C’est un acteur de la société civile qui dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il s’agit du Coordinateur national de Réseau Afrique Jeunesse de Guinée RAJ-GU, Sékou Doré. Au cours de cet entretien qu’il a bien voulu accorder à un de nos reporter, le Coordinateur de RAJ-GU a accepté d’aborder certains sujets qui dominent l’actualité guinéenne. Lisez!
Billetdujour.com : Nous avons vu des images où les deux ex-présidents, Capitaine Moussa Dadis Camara et Général Sékouba Konaté sont en train de se serrer les mains après plusieurs années d’attaques par médias interposés . En tant qu’acteur de la société civile, que représente ce geste pour vous ?
Sékou Doré : Nous estimons que c’est un bon acte qui va évidement dans le cadre de la cohésion entre les Guinéens et, c’est un point de départ vers la réconciliation du peuple de Guinée.
Les présidents Dadis et Sékouba sont deux personnalités qui ont dirigé ce pays. Ils ont tous des gens qui les admirent ou sympathisent. Aujourd’hui, toutes ces personnes qui se regardaient en chiens de faïence vont se regarder en amis, collaborateurs, partenaires sincères.
Cet acte du Colonel Mamadi Doumbouya doit également interpeller les acteurs politiques pour une union sacrée entre eux afin d’aplanir les querelles d’égo. Oui, aller aux élections, compétir pour avoir le pouvoir ne signifier pas se faire des ennemis. C’est aussi pour dire que les discours doivent changer, la collaboration doit exister et chacun doit défendre son programme. Ce sont des éléments qui favorisent l’unité entre les Guinéens. Parce que si les acteurs politiques évoluent sur les valeurs, on parlera peu d’ethnocentrisme en Guinée.
Comme vous le savez, c’est généralement à l’occasion des élections que des tensions sont créées entre les populations. Mais après ces échéances, les communautés vivent en harmonie, partagent leur quotidien.
Le premier ministre, chef du Gouvernement, Mohamed Béavogui a présenté sa feuille de route au président de la République. Quelle est votre lecture ?
Tout le peuple de Guinée attendait ce programme gouvernemental qui va définir l’orientation stratégique du Gouvernement durant la transition. Je pense que c’est un programme qui est très ambitieux.
Mais nous, en tant qu’acteurs de la société civile, nous allons faire une analyse objective et très stratégique du contenu de cette feuille de route et s’en suivra notre proposition qui nous remettrons aux autorités du pays pour que ça soit une transition réussie. C’est le souci de tous les les Guinéens.
Qu’est ce qui devrait être changé au niveau de cette feuille de route ?
Il est annoncé l’organisation de beaucoup d’élections. Mais je pense qu’il serait mieux de procéder à des couplages. Par exemple, associer les législatives à la présidentielle.
Il y’a la question de gouvernance notamment la corruption. Il faut qu’il ait des propositions concrètes pour lutter contre ce mal. Et, je rappelle que la lutte contre la corruption passe par l’indépendance, l’autonomie des fonctionnaires. Ces derniers sont souvent acteurs, auteurs de ‘’détournements’’.
Quelqu’un qui est payé à 2 millions de francs guinéens. Il paye sa location, le transport pour se rendre au service, prend ses enfants en charge, les affaires sociales, … Si on lui propose 50 millions pour faire passer un dossier, il faudra qu’il soit beaucoup plus responsable, conscient pour n’est tombé dedans. Parce que ce montant représente plusieurs années de son salaire. C’est pourquoi, la lutte contre la corruption doit impérativement commencer par l’amélioration des conditions de vie et du travail des fonctionnaires.
Faites-nous le portrait-robot du futur président du CNT ?
La présidence du Conseil national de la transition, CNT est un poste stratégique. Et, l’une des conditions de la réussite de la transition dépend du bon fonctionnement de cet organe. C’est pourquoi, la personne qui doit être à la tête de cet organe doit maitriser l’environnement socio-économique et politique, être téméraire. Il faut que ça soit une personne qui a une bonne probité morale, un bon bagage intellectuel, un niveau de vie économiquement élevé, mure et responsable, capable de prendre des bonnes décisions et évidemment avoir une expérience avérée au niveau de la société civile ?
Entretien réalisé par Mobaillo Diallo