La question de l’alternance démocratique en Afrique est un problème à la fois épineux et actuel qui suscite tant de débats et de controverses surtout dans les pays francophones. Personne ne s’en doutait. Ceux  qui viennent au pouvoir ont un seul objectif, s’éterniser ou faire plus de mandats. Conséquences tripatouillage de la constitution, confiscation des droits, la chasse aux sorcières, musèlement de la presse, … 

Ainsi, pour inverser cette réalité, l’ONG  Tournons la page Guinée en compagnie de la Maison de la démocratie et des droits de l’homme a organisé une campagne citoyenne pour la limitation des mandats présidentiels . C’était autour d’un panel tenu ce  mercredi 22 mars 2023 à Conakry. Les échanges ont porté sur la  problématique de l’alternance et le rôle de la société civile dans la promotion des principes démocratiques en Guinée. Plusieurs acteurs de la société civile ont pris part à cette rencontre. 

Pour le paneliste, Dr Ramadane Diallo, lorsque la constitution est violée, c’est à la société civile et aux partis politiques de se donner les mains pour faire barrage et arrêter les manœuvres de l’exécutif.« L’alternance est le souffle de la démocratie. C’est d’autant le souffle, qu’un seul individu ne peut pas se prévaloir des droits de conduire les destinées d’un État, ou d’être le plus intelligent, patriote par rapport à un pays. L’alternance vise toujours à avoir des nouvelles idées, une nouvelle façon de voir les choses et à avoir des nouvelles réformes, cela donne une bouffée d’oxygène à la démocratie. Les tripatouillages ont  comme cause essentielle, la vulnérabilité de notre système politique, l’impuissance des organisations régionales africaines qui ont du mal à appuyer les acteurs nationaux dans la lutte. Sur le plan interne, il faut noter la faiblesse du contre poids à l’exécutif. La position de la société civile est fondamentale dans toutes démocraties. Et, les partis politiques de l’opposition constituent les  véritables sentinelles de la démocratie. C’est un peu le porte-voix des peuples et ce sont des contres pouvoir verticaux . C’est à eux,  lorsque la constitution est violée, lorsque les droits les plus élémentaires du peuple sont violés, c’est à la société civile de se lever comme un seul homme, aux partis politiques de se lever comme un seul homme pour arrêter l’exécutif, arrêter l’Etat dans ses manœuvres (…) », a fait savoir Dr Ramadane Diallo  enseignant chercheur.

De son côté, le coordinateur de la campagne citoyenne TLP en Guinée a mis  l’accent sur  la responsabilité des citoyens. Il estime que la question doit être posée sur la table.«  La campagne citoyenne qu’on est en train de mener, est panafricaine  et s’effectue dans plus de 10 pays où les antennes de TLP sont implantées. Mais pour le cas précis de la Guinée, comme vous le savez, la limitation des mandats présidentiels  est une disposition consacrée par nos différentes  constitutions. Dans les années 2001 et tout récemment en 2020, on a constaté qu’il y’a eu violation de ces principes avec toutes les conséquences et celà a abouti à un coup d’Etat. Il était important pour nous de contribuer à la mobilisation citoyenne , à l’information pour qu’ils (citoyens, Ndlr) sachent vraiment que c’est aussi de leur responsabilité de participer à la défense de ce principe là. D’où les raisons de cette rencontre qui a réuni des organisations de la société civile, des étudiants et journalistes pour évidemment poser la question sur la table », a soutenu Soumaoro Moussa, coordinateur de la campagne citoyenne TLP en Guinée.
Participant à ce panel, Aboubacar Sidikité Diakité  a soutenu que  le tripatouillage constitutionnel est un défi que les activistes doit relever   à travers la communication, des panélistes. « L’initiative nous a permis d’avoir de nouveau point de vue par rapport à la suite du combat qui peut être le mien. Parce que nul ne peut prédire l’avenir mais ce qui est sûr, la tentation liée au tripatouillage constitutionnel demeure une réalité et un défi que nous activistes de la société civile devront relever… » a indiqué M. Diakité.
Abdoulaye Keita pour Billetdujour.com