1,4 million de pèlerins musulmans ont entamé, mercredi 4 juin, le pèlerinage du hadj à La Mecque. Ce rassemblement hors-norme, de plus en plus cher et pourtant obligatoire pour les musulmans qui en ont les moyens, se confronte aujourd’hui au changement climatique. Voici cinq chiffres pour comprendre son envergure.
Pour les musulmans, c’est le rendez-vous d’une vie : La Mecque, au huitième jour du douzième mois du calendrier islamique. Le hadj, pèlerinage obligatoire pour tout croyant qui en a les moyens physiques et financiers, vient répondre à une injonction divine, « nous avons fait de la Maison un lieu où l’on revient souvent et un asile pour les hommes. Prenez donc la station d’Abraham comme lieu de prière » (sourate 2, extrait du v. 125), et correspond au cinquième pilier de l’islam.
Alors que les pèlerins entament, mercredi 4 juin, l’édition 2025 du hadj, voici cinq chiffres révélateurs de l’ampleur de cet événement.
1,4 million de participants en 2025
1,4 million de pèlerins sont arrivés en Arabie saoudite début juin. L’an dernier, leur nombre était de 1,8 million, auquel s’ajoutaient près de 400 000 « irréguliers ». Des pèlerins, simplement munis de visas familiaux et touristiques et non inscrits sur la plateforme officielle « Nusuk Hajj », afin de contourner les quotas, ou bien pour éviter le prix conséquent de l’inscription.
Chaque année, les autorités tentent en effet de filtrer les participants pour ne pas surcharger les moyens humains matériels déployés pour assurer la sécurité des pèlerins en cas de forte chaleur. En 2024, 1 300 participants sont décédés à cause de la température. Un grand nombre des victimes se trouvait en dehors de l’organisation officielle, et n’a pas pu bénéficier des infrastructures en place.
Pour ne pas répéter le drame, 270 000 personnes ont déjà été refoulées aux entrées de la Mecque cette année, ont annoncé les autorités saoudiennes dimanche 1er juin.
Un séjour sacré entre 7 000 et 11 000 euros
Plusieurs raisons amènent les pèlerins à contourner l’organisation officielle. L’une, principale, reste le prix, qui varie selon l’agence de voyage et la forfait choisi. En 2025, la participation au hadj coûte entre 7 000 et 11 000 euros, et comprend les transferts entre les différents sites, l’hébergement, les repas et les services d’un guide. Le vol jusqu’en Arabie saoudite n’est pas toujours compris.
Entre 2013 et 2018, une étude de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, montre que ce coût a augmenté de 25 %. Après le Covid, la flambée du prix s’est poursuivie avec l’inflation et la hausse de la TVA en Arabie saoudite, qui a triplé en 2020.
7 000 pèlerins français autorisés en 2024
Afin de garantir aux pèlerins un accès sécurisé, le ministère du hadj saoudien délivre tous les ans des quotas pour chaque pays, en fonction du nombre de musulmans y habitant. L’Indonésie s’est ainsi vu attribuer en 2024 le quota de 241 000 pèlerins, tandis que 7 000 musulmans français pouvaient s’inscrire au hadj.
En Égypte, qui comptait l’an dernier 650 personnes décédées des suites de la canicule, le nombre d’inscriptions officielles s’élève à 78 000 fidèles. La moitié des inscriptions est financée en partie par le gouvernement égyptien afin d’offrir, à une population tirée au sort, la possibilité de réaliser leur hadj à moindre coût.
5 jours de rites, 7 étapes, 4 piliers
Le pèlerinage du hadj s’étend sur 5 jours, au cours desquels les pèlerins passent par 7 étapes. Parmi elles, 4 constituent des « piliers ». Premièrement, l’irham. Les participants, avant de pénétrer dans le lieu saint de La Mecque, procèdent à une sacralisation morale et physique, et expriment leur intention de réaliser le hadj.
Purifiés, les musulmans peuvent ensuite faire le tawâf, c’est-à-dire faire sept fois le tour, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, de la Ka’ba.
Troisième pilier du hadj, les pèlerins poursuivent avec la procession du sa’y, un parcours de 395 m, qui relie plusieurs fois Safâ et Marwâ, deux collines situées à l’intérieur de La Mecque.
Au neuvième jour du douzième mois du calendrier islamique – cette année le 5 juin – les pèlerins accomplissent le waqf. Réunis au pied du mont de la Miséricorde, où Mahomet aurait donné son sermon d’adieu, les musulmans implorent Dieu tout au long de la journée d’Arafat.
Trois étapes complètent ces piliers : la procession vers Mudzalifa, la lapidation de stèles représentant Satan à Minâ, à l’est de la Mecque et enfin, le retour à La Mecque, où l’on réalise à nouveau le tawâf, qui vient clore le pèlerinage. En parallèle de ce circuit, l’Aïd El Kibir, cette année le vendredi 6 juin, requiert d’immoler un ovin, en mémoire du sacrifice d’Abraham.
0,4 degré tous les dix ans
Le soleil de plomb, sous lequel les pèlerins entament cette suite de rituels n’est pas sans rappeler les conditions caniculaires qui ont fait, l’an dernier, plus 1 300 victimes. Bien que la météo ne prévoie pas de tels pics de chaleurs – culminant à 51 °C en 2024 –, les autorités saoudiennes ont pris plusieurs mesures structurelles et conjoncturelles pour s’adapter au changement climatique. Une étude saoudienne a en effet mis en évidence une augmentation de 0,4 °C tous les dix ans sur les lieux saints.
Depuis 2023 déjà, des routes empruntées par les pèlerins ont été recouvertes d’une matière blanche réduisant la température de l’asphalte de 20 %. Cette année, la monarchie du Golfe a également mobilisé plus de 40 agences gouvernementales et 250 000 fonctionnaires pour tenter d’atténuer les risques liés à la chaleur. Des passages couverts, reliant notamment les deux collines, ont été étendus sur près de 50 000 mètres carrés, plus de 400 points d’eau fraîche et des milliers de brumisateurs sont désormais en service, tandis que des milliers de secouristes sont déployés les différents sites du pèlerinage.
Les années à venir devraient être moins rudes, car la date du hadj, qui avance chaque année, se rapproche de l’hiver. Une étude publiée en 2019 dans la revue américaine Geophysical Research Letters, pointe en revanche que le stress thermique des pèlerins dépassera le seuil de « danger extrême » entre 2047 et 2052, puis entre 2079 et 2086.
Via La-croix.com