A l’occasion de la célébration de la journée internationale tolérance Zéro aux mutilations génitales féminines placée sous le thème :  »Aucune excuse pour l’inaction mondiale : unissons-nous, finançons et agissons pour mettre fin aux mutilations féminines », nous avons pris langue avec Mademoiselle Sitan Camara. Elève en classe de 11ème Sciences mathématiques au lycée Sainte Marie, Sitan Camara est la vice-présidente du « CLUB ELLES ».
Au cours de cet entretien que Mlle Sitan Camara a bien voulu nous accorder, nous sommes revenus sur la pratique de la mutilation génitale féminine en Guinée et la place qu’occupe son ONG, CLUB ELLES dans la lutte. Lisez !
Billetdujour.com : Que peut-on savoir du CLUB ELLES ?
Sitan Camara : Le CLUB ELLES est une ONG qui promeut le développement personnel et social avec pour mission principale : le renforcement des capacités des filles-femmes pour une planète 50/50.
Comment vous définissez la mutilation génitale ?
La mutilation génitale féminine désigne l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes.
Pouvez-vous nous dire les dangers de cette pratique ?
Les mutilations génitales féminines constituent une violation manifeste des droits humains.
Les conséquences sont terribles, car souvent, sans anesthésie et dans des conditions peu hygiéniques, l’excision entraîne des infections chroniques ou même la mort.
En tant qu’activiste qui défend les droits de la petite enfance, à quoi peut-on attendre de vous dans la lutte contre ce phénomène social en Guinée ?
Pendant longtemps l’excision était considérée comme un devoir religieux, mais aujourd’hui les faits sont clairs : aucune religion ne stipule ou n’exige l’excision féminine ou la mutilation génitale féminine. Il s’agit en fait d’une pratique dangereuse pour la santé des femmes, ancrée dans une tradition qui doit être abandonnée.
La mutilation génitale étant un des facteurs qui impacte négativement la vie de la jeune fille, notre ONG s’est inscrite dans la prévention. Nous travaillons avec des chefs de villages, des leaders religieux et des groupes de femmes pour les informer sur les conséquences négatives de ce phénomène.
Avez-vous un message aux parents, autorités du pays et partenaires ?
Je rappelle que notre pays est particulièrement affecté par cette pratique au regard de son ampleur et du caractère endogène. A titre illustratif, et suivant les statistiques de l’enquête démographique et de santé (EDS) de l’année 2018 rapportent une prévalence de 94,5% des MGF chez les filles/ femmes de 15 à 49 ans et 39 % chez les filles de 0 à 14 ans.
Ces données traduisent une légère baisse de la prévalence au regard de l’EDS de 2012 qui a rapporté une prévalence de 96,9% (-2,4%) chez les filles et femmes de 15 à 49 ans et 45,5% (-6,5%) chez les filles de 0 à 14 ans.
En dépit de cette légère baisse de la prévalence soulignée par les autorités guinéennes, notre interlocutrice Sinta soutient que  la mutilation reste une pratique à la peau dure en Guinée. C’est pourquoi, elle a estimé qu’il est plus qu’urgent, mais aussi possible, de mettre fin aux mutilations féminines et d’épargner ainsi d’immenses souffrances aux femmes ! Unissons nos forces, mobilisons des ressources et agissons pour mettre fin aux mutilations génitales féminines d’ici à 2030.
Entretien réalisé par  Moubaillo Diallo pour Billetdujour.com