La messe est célébrée tous les dimanches. Le premier jour de la semaine nous nous remémorons la résurrection du Seigneur, nous fêtons Pâques. Dans les premiers siècles de l’Église, l’habitude de la messe quotidienne a été prise petit à petit.
Pourtant, deux jours par an, on ne célèbre pas l’Eucharistie. Le Vendredi Saint, le Christ meurt sur la croix, c’est un jour de silence, de jeûne. La célébration de la croix est marquée par une longue prière universelle méditative. Toutes les intentions sont reprises : pour le monde, les religions, les responsables… Le Samedi Saint est aussi sans messe et sans aucune célébration.
Nous communions le Vendredi Saint aux réserves du reposoir, là où nous prions au soir du Jeudi Saint. Puis les restes du reposoir disparaissent. Le Christ en sa présence réelle n’est plus dans l’église. Le tombeau est déjà vide. Ceci nous amène au vide absolu, au silence, au dépouillement du Samedi Saint.
Avec les apôtres nous sommes dans l’attente et nous avons l’avantage sur eux de savoir qu’il est avec nous et qu’il a gagné la partie. La nuit est ce moment de solitude, de peur, d’absence de la lumière au milieu de laquelle nous fêtons la résurrection de l’aube. Au cœur de la nuit le feu de Pâques jaillit. L’eau et le feu se réconcilient pour nous faire vivre. L’eau et le feu sont la vie. Notre baptême et le don de l’Esprit Saint nous animent, ils offrent un sens à notre âme, notre cœur et notre esprit. Le feu et l’eau emportent l’histoire, Dieu nous appelle avec l’Agneau.
Ce vide de messe, cette absence du Christ nous met encore plus devant les différents modes de présence du Seigneur. Mais avant sa présence, il y a tous ceux pour qui Jésus n’a aucune présence, tous ceux qui sont dans la nuit de la foi, dans la méconnaissance, l’ignorance ou le rejet. La chance de croire vient éclairer de l’intérieur des possibilités nouvelles. L’attente crée surtout le désir de la rencontre, parfois même l’impatience. Attendre, c’est déjà entrer dans la présence de celui qui va venir.
Il peut nous arriver aussi de voir le dynamisme se fatiguer, l’impatience disparaitre, le vide s’installer pour de bon. Le Vendredi Saint nous appelle toutes les nuits, les nôtres et celles de ceux que nous connaissons pour qui la nuit est devenue familière.
Mais ce temps n’est pas vide, il creuse en nous la joie de retrouver celui qui ne nous quitte jamais. Ce silence ne veut pas dire que le Seigneur ne nous parle pas. Ce vide est appelé à se remplir d’une manière inattendue. Le Seigneur ne vient jamais comme nous l’attendons, comme nous le voulons, il arrive de façon différente, à sa manière. Une chose est sûre : il est avec nous.
La séparation rend les retrouvailles meilleures. La question se pose alors de savoir pourquoi nous voulons et nous aimons communier ? Cette question est importante, car pouvoir dire : j’aime communier parce que cela me rend heureux change notre manière de recevoir le Seigneur.
Bernard Lochet
Vicaire général Diocèse Clermont