L’initiative vient des élèves et intellectuels qui voyent en l’homme une sommité africaine dont la mémoire doit-être utilisée à bon escient. Toute chose, estiment-ils, qui permettrait à coup sûr l’amorce du développement du continent africain, qui reste dans une sempiternelle dépendance.
Selon l’administrateur du Centre de Kouroukanfouga pour la paix et le développement, Djély Karifa Samoura, l’historien Burkinabé, Joseph Ki Zerbo, fut l’un des premiers agrégés africains. « Il est venu dès 1958 avec sa femme et une équipe de 28 personnes pour sauver du naufrage l’enseignement guinéen, avec ses collègues guinéens qu’ils ont trouvé ici : Djibril Tamsir Niane, Abdoulaye Diallo et tant d’autres », a introduit l’élève de Ki zerbo.
C’est aussi, mentionne-t-il, celui-là qui a dirigé l’équipe pluridisciplinaire de haut niveau sur la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique.
Parlant du déroulé de ladite activité, Samoura a indiqué qu’il est prévu des ateliers dans plusieurs centres universitaires du pays, afin de pouvoir partager ce que l’homme a apporté à l’Afrique et surtout à l’école guinéenne.
A la question de savoir qu’est-ce qui les a motivé à entreprendre cette initiative:
« C’est un devoir de mémoire, nous sommes rien sans la mémoire, l’humanité est bâti de mémoires. Nous avons été enseigné par cet africaniste et d’autres, et donc nous avons le devoir de nous souvenir d’eux. C’est une obligation morale, éthique et nous assurerons pleinement ce devoir », a assuré Karifa Samoura.
Sur la même lancée, Dr Ousmane Bangoura pour part de renchérir que le Burkinabé a apporté beaucoup non seulement à la Guinée de Sékou, mais également au continent africain. « Donc pour toutes ces raisons, Ki zerbo mérite d’être célébré… Voilà un homme qui a beaucoup contribué au développement de l’Afrique et qui mériterait d’être cité, comme un exemple d’intellectuels. »
Il a par ailleurs déploré qu’actuellement qu’il manque de réflexions endogènes dans le milieu des intellectuels africains. Pourtant, a précisé Bangoura, qu’avant les indépendances, ce sont les réflexions des intellectuels qui ont permis la prise de conscience des africains, pour réclamer l’indépendance. « Mais depuis quelques années, les intellectuels africains ne réfléchissent plus, et donc pas de réflexions endogènes sur le développement de l’Afrique, de sa situation, mais aussi de sa politique. Ce qui fait que nous sommes devenus dépendants, matériellement mais aussi intellectuellement. Et donc montrer en exemple Ki zerbo, c’est serait pour moi fouetter la réflexion endogène et amené les intellectuels africains à s’impliquer davantage dans la réflexion sur le développement de l’Afrique », a-t-il fait remarquer.
Pour l’ancien ministre, Dr Gilbert Ifono, l’éminence grise africaine a rendu service à la nation guinéenne au moment où, elle en avait vraiment besoin. « Vous avez dû l’apprendre, l’administration française en partant avait dégarni presque toutes les administrations guinéennes, parce que De Gaulle avait dit en quittant la Guinée qu’il ferait ramper Sékou Touré à plat ventre. Donc, il (De Gaulle, ndlr) a retiré tous ses cadres. C’est dans cette veine que beaucoup de cadres de la diaspora africaine de l’Europe, des États-Unis et sur le continent ont pris la décision de venir au secours de la Guinée, parce qu’on l’avait sanctionné pour avoir dit non au projet Gaulliste. Parmi ceux-là qui sont venus soutenir l’action de la Guinée, il y avait Joseph Ki Zerbo, qui doit avoir s’il était en vie 100 ans. Donc c’est un événement majeur, rendre hommage à cet homme, qui a rendu service à la Guinée au moment qu’elle en avait vraiment besoin », a souligné l’historien guinéen.
Comme a dit le poète Hans Christian : « La reconnaissance est la mémoire du coeur. »
Richard TAMONÉ pour Billetdujour.com