L’argent et l’argent. Pour le deuil aussi, il a sa place sur la ligne du départ et de l’arrivée. Comme on le dit, le monde moderne de l’argent, c’est la plus brève façon de dire qu’il n’a plus d’âme.
Oui, aujourd’hui, il n’est pas facile d’être pauvre et bien passé le deuil dans la ville de Conakry. C’est du moins qu’on puisse dire ou écrire. La perte de la parente de l’un de nos confrères lui a fait découvrir les coups bas inattendus du deuil.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore eu à être au cœur des préparatifs des funérailles, sachez que chers lecteurs, c’est du vrai et du vrai bizness. Tenez-vous bien, pour le lavage du corps, souvent une équipe d’hommes et de femmes est disponible à tout moment et le protocole de chaque dépouille dépend de la classe sociale du défunt ou défunte.
Chez les musulmans, il faut prévoir au moins 400 000 GNF. Avec cette somme, tout ce qui rentre dans le linceul est pris en compte.
Pour un corps chrétien, c’est un simple lavage et le reste revient aux parents du mort. Ces deniers sont chargés de trouver le cercueil et les habits de leur regretté. Puis la confection du cercueil dont le montant tourne autour d’un à 2 millions voire plus selon l’esthétique que les parents du défunt veulent.
Une fois fini les tracasseries de la morgue , celles du cimetière commencent. Au cimetière de Cameroun dans la commune de Dixinn, pas de problèmes pour trouver également des ouvriers pour creuser la tombe, mais louer leur service reste une autre paire de manche dans cette affaire de passer le deuil.
Là, pour creuser une tombe d’un fidèle chrétien, les ouvriers demandent jusqu’à 600 000 GNF mais les discussions peuvent parfois ramener la somme à 400 000 GNF.
Aux dires des prestataires, la dernière demeure d’un fidèle musulman n’est pas aussi profonde que celle du chrétien. C’est pourquoi, celle du musulman est fixé à 300 000 et plus.
Mais en dépit de cette somme, il n’est pas étonnant de voir les mêmes ouvriers demander quelques francs aux accompagnateurs du corps au moment chaud de l’enterrement, alors qu’ils ont déjà empoché leur dû. Mais avant, assurez-vous d’avoir en poche 50 000 GNF, comme frais pour pouvoir accéder audit cimetière de Cameroun que vous trouverez fermer cadenas à l’appui.
L’autre fait qu’il ne faudrait surtout pas occulter, c’est celui du transport du corps.
Dans l’enceinte de la morgue plusieurs corbillards sont garés. Pour les déplacer, chaque trajet a son coût spécifique, par exemple de la morgue d’Ignace Deen sis au centre-ville pour le cimetière de Cameroun, il faut débourser 1 500 000 GNF. Cependant au niveau des transporteurs en commun, notamment les mini bus autrement appelé en langue locale Magbana , ces derniers oscillent sur le prix entre 300 000 à 500 000 GNF rien que pour cette distance. Que dire de la logistique : les tentes, les chaises en passant par la collation voire le mangé des convives. Ces objets viennent après les autres rituels qui rentrent dans la danse, par exemple le troisième jour de deuil, mais aussi le port des habits de deuil si le défunt avait une vie de couple.
Comme vous constatez sûrement, chers lecteurs au bout du compte, la famille endeuillée se retrouve clouée financièrement au sol.
Tchotcho Smarphi pour Billetdujour.com