapport devait parvenir à l’inspecteur général dans un délai de 72 heures, sauf erreur de ma part (…). Franchement, il est allé vite en besogne et c’est ce qui n’est pas normal. Et puisqu’il est magistrat, dans notre domaine c’est la prudence. Toute prise de décision doit être fondée sur une analyse minutieuse si cela n’est pas fait, l’erreur n’est jamais admissible chez un magistrat. Chez nous, on ne peut pas admettre l’erreur, surtout en pareille circonstance. Parce qu’une suspension infondée à l’égard d’un magistrat est vraiment déplorable pour une institution judiciaire comme la nôtre surtout que ce n’est pas la première fois, vous êtes informés de ma situation »,a-t-il rappelé.
Suspendu lui-même puis révoqué de ses fonctions de procureur du tribunal pour enfants quelques mois plutôt, le magistrat Mohamed Diawara suspecte le garde des Sceaux d’être dans la posture de griller la carrière des meilleurs magistrats du pays. Par conséquent, il pense qu’il faut que celui-ci mette de l’eau dans son vin.
D’après lui, en procédant ainsi, Charles Wright ternit l’image de l’appareil judiciaire et met en cause la profession de magistrats en Guinée.
«Cela ternit foncièrement l’image de l’institution judiciaire, ternit l’image de la transition et de la République. Vouloir aussi mettre un frein à la carrière des bons magistrats de la République, des meilleurs magistrats du pays, ce n’est pas une bonne pratique. La formation d’un citoyen ne doit pas devenir un problème dans son propre pays. Si on passe des nuits blanches pour être à la hauteur, c’est pour servir loyalement notre pays. Si quelqu’un à l’intention de mettre un frein à notre carrière surtout que nous sommes tous des magistrats, il doit être suffisamment outillé »,a prévenu le président de l’AMG.
Selon le juge Diawara, ce n’est pas en infligeant des sanctions arbitraires aux magistrats qu’on mettrait fin à la carrière des meilleurs magistrats du pays.
«Ça ne se fera pas. Il n’est même pas outillé pour cela ; il n’a pas tous ces moyens et on ne va pas se laisser faire. En ce qui concerne notre profession, on va la préserver. Conformément à l’éthique et à la déontologie de notre profession, on sera toujours légaliste comme ça se doit. Surtout que le conseil d’administration de l’association est suffisamment outillé et il se trouve en son sein les meilleurs magistrats du pays. L’exemple en est que je suis le président »,dit-il.
Parlant du professionnalisme d’Israël Kpoghomou, Mohamed Diawara rappelle qu’il est l’un des meilleurs magistrats du pays, méticuleux dans le travail : « je connais sa probité morale (…) Israël Kpoghomou qui a été suspendu est le secrétaire général de l’association des magistrats de Guinée, c’est la deuxième personnalité après moi », rappelle-t-il.
Et d’ajouter enfin : « j’avoue qu’au moment opportun nous réagirons de la plus belle des manières inchallah », a-t-il promis.
Backsone Kasingui pour Billetdujour.com