Le Mali va mal. La transition militaire, censée restaurer la souveraineté et réconcilier le pays avec lui-même, s’est transformée en machine à broyer les libertés, à étouffer les voix critiques, à asphyxier l’économie, à diviser les Maliens. Face à cette dérive, un sursaut s’imposait. Le meeting du 9 mai prochain au boulevard de l’Indépendance pourrait en être le déclencheur. Et peut encore l’être. À une condition : que cette mobilisation échappe à la logique de l’entre-soi politique, et parle enfin au nom du peuple.
Il faut reconnaître aux partis politiques le courage d’avoir brisé le silence, après avoir été pendant longtemps marginalisés, diabolisés, tenus à l’écart des affaires publiques. Pendant des mois, certains ont cru pouvoir les enterrer. D’autres les ont abandonnés, accusés de trahison ou d’impuissance. Il est donc compréhensible qu’aujourd’hui, les partis veuillent reprendre la parole, réaffirmer leur existence, montrer qu’ils sont toujours debout et qu’ils refusent l’effacement définitif. C’est légitime. C’est humain. C’est politique.
Mais cette volonté de renaissance ne doit pas se faire au détriment de l’élan collectif. Car la mobilisation du 9 mai ne peut pas être réduite à une opération de réhabilitation politique. Ce n’est ni le moment, ni le lieu. La colère qui gronde dépasse largement le cadre des partis. Elle est sociale, économique, existentielle. Elle vient des profondeurs du pays. Et elle ne supportera pas d’être confisquée.
Le peuple ne sortira pas pour défendre uniquement des sièges ou des sigles. Il sortira pour dénoncer l’injustice, l’insécurité, le chômage, la faim, les arrestations arbitraires, l’exil forcé, la peur et le mépris. Il sortira s’il se reconnaît dans la lutte.
Et aujourd’hui, ce peuple est vaste : étudiants, chômeurs, enseignants, femmes marchandes, artisans sans électricité, orpailleurs expulsés, militants emprisonnés, leaders en exil, intellectuels bâillonnés. C’est avec eux, pour eux, aux côtés d’eux, que cette mobilisation doit se construire. Pas à leur place.
Il ne s’agit pas de nier le rôle des partis. Il s’agit de leur demander un pas de côté. De s’effacer légèrement, symboliquement, pour laisser place à une mobilisation citoyenne, plurielle, transversale. Une mobilisation qui ne soit pas une campagne de rattrapage politique, mais une revendication nationale, populaire, républicaine.
Car la démocratie n’est pas l’affaire exclusive des formations politiques. Elle appartient à tous ceux qui la défendent au quotidien, parfois au prix de leur liberté. Et le 9 mai doit être leur jour. Celui des invisibles. Des oubliés. Des opprimés. Celui du peuple, pas seulement des appareils.
Les partis ont une occasion historique de se réconcilier avec le pays réel. Non pas en se plaçant en tête du cortège, mais en l’accompagnant. S’ils font ce choix de l’humilité stratégique, alors le 9 mai pourra marquer un tournant. Sinon, ce ne sera qu’un rendez-vous manqué de plus.
Vive la démocratie !
Vive la liberté !
Vive le peuple Malien !
Vive le Mali !
À bas la dictature !
À bas l’autoritarisme !
Assimi, dégage !
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