Cette publication que nous vous livrons est la suite et fin d’une longue interview que le Vice-Recteur et Directeur général du campus de Sangoyah de l’Université  Ahmadou Dieng a bien voulu nous accorder. Lisez !

Billetdujour.com : Certains observateurs reprocheraient à certains fondateurs d’universités de transformer les habitats pour des salles de classe. Tel est-il le cas à Ahmadou Dieng ?

Ibrahima Seck : La réponse est directe. Je vous ai dit au début qu’on a cinq campus. Nous ne pouvons pas louer cinq maisons pour faire des universités. C’est sur fonds propre et ça appartient à l’université Ahmadou Dieng. Kofi Annan en est l’exemple, l’UNC, Ghandi, toutes les universités. Je peux le dire en haute et intelligible voix, tous les fondateurs, je parle des universités privées, mais particulièrement de celles que moi j’appelle des universités privées. Quand même, il faut se dire la vérité, si les observateurs se permettent de le dire, c’est parce qu’ils ont constaté, mais moi, quand on te parle d’université privée, j’ai ma liste d’universités privées que je peux afficher. Je ne parlerais pas de certaines universités parce que je ne les considère pas comme des universités. Mais tout ce que moi, je
considère, ça appartient au fonds propre des fondateurs et ils s’y investissent.
Pour la petite histoire, il faut que les Guinéens reconnaissent une chose lorsqu’il était question qu’on transforme des dortoirs en des salle de classe, parce qu’il y avait un très grand nombre d’étudiants. C’est en ce moment qu’on a demandé à des opérateurs économiques
d’aider l’Etat, de s’investir dans l’éducation.
Je me souviens, la troisième année, la première autoévaluation, les premiers étaient des universités privées. Je vais me réserver de citer des noms, parce qu’ils se sont réservés de publier les résultats. Nous n’avons jamais reçu de résultats. Moi, je pense même que c’est ce problème qui fait
aujourd’hui qu’on n’oriente pas chez nous.
Partout dans le monde, les universités privées existent, ce sont les meilleures. Vous êtes présents chez nous. Tous nos bâtiments nous appartiennent.
Aujourd’hui, nous recevons le même nombre d’étudiants pour lesquels l’Etat payait. Nous continuons à fonctionner, comme d’habitude. La seule différence, c’est qu’on pouvait faire, deux ans pour des
paiements en retard. Et c’est ce qui a fait que, lors du recensement biométrique,
ils nous ont taxé d’avoir des fictifs. Non, ce n’est pas vrai. Lorsque vous inscrivez un étudiant pour trois ans et que vous ne payez que la première année. Ce même étudiant fini ses études, nous devons l’avoir sur nos listes, lorsque vous retrouvez celui-ci sur les listes parce que nous n’avons été payés, vous ne pouvez pas l’appeler fictif.

Pour beaucoup, il y avait une combine qui tournait entre des cadres du département de l’Education et les fondateurs ?

Non. Il n’y avait pas de combine. Moi, je m’appelle Ibrahima Seck, je me suis inscrit à l’université Ahmadou Dieng au compte de l’Etat, je fais la première, deuxième, troisième année, l’Etat ne paie que ma
première année, vous voulez que le fondateur aille extrait mon nom sans qu’il n’ait son argent. Non. En revoyant le nom, on dit qu’on a gonflé, pendant que l’Etat n’assume pas. C’est ce qui est vrai.

Pour vous, arrêtez ce partenariat, c’est une bonne chose ?

De toutes les façons, ce qui est clair, moi, je pense que le partenariat public-privé, personne ne peut être contre ça dans un
pays. J’apprécie que l’Etat dans les règles de l’art, oriente les étudiants dans les universités privées en respectant les contrats. Je me sens moins fatiguer avec l’ancien temps lorsque les étudiants
viennent s’inscrire d’eux-mêmes dans nos universités, nous recevons l’argent d’eux-mêmes et nous utilisons. Avant quand l’Etat orientait, on souffrait pour recevoir de l’argent.

Pour finir, si l’on vous demandait de quoi êtes-vous fiers. Qu’allez-vous nous confier ?

Je suis fier d’avoir formé aujourd’hui au moins 12 000 enfants guinéens qui sont en train de travailler. Je suis fier, d’avoir apporté mon expérience à construire un édifice qu’on appelle l’humain. Parce qu’un pays ce sont des ressources humaines. Je suis très fier que quand je passe partout, qu’on me remercie d’avoir pris mon temps,
ces 20 dernières années à former. Parce qu’on ne peut pas me payer, il n’y a pas un prie pour un encadreur. Nous tous, nous venons d’un encadreur, on ne peut jamais les payer. Donc ma fierté, c’est d’avoir grandi l’édifice des ressources humaines en Guinée.

Interview réalisée par R. TAMONE et Mouctar DIALLO