La perturbation des services de santé due à la pandémie anéanti des années de lutte contre la tuberculose, dont les décès sont en augmentation pour la première fois en plus de dix ans, alerte l’OMS.
Des jeunes habitants d’un bidonville de Nairobi, au Kenya, se rassemblent autour du corps d’une personne probablement morte de la tuberculose dans une clinique de Médecins sans Frontières, en mai 2020.
Des jeunes habitants d’un bidonville de Nairobi, au Kenya, se rassemblent autour du corps d’une personne probablement morte de la tuberculose dans une clinique de Médecins sans Frontières, en mai 2020.
La lutte contre la tuberculose stoppée par le Covid-19. Le nombre de morts dans le monde dus à cette maladie est en hausse, une première depuis 10 ans. On déplore 1,5 million de morts pour 2020, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis 2017, selon le rapport annuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la tuberculose, rendu public ce jeudi. L’Asie du Sud-Est avec 700 000 morts et l’Afrique avec 540 000 morts sont les continents qui paient le plus lourd tribut à cette maladie provoquée par le bacille tuberculeux, qui touche le plus souvent les poumons.
Ces mauvais chiffres sont une conséquence directe de la pandémie de Covid-19, qui a mis sous tension les services de santé dans le monde et affecté la lutte contre la tuberculose. L’OMS estime qu’environ 4,1 millions de personnes souffrent de tuberculose mais n’ont pas été diagnostiquées ou n’ont pas été officiellement déclarées, un chiffre en forte hausse par rapport aux 2,9 millions de 2019. «Ce rapport confirme nos craintes que la perturbation des services de santé essentiels due à la pandémie pourrait commencer à réduire à néant des années de progrès contre la tuberculose», a souligné le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, dans un communiqué.
La hausse des décès met en péril la stratégie de l’OMS qui a pour objectif de réduire de 90 % les décès dus à la maladie et de 80 % le taux d’incidence de la tuberculose d’ici 2030, par rapport à 2015. Or selon les projections de l’organisation, le nombre de personnes développant la tuberculose et mourant de cette maladie pourrait être encore «beaucoup plus élevé en 2021 et 2022». Outre les confinements qui ont compliqué l’accès des patients aux centres de soins, les impacts négatifs de la pandémie sur les services essentiels de lutte contre la tuberculose sont nombreux, le Covid-19 vampirisant le personnel soignant et les ressources financières et techniques.
Diagnostics et traitements préventifs en baisse.
Cela se ressent sur le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées. Leur nombre a chuté à 5,8 millions en 2020, contre 7,1 millions en 2019, ce qui représente une baisse de 18 % par rapport au niveau de 2012. Les pays qui ont le plus contribué à la réduction mondiale des notifications de tuberculose entre 2019 et 2020 sont l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et la Chine. Ces pays et 12 autres pays ont représenté 93 % de la baisse mondiale totale des notifications. Cela ne veut pas dire qu’il y a moins de malades, simplement que moins d’entre eux ont été détectés.
L’offre de traitements préventifs contre la tuberculose a également souffert : quelque 2,8 millions de personnes y ont eu accès en 2020, soit une réduction de 21 % en un an. Le nombre de personnes soignées pour une tuberculose résistante aux médicaments a, lui aussi, diminué de 15 %, passant de 177 000 en 2019 à 150 000 en 2020, ce qui équivaut à seulement environ 1 personne sur 3 parmi celles qui en ont besoin.
Les dépenses mondiales consacrées aux services de diagnostic, de traitement et de prévention de la tuberculose ont également reculé, passant de 5,8 milliards de dollars à 5,3 milliards, ce qui représente moins de la moitié de l’objectif mondial de financement de la lutte contre la maladie qui est de 13 milliards de dollars par an d’ici 2022.
Source: Libération