Dans le cadre de l’accompagnement de la transition afin qu’elle soit une réussisse, des organisations de la société civile ont mis en place une plateforme dénommée la Dynamique d’Appui Citoyen à la Transition (DACT). L’information a été donnée ce mardi 4 janvier 2022 au cours de la conférence que les initiateurs (Consortium Réseau Convergence des Jeunes et Leaders pour la Paix et la Démocratie,  CoJeLPaiD & ONG, Union pour le Développement et la Coopération (UDEC) ) ont animé à la maison de la presse sise à Kipé / Ratoma.« Présentation du document d’appui de la société civile à la définition du contenu et la durée de la transition »  a été le thème choisi.

 

Selon ces derniers,  les enquêtes de perception et les résultats de l’atelier sur l’évolution et attentes de la transition, il y a cinq (5) axes stratégiques comme chantiers  avec des actions induites.

Ainsi, les cinq (5) axes stratégiques tirés de l’analyse et du traitement des résultats de l’enquête de perception et approfondis par l’atelier sont :

Axe1. La finalisation de la mise en place des organes de la transition :

La réussite de la mise en place et l’opérationnalisation des organes de la transition dans l’esprit de la charte et la volonté affichée par les nouvelles autorités à travers le choix judicieux des hommes et des femmes qui les animent, constitue une étape importante pour le renforcement de la confiance et la crédibilité du processus. Avec les premières actions déjà posées dans ce sens, notamment la nomination des membres du gouvernement, une certaine diligence et l’objectivité dans la finalisation de la mise en place et l’opérationnalisation du CNT constitue un tournant décisif de la transition.

Axe2. La création des conditions favorables à la paix, la citoyenneté et l’Unité Nationale :

Si pour des raisons d’ordre historique, culturel et social, la Guinée n’a pas basculé  dans une situation chaotique, tel que la guerre civile, comme ce fut le cas dans certains pays voisins et au-delà dans le sahel et à travers l’Afrique, il est évident que le peuple a subi de façon récurrente des violences d’Etat et l’instrumentalisation politicienne tout au long de sa quête du bien-être à travers la lutte pour la démocratie.

Il convient de noter que la Guinée est dans une sous-région en proie à des conflits nouveaux et violences d’ordre politique, économique, géopolitique et cultuel qui renforcent ainsi sa vulnérabilité à des risques d’implosion, nécessitant un sursaut national de l’ensemble de ses filles et fils pour la préservation de la paix, de l’unité nationale et le renforcement de  la citoyenneté pour son développement. Pour ce faire, cette transition avec la volonté politique, constitue un moment idéal pour capitaliser les efforts des acteurs de paix et enclencher le processus de réconciliation nationale amorcé depuis 2015 à travers la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale (CPRN).

Axe3. La refondation et la rectification de l’Etat par la promotion de la gouvernance, la dépolitisation de l’administration, le renforcement de la justice/sécurité et la sécurisation des biens de l’Etat :

Depuis la prise du pouvoir par le CNRD le 05 septembre 2021, les mots clés qui retiennent le plus l’attention des guinéens et même les partenaires dans les discours des nouvelles autorités, sont entre autres ‘’Refondation et Rectification de l’Etat’’. Cela pour des raisons diverses et complexes dont l’appréciation varie d’un observateur à un autre, selon son statut ou son niveau de compréhension du contexte guinéen et de la notion de transition.

A cet effet, la conciliation de deux (2) niveaux d’appréciation s’avère nécessaire à savoir :

  1. Le niveau de déliquescence de l’essentiel des secteurs vitaux de la vie nationale ce, malgré les réformes engagées avec d’énormes investissements depuis 2010, dont les impacts se sont peu ressentis sur la vie des populations ;
  2. Les limites d’un régime transitoire en matière de mobilisation des ressources et de temps, compte tenu des risques liés à cette situation d’exception.

En conséquence,  par cet axe stratégique comme chantier de la transition, la société civile sur la base des relevés de conclusion des enquêtes de perception et de l’atelier assortis d’analyses objectives, a essayé de donner un contenu juste et raisonnable à cette dimension de la transition, qui peut se poursuivre dans la continuité de l’administration au retour à l’ordre constitutionnel.

Axe4.  Poursuite de la modernisation de l’état civil & Etablissement d’un fichier électoral fiable :

L’un des points de discorde sur le plan technique entre les acteurs politiques du pays, indépendamment du cadre juridique, ces dernières années dans le cadre de la transparence et la crédibilité du processus électoral en Guinée demeure la question du fichier électoral.

Pour ce faire, la fiabilité du fichier électoral, ainsi que le consensus des acteurs autour de son établissement est un important chantier à réaliser pendant cette transition.

Aussi, faut-il rappeler que la question de l’Etat civil et la maitrise statistique des données démographiques a toujours été un problème réel de gouvernance et de développement dans les pays de la sous-région et en Guinée de façon particulière. A titre d’exemple, le Projet WURI de bio métrisation des populations dans la sous-région avec l’appui de la Banque Mondiale, dont la Guinée semble traîner les pas dans sa mise œuvre, ainsi que le programme sous régional de lutte contre l’apatridie qui s’est fixé 2024 comme fin.  En conséquence, par cet axe, la société civile propose une approche de poursuite des engagements pris par la Guinée et en même temps établir un nouveau fichier électoral fiable avec une approche consensuelle pour l’organisation des échéances électorales prochaines.

Axe 5. Organisation des scrutins pour le parachèvement de la transition :

La finalité d’une transition réussie est la préparation et l’organisation de façon transparente, participative et inclusive des élections qui seront considérées par les parties prenantes comme nécessaires au retour à l’ordre constitutionnel normal. Pour cela, la quasi-totalité des guinéens enquêtés ou consultés reste favorable à l’organisation en tout premier lieu et de façon distincte, d’un referendum pour l’adoption par le peuple d’une nouvelle constitution. Si d’aucuns pensent que l’organisation à la fois des élections locales, législatives et présidentielles sous forme d’élections générales pourrait  réduire les risques de politisation de la vie des populations pendant cette transition, le souci de la capacité technique et l’appropriation par les populations de ce genre d’élection peut se poser.

Ainsi, l’idéal étant d’organiser les élections générales (locales, législatives et présidentielle à la fois), les communales et législatives pourraient être cumulées suivies de la présidentielle dans un bref délai, soit juste après les résultats définitifs des premières.

Parlant de la durée de la transition, les acteurs de la plateforme , en se basant de l’analyse  des  perceptions, des ambitions, des inquiétudes et la compréhension des Guinéens de différentes catégories consultées, la planification stratégique des actions pouvant être les chantiers de la transition, comme indiqué dans la matrice ci-dessus de neuf (09) trimestres dont un (01) dans le post transition, nous conduit à une durée de 24 mois  à compter de la prise du pouvoir par l’armée  (CNRD)  le 05 septembre 2021.

Partant de cette planification qui prend en compte les questions de reformes, de refondation et de renonciation, le referendum peut se tenir entre novembre et décembre 2022, les législatives et communales cumulées en début juin 2023 suivies de la présidentielle en septembre 2023. Par ailleurs, toutes les activités étalées sur le temps en couleur bleue dans la matrice, sont celles qui continuent au-delà de la transition.

Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com