Malgré quelques progrès, les discriminations de genre subsistent sur le continent africain, notamment dans les sphères économique et familiale, indique une étude mondiale.
Le chemin vers l’égalité de genre est encore long. En Afrique, la Mauritanie et le Cameroun raflent le podium peu reluisant des pays où le niveau de discriminations femmes-hommes est le plus élevé. A l’autre extrémité du classement, la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe tirent leur épingle du jeu.
Dans une étude de mars 2023, l’Organisation européenne de coopération économique (OCDE) a attribué à 180 pays un score de 0 à 100 en fonction de quatre domaines – la famille, l’accès aux ressources, l’intégrité physique et les libertés civiles – afin d’évaluer leur niveau de discrimination. L’Afrique, avec un résultat de 41, présente un niveau de discrimination supérieur à la moyenne mondiale (30).
Disparités entre pays
Si 19 % des femmes africaines vivent dans des pays avec des niveaux de discrimination faibles ou très faibles, une large majorité, 60 %, habite des pays où les discriminations sont élevées voire très élevées. Les disparités entre les pays africains subsistent. L’Afrique du Nord (55) connaît par exemple des niveaux de discrimination plus élevés que l’Afrique australe (32).
« Les données dévoilent la partie immergée de l’iceberg, détaille Bathylle Missika, cheffe de la division Réseaux, partenariats et genre de l’OCDE. On regarde les lois formelles et informelles qui limitent les droits des filles et des femmes ».
Quotas en politique
Dans le champ de la représentation politique, le continent peut apparaître comme le bon élève : il s’agit de la région du monde où, en proportion, le plus de pays ont mis en place des quotas de genre pour garantir la parité aux postes de représentation politique. « 40 pays sur 54 ont adopté une politique de quotas mais l’Afrique compte en moyenne seulement 24 % de femmes dans les parlements. Les textes ne sont pas toujours appliqués », nuance Emile Boyogueno, directeur exécutif de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES-Africa).
Si le Rwanda, dont 61 % des membres du parlement sont des femmes, est « l’arbre qui cache la forêt », le chercheur pointe également « l’autre extrême », le Nigeria, où les femmes parlementaires ne sont que 4 %. « Les progrès paraissent toujours significatifs quand on part de rien », tranche Emile Boyogueno.
Discriminations intrafamiliales
Dans la sphère privée, les discriminations restent particulièrement élevées. Un tiers des femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans . Le taux de mariage précoce des filles dépasse les 60 % au Niger ou en République Centrafricaine. « Il existe une forme de coalition informelle entre les coutumes et les religions dont le produit convergent est une asymétrie de genre devenue quasi naturelle », analyse Emile Boyogueno.
Par ailleurs, 33 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences de la part de leur partenaire intime au cours de leur vie. L’étude relève toutefois que des réformes pour mieux protéger les filles et les femmes contre la violence sont en cours dans plusieurs pays africains.
Source: leschos.fr