Ce mercredi 12 décembre 2024, s’est tenu à Conakry un atelier de présentation et de validation du rapport de l’étude d’évaluation de l’impact de l’incendie du dépôt des hydrocarbures de Kaloum. Organisé par l’Institut National de la Statistique et placé sous la présidence du Ministre du Plan et de la Coopération Internationale, cet événement a bénéficié du soutien technique et financier de la Banque Mondiale à travers le Projet d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (PHASAOC) ainsi que du Programme des Nations Unies.

L’objectif global de cet atelier était de valider le rapport de l’étude sur l’impact socioéconomique de l’incendie du dépôt des hydrocarbures de Conakry. Pour rappel, cet incident s’est produit dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, entraînant l’explosion des compartiments des cuves à essence et de lubrifiants de Kaloum. Cette explosion a conduit le gouvernement à prendre des mesures conservatoires et de sécurité, incluant la fermeture des stations-service, des écoles et l’arrêt du travail dans les secteurs public et privé à Kaloum. Ce drame a également causé des pertes en vies humaines et la destruction des installations de la Société Guinéenne des Pétroles (SGP).

L’atelier a réuni 55 cadres participants issus du Système Statistique National et des partenaires techniques et financiers. Il a été animé par l’équipe technique en charge de l’étude, suivie d’une présentation de la Banque Mondiale sur l’évolution de la pauvreté en Guinée. De manière spécifique, cet atelier a permis de partager les résultats, conclusions et recommandations de l’étude avec les membres du gouvernement, les départements techniques, et les partenaires techniques et financiers tels que la Banque Mondiale, le PNUD et le FMI. Il a également facilité des discussions entre le gouvernement et les partenaires sur les principales orientations pour faire face aux conséquences économiques de cet incident.

Dans son discours de bienvenue, le Directeur général de l’Institut national de la statistique (INS), Docteur Makan Doumbouya, a soutenu que le rapport présenté aujourd’hui est le fruit d’un processus consultatif de plusieurs mois auquel ont participé des cadres de l’INS, des départements ministériels, des ONG et des institutions internationales. Il constituera un document de référence mais également d’orientation pour les parties prenantes afin de réduire les risques et les effets des catastrophes liées aux incendies. « Nous sommes au terme d’un processus qui a mobilisé beaucoup de ressources. Nos remerciements vont particulièrement à nos partenaires, notamment la Banque Mondiale à travers le Projet d’Harmonisation et d’Amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre (PHASAOC) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dont le soutien financier et technique a été très précieux », a-t-il formulé.

L’étude d’évaluation de l’impact de l’incendie des hydrocarbures de Kaloum, poursuit Dr Doumbouya, permet de cerner en profondeur l’impact de l’incendie, de tirer des leçons en matière de mécanismes de prévention et de gestion des urgences, et de disposer d’indicateurs pertinents pour la prise de décision par les autorités publiques afin de répondre aux préoccupations des victimes. « Cette étude a ciblé toutes les couches de la population et toutes les branches d’activités de notre économie. Elle a permis d’évaluer l’impact de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures sur les aspects suivants : les pertes en vies humaines et les personnes blessées, les conditions de vie des ménages ainsi que les difficultés d’accès aux services sociaux de base, les recettes et les dépenses publiques ainsi que les investissements publics en lien avec l’incendie, la production et les chiffres d’affaires des entreprises, les infrastructures publiques et privées, la croissance économique, les prix des biens à la consommation et l’emploi et l’environnement. Elle a aussi cherché à savoir comment les différentes branches de l’économie ont été touchées par la catastrophe, en explorant notamment dans les secteurs miniers, financier, du commerce>>, a-t-il expliqué.

Intervenant, le Ministre de l’Économie et des Finances, Mourana Soumah, a remercié son homologue du Plan pour avoir initié une évaluation d’impact de l’incendie qui a eu lieu en fin d’année 2023. « Cette catastrophe a mis les fondamentaux de notre économie à terre. Mais avec les mécanismes de réaction mis en place par les autorités, la réplique amorcée a permis d’atténuer un peu l’impact. Nous avons pu contenir les conséquences en matière sociale et économique. Cependant, sur le plan des finances publiques, il est important de signaler qu’à la fin de l’année 2023, cet incendie a mis l’exécution du budget dans une trajectoire de vulnérabilité. Cela a freiné la mobilisation des recettes attendues pour l’exercice 2023, notamment en fin d’année. Les recettes attendues n’ont pas pu être réalisées. C’est le cas des dividendes attendus de la Société guinéenne de pétrole, une entité contributrice en matière d’encaissement de recettes en termes de dividendes. Cet espoir a aussi volé en éclats. Cette étude montre aujourd’hui une perte de près de 1400 milliards de GNF en recettes. Cela continue d’affecter les perspectives pour 2024. Le président de la République, le colonel Mamadi Doumbouya, avec l’ensemble des membres du gouvernement, a essayé de mettre en place des mesures anticycliques pour contenir les conséquences sociales, économiques et financières. Et sans oublier les partenaires du développement qui ont permis de mitiger l’ensemble de ces conséquences citées plus haut », a déclaré le ministre des Finances.

Pour sa part, Aissatou Ouadrago, économiste à la Banque Mondiale, département Pauvreté et Équité, a souligné qu’il y a eu des mesures prises par la Banque Mondiale pour répondre à cet incident malheureux de Kaloum. « Il y a un montant de 50 millions de dollars attribué aux secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation, la réparation des infrastructures, et un appui opérationnel renforçant la capacité humaine. Au niveau de notre institution, nous avons aussi cette initiative d’intégration des données de téléphonie mobile et des données statistiques. Cela permettra un meilleur suivi de la population pour pouvoir répondre de façon efficace au cas où une situation pareille se produirait. Nous ne le souhaitons pas, mais il est important que l’État soit prêt à avoir une réponse adéquate », aa-t-elle précisé

 

Procédant à l’ouverture, le Ministre du Plan et de la Coopération Internationale, Ismaël Nabé, a rappelé que cette explosion a conduit le Gouvernement à prendre des mesures conservatoires et de sécurité, consistant en la fermeture des stations-service, des écoles et l’arrêt du travail dans les secteurs public et privé à Kaloum. « Au plan économique, plusieurs secteurs d’activités ont été affectés, avec des ampleurs plus ou moins importantes et des conséquences négatives sur les conditions de vie des ménages. En effet, suite à l’incendie, l’approvisionnement en denrées alimentaires a été perturbé. L’accès des ménages, notamment aux services d’électricité, de transport, d’éducation et de santé, a été rendu pénible à cause de la fermeture des marchés et des écoles, et de la baisse drastique consécutive de l’offre de produits sur les marchés. Plusieurs milliers de ménages se sont retrouvés dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë. Des pertes considérables de recettes fiscales ont été enregistrées. Les coûts et les prix à la production ont augmenté. La performance du secteur financier s’est dégradée », a-t-il cité.

Face à cette tragédie, a expliqué le ministre du Plan, le Gouvernement, avec le soutien des partenaires au développement, a décidé de mener la présente étude d’évaluation afin d’apporter des réponses appropriées à la crise à fin de soulager les victimes et d’amortir les effets du choc sur l’économie guinéenne. « L’objectif général de cette étude est d’évaluer les impacts socioéconomiques et environnementaux de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum afin de fournir au Gouvernement et aux partenaires au développement des informations fiables et actualisées pour aider à la prise de décision. Cet appui relève de leur volonté d’accompagner notre pays dans ses efforts de production de données statistiques fiables, pertinentes et actualisées pour appuyer des décisions éclairées.»

Il est à rappeler que, selon l’étude réalisée sur l’impact de l’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, le volet quantitatif a porté sur un échantillon de 2 520 ménages, 300 entreprises, 50 organisations non gouvernementales et institutions. Le volet qualitatif a concerné les associations professionnelles et syndicales. Il ressort des résultats que 2 141 ménages (abritant 11 074 personnes) sont directement impactés dans la commune de Kaloum et les environs. Près de la moitié des membres de ces ménages (47 %) sont constitués de personnes fragiles (personnes âgées, femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans).

Pire, un ménage sur trois aurait vu ses membres passer toute une journée sans manger par manque d’argent ou d’autres ressources. Cette proportion atteint 43 % dans la commune de Kaloum où l’incendie s’est produit. À la date du 2 février 2024, il a été dénombré 25 morts et 454 personnes blessées.

Quatre grandes recomandations formulées :

1. Renforcement des mesures de sécurité et de prévention

2. Création d’un fonds pour risques et catastrophes

3. Soutien aux ménages et aux entreprises affectés

4. Renforcement de la collecte et de l’analyse des données.

Mobaillo Diallo pour Billetdujour.com