Soupçonné de détournements de fonds, Constant Mutamba, le ministre de la Justice de RDC, a vu l’Assemblée nationale congolaise autoriser l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre.
L’Assemblée nationale congolaise a autorisé, jeudi 29 mai, l’ouverture d’une information judiciaire contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, soupçonné de détournements de près de 20 millions de dollars destinés à l’indemnisation des victimes de la deuxième guerre de RDC.
L’affaire tourne autour d’un projet de construction d’une prison à Kisangani (nord-est) pour un budget de près de 40 millions de dollars. Le ministre de la Justice est soupçonné d’avoir violé les règles d’attribution des marchés publics en confiant les travaux à une entreprise congolaise Zion Construction SARL. Dans ce dossier, Constant Mutamba est aussi soupçonné d’avoir versé à cette société la moitié du montant des travaux, soit environ 20 millions de dollars, sans l’approbation de la Première ministre, Judith Suminwa.
Dans une requête à l’Assemblée nationale, le procureur près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a demandé l’autorisation de l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre. Selon les éléments rassemblés par la Cour de cassation, les montants débloqués proviendraient d’un fonds spécial pour l’indemnisation de victimes de guerre dans l’est de la RDC.
« Erreurs administratives »
Entendu devant une commission spéciale de l’Assemblée nationale, Constant Mutamba, qui est également député national, a « reconnu des erreurs administratives » et présenté des « excuses », selon un rapport de cette commission.
Mais après un débat général retransmis à la télévision publique, la plénière a adopté « la résolution portant autorisation de l’instruction à charge de M. Constant Mutamba ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des sceaux », a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale.
En RDC, le bras de fer entre Constant Mutamba et Firmin Mvonde vire à l’aigre
Selon la loi congolaise, si des preuves s’avèrent suffisantes contre Constant Mutamba, le procureur près la Cour de cassation reviendra alors à l’Assemblée nationale solliciter l’autorisation des poursuites contre le ministre.
Lundi 26 mai, devant des dizaines d’agents réunis dans l’enceinte du ministère, Constant Mutamba avait accusé le procureur Firmin Mvonde de faire partie « d’un groupe de mafieux » qui chercheraient à l’«humilier». Le 11 mai, le cabinet du ministre avait dénoncé dans un communiqué « une campagne de désinformation et de manipulation », évoquant un « détournement imaginaire et fictif ».
Via Jeune Afrique