Le président du Bureau Export de la Musique Africaine (BEMA), actuel secrétaire général du Ministère de la Culture, des Sports et du Patrimoine Historique, Fodéba Isto Kéira, a, au cours de cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder fait un point sur tous les maux qui assaillent la culture guinéenne tout en proposant des solutions. Lisez !
Billetdujour.com : Comment vous définissez la culture?
Fodeba Isto Keira:On définie souvent la culture comme étant l’ensemble des acquis matériels, immateriels et moraux d’une société.ça,c’est des débats d’école. Moi, je définie la culture, à travers la synthèse de toutes ces définitions que j’ai connue comme étant la vie , la culture est égale à la vie. Quand il n’y a pas de vie, il n’ya pas de culture et inversement.Tout ce que vous faites est culturel. Il n’ya pas de chose superieure à la culture.
Qu’est-ce qui pourrait expliquer la dévalorisation actuelle de la culture guinéenne?
FIK:mais c’est un manque de volonté pure et simple. Parce que, quelqu’un qui a vu la Guinée de 1958 à 1984 et celle d’aujourd’hui, se doit d’être honnête et reconnaître qu’il y a une très grande différence. De 1958 à 1984, la culture guinéenne a bénéficié de toutes les attentions avec l’existence d’une politique culturelle nationale forte qui, d’ailleurs, a fait rayonner la Guinée sur le plan national et international. Vous n’êtes pas sans le savoir que jusqu’à l’indépendance, il y a eu un embargo tous azimuts contre ce pays nouvellement indépendant. Il a fallu le Sport et la Culture pour que la Guinée puisse rayonner, voyager et se présenter avec une image positive.
Mais, malheureusement, depuis 1985, avec l’absence d’une politique culturelle nationale, nous faisons une navigation à vue. Il y a un manque d’attention de la part des différents gouvernements qui se sont succédés. Ils accordent plus d’importances, de priorités aux Mines et à l’Agriculture. Ce sont des priorités qui devraient venir après la Culture. Parce que, les mines vont disparaître, finir. D’ailleurs, aujourd’hui, la culture se situe dans ce qu’on appelle l’économie créative. C’est-à-dire, nous créons de l’emploi et nous faisons en sorte qu’à travers les différentes activités, les différentes filières que les caisses de l’Etat soient remplies. C’est pour vous dire que nous sommes aussi sources de revenues quelque part. Il faudrait que les uns et les autres sachent cela, que la culture est la déterminante en dernière instance. La Guinée doit reprendre sa place sur le toit de l’Afrique. Nous avons été le pays qui a ouvert la voie à tous les pays africains à travers les Sory Kandia Kouyaté, Ballets africains, le Bembeya Jazz, Balla et ses Baladins, Kèlètigui et ses Tambrouni, Aboubacar Demba Camara en sont des exemples illustratifs pour dire que tous les autres icônes de la Musique africaine, se sont inspirés de ces grands noms.
Quelle est votre appréciation?
Isto Keira: Je crois que cela n’est pas normal pour un grand pays comme la Guinée. Tout le monde sait que la Guinée s’est imposée sur le toit de l’Afrique à travers sa culture et son sport. De nos jours, toutes les attentions sont portées vers les mines et l’agriculture, mais c’est une erreur de casting. Il faut qu’on sache que ce qu’on peut tirer de la culture est immédiat, alors que les autres investissements peuvent retarder en matière de résultat.
FIK: Le manque d’une grande salle de spectacles en Guinée, n’impacterait pas aussi négativement l’ emergence de cette culture ?
Oui, tout à fait.Je me rappelle lors de mon passage à la tête de ce Ministère sous la transition, je me suis battu pour trouver un terrain sur le plateau de Koloma où on devrait erriger le palais de la culture d’une capacité de 4.000 places. Le dossier existe encore au Ministère de la Culture . Moi, je pense que, ça, c’est un handicap serieux. Et, aujourd’hui , les concerts sont interdits, pas de regroupements, on n’a pas de grande salle.Le palais du peuple n’a que 2.000 places. Actuellement, il y ‘a des artistes qui ne peuvent plus jouer au palais du peuple. Parcequ’ils mobilisent beaucoup plus de personnes. C’est très difficile. D’ailleurs si vous prennez l’exemple sur les drames de Lambangny et Rogbane, c’est simplement dit au fait qu’il n’y a pas d’espace de diffusion des œuvres artistiques litteraires et cultuelles.
Selon vous qu’est qu’il faut pour redonner la Guinée sa place d’antan dans le domaine culturel ?
FIK:Il faut d’abord une volonté politique manifeste du gouvernement par la mise en application ou en œuvre d’une politique culturelle nationale. Une initiative qui devrait être proposée par le Ministère de la Culture et adoptée par l’Assemblée nationale comme loi et promulguée par le Président de la République. Cette politique nationale culturelle promulguée, sera la boussole qui va orienter les hommes de la culture. Il faudrait que le budget du Ministère de la Culture soit un budget conséquent. Il faut aussi qu’il ait le principe des trois P. C’est-à-dire, un Partenaire-Public-Privé, que cela soit au niveau de la culture. En suite, revoir la formation au niveau des journalistes culturels, les animateurs culturels, des artistes eux-mêmes et evidemment les opérations culturelles. Entendez par opérateurs culturels, tous ceux qui font les opérations artistiques et para-artistiques…,mettre des hommes capables au niveau de l’appareil décisionnel, au niveau du Ministère de la culture. L’institut Supérieur des Arts de Guinée doit etre encore valorisé. C’est la-ba qu’on doit former les grands réalisateurs, les grands preneurs de son, les ingénieurs de son en producteurs videos, audios , en technique des arts de la scènes,.. Toutes ces activités doivent etre mises dans une corbeilles qu’on appelle la corbeille culturelle et dans un elan de formation permanente pour tous les acteurs du secteur.Il faut absoluement qu’elle soit comme tous les autres pays. C’est-à-dire les pays respectueux des droits des artistes et qu’en suite, ces derniers que je considères comme étant ceux qui créent après Dieu, soit consideré comme tel. En plus, je pense que sur le plan des recherches , de la valorisation, le tourisme peut faire aussi rentrer des dévises dans les caisses de l’Etat. Quand vous prenez le site de Soussou Bala à Niagassoula, le site Samoryen à Kérouané, le fouta Théocratiqueavec la grande mosquée d’Almamy Boubacar Biro à Timbo, la mosquée d’Elhadj Oumar Tall, les Iles de Kassa, … C’est pour dire que nous avons beaucoup de possiblité mieux que l’Iles de Goré au Sénégal. En plus, il est aussi nécessaire de mettre des hommes capables au niveau de l’appareil décisionnaire de ce Ministère , des gens qui savent de quoi ils parlent, lorsqu’ils parlent évidement des questions culturelles. On ne peut pas comprendre que le Ministère de la Culture n’ait pas les moyens de ses ambitions.En Guinée, beaucoup d’hommes de la culture guinéenne meurent dans la détresse, dans l’oubli et dans l’abandon. Alors que ce n’est pas normal. C’est pour quoi, ce secteur doit etre une priorité du gouvernement actuel.
Quelle analyse faites vous du développement de la nouvelle techonolmogie avec les productions artistiques ?
FIK: Je crois que le développement techonologique,c’est une oportumité. Aujourd’hui, la vente de la musique en ligne a un grand atout pour les artistes. Dés que vous sortez un produit, vous le mettez en ligne et vous faites des annonces à travers une structure mageniale .C’est pourquoi, j’ai dit qu’il faut la formation. C’est la formation qui crée la simbiose entre la créaction et l’évolution numérique. Si votre programme est sur une plateforme numérique, je crois qu’il y’a moins de risques, de perdre, de subir la piratérie.
Vous savez, lorsque vous voyez votre produit que vous avez mis difficillement sur le marché, mulitiplié et vendu à un vil prix, c’est très choquant. C’est pourquoi, en tant que producteur de musiques,je m’implique aussi dans ce combat pour aider nos artistes pour qu’ils puissent vivre decement de leurs productions.
Mobaîlo Diallo