Dans cet entretien dont Virginie Touré, Directrice générale du Fonds d’appui aux activités économiques des femmes et des filles du ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables a bien voulu nous accorder. Ainsi, nous sommes revenus sur la politique d’accompagnement de la couche féminine initiée par le département dont-elle relève. 

Billetdujour.com: Vous prenez part à la 3ème édition de l’Entreprenariat féminin. Que pouvez-vous nous confier?

Virginie Touré : Cet évènement, nous concerne à plus d’un titre, parce que ma mission est de permettre à l’autonomisation économique des femmes entrepreneures de Guinée. Leur permettre d’accroître leur revenu et faciliter l’accès au marché et renforcer leur capacité. C’est la raison pour laquelle, vous avez ici derrière moi des femmes entrepreneures que nous avons invitées à participer à cette rencontre, parce que c’est leur évènement.

Justement, pour beaucoup, bon nombre  de femmes ne sont pas accompagnées ou manquent d’informations sur les initiatives que proposent le gouvernement afin de pouvoir s’autonomiser. Qu’en dites-vous?

Au niveau du ministère de la Promotion féminine, le fonds d’appui pour soutenir les activités des femmes a été créé l’année dernière par le chef de l’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya. Cela pour permettre aux entrepreneures d’accéder à  l’autonomisation. Moi, ma direction ne recrute que des femmes entrepreneures ou qui sont déjà en activités ou qui gagnent de l’argent. Je dois les aider à accroître leur rendement. Je ne vais pas accompagner les femmes qui sont à la maison, mais des femmes qui entreprennent. C’est vrai qu’aujourd’hui, on ne peut pas aider tout le monde pour le moment. Dans notre plan opérationnel, nous avons décidé d’accompagner que sur cinq secteurs pour le moment : l’agro-business; l’évènementiel; les nouvelles technologies de l’information et de la communication; le tourisme et l’artisanat; également le commerce. Donc à ce niveau, nous avons une plateforme sur laquelle les femmes s’inscrivent. Pour cela, nous sommes en train de préparer une mission  d’identification à partir du mois de décembre à travers la Guinée, pour aller à la rencontre des femmes entrepreneures, parce que les femmes entrepreneures ce n’est pas seulement Conakry. Nous allons échanger et les enregistrer dans la base des données.

Vous avez dit que les femmes ne sont pas soutenues, elles sont soutenues, mais souvent le constat qu’on a fait, souvent pour les femmes qui sont dans les toutes petites activités génératrices de revenues, c’est qu’elles confondent leur argent avec celui de la popote. Elles subissent beaucoup de pressions familiales, comme vous savez, une mère ne peut pas rester sans donner à manger à son enfant. Dès qu’elle n’a pas d’argent,  si elle a un fonds, elle est obligée de puiser dedans. Nous, de notre côté, qu’est-ce qu’on cherche aujourd’hui, c’est de permettre à ces femmes de ne pas toucher à leurs fonds de commerce. De faire la différence entre leur argent et leur chiffre d’affaire. C’est cette mission que  nous sommes en train de  préparer pour aller à l’assaut des femmes entrepreneures pour leur accompagnement.

Vous parlez d’une plateforme d’où les femmes doivent  s’inscrire, afin de pouvoir bénéficier de l’aide. On imagine que cela est réservée pour les femmes qui sont parties à l’école. Qu’en est-il pour les analphabètes ?

La mission dont je viens de parler va résoudre ce problème. Nous allons partir à la rencontre de ces femmes qui n’ont pas accès à ces informations. Qui ne savent pas comment adhérées. Pour cela, nous sommes en train de travailler avec les inspecteurs généraux des différentes régions du pays de notre ministère, afin d’identifier ces femmes et de pouvoir renforcement leurs capacités. Vous savez le manque de formation reste le gros problème. Par exemple, je prends les femmes qui sont dans l’agro-business ou qui sont dans la transformation. On doit renforcer leur capacité. Aujourd’hui, la Guinée veut compétrir sur le plan sous-régional. Mais dans la plupart des cas, nos produits ne sont pas compétitif, parce qu’ils ne répondent pas aux normes. Donc il y a cet aspect à prendre en compte. Dans ce sens, nous sommes en train de travailler pour la mise aux normes des produits guinéens. Ce n’est pas seulement l’agro-business, il y a aussi le textile. On sort du SITA/Salon international du tourisme et de l’artisanat, où on a permis au monde entier de découvrir nos textiles, qui sont magnifique. Mais l’un des problèmes, le texte guinéen, il déteint. Donc aujourd’hui, il y a ce renfoncement de capacité qui est en train de se mettre en place pour que le textile guinéen ne déteint pas et que nous puissions le revendre partout dans le monde. Pour que désormais, la personne qui le porte ne soit pas inquiet pour dire ça va me tacher. Non. Donc il y a ce renforcement de capacité que nous allons offrir aux femmes guinéennes.

Nous savons que le naturel est le secret de la longevité de l’être humain. Qu’est-ce que vous faites pour qu’il y ait des produits naturels sur le marché ?

Ta question, elle est intéressante, profonde et complexe. Parce qu’elle répond à beaucoup de problématiques en même temps, ça va concerner plusieurs secteurs départementaux. Le ministère de commerce, l’agriculture, la promotion féminine, même l’enseignement professionnel. Aujourd’hui les autorités sont en train de promouvoir  le contenu local. Nous au niveau des femmes de Sonfonia/Ratoma. Celles qui font le maraichage, elles sont en train d’être renforcer pour apprendre à ne pas dépendre des pesticides. Donc aujourd’hui elle apprennent à travail à partir des bosses de vaches, ce qui fait qu’elles ne dépendent pas de l’engrais chimique. Or, l’agriculture guinéenne malheureusement dépend beaucoup de l’engrais chimiques. Tant que les engrais ne débarquent pas du port de Conakry ça ne bouge pas. Vous prenez l’ananas guinéen, il est dépendant de 90% de pesticides. Or, il y a d’autres alternatives pour cultiver avec l’agro-écologie, l’agro-foresterie.  Il y a plusieurs façons de faire pour qu’aujourd’hui nous ne puissions pas dépendre de ces engrais. Tous ces intrants dans la culture fait que les produits que nous cultivons deviennent très chers. Parce qu’il y a le prix de l’engrais. Si on arrive à résoudre ce problème, ça c’est un premier pas. Mais également, si l’Etat mettait une politique de taxation sur tous les produits importés. Cela va propulser les petites et moyennes entreprises. Aujourd’hui dans la transformation des produits locaux, il y a beaucoup de jeunes qui se lancent. Mais ils ne peuvent pas compétir avec des produits qui rentrent par le port et qui sont vendus entre 3000 à 4000 gnf. Pendant que les produits transformés localement sont à 10 000 gnf. On ne peut pas compétir, donc il faudrait qu’il y ait une politique d’accompagnement pour permettre aux PME de pouvoir se développer.

Propos recueilli par Richard TAMONÉ